Déclaration
du Secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, devant
le Conseil de sécurité des Nations unies
New York, Conseil de Sécurité, ONU, 14 février
2003.
Je tiens à
exprimer ma reconnaissance à MM. Blix et El-Baradei pour
leur présentation de ce matin. Ils ont entrepris une tâche
difficile lorsqu'ils sont retournés en Irak cet automne en
vue de vérifier le désarmement de ce pays comme l'exige
la résolution 1441. J'ai écouté très
attentivement tout ce qu'ils ont dit ce matin, et j'ai été
heureux d'apprendre qu'il y avait eu des améliorations en
ce qui concerne le processus d'inspection. J'ai été
aussi heureux d'être informé des améliorations
relatives au fait que le nombre des accompagnateurs irakiens n'était
plus de cinq par inspecteur.
Toutefois,
je pense que les inspecteurs sont encore accompagnés, qu'ils
sont encore surveillés, qu'ils sont encore mis sur écoute
et qu'ils n'ont toujours la liberté d'accès à
tous les lieux en Irak qui leur sont nécessaires pour bien
accomplir leur tâche.
J'ai été
aussi heureux d'apprendre que quelques personnes avaient accepté
d'être interwievées, mais non toutes celles qui devraient
le faire, et sans qu'on ait la liberté de les interviewer
d'une manière qui garantisse leur sécurité
et celle des membres de leur famille, comme l'exige la résolution
1441.
Je suis heureux
que l'accès ait été relativement bon. Toutefois,
tout cela a trait à la forme, mais non au fond.
(...)
Je félicite
les inspecteurs. Je les remercie pour ce qu'ils font. Néanmoins,
il me faut revenir sur la question que les inspecteurs ont soulevée
à de multiples reprises, notamment ici-même ce matin
et depuis plus de onze ans, à savoir ce dont on a besoin,
ce n'est pas un plus grand nombre d'inspections, ce dont a besoin,
ce n'est pas un accès plus immédiat, mais une coopération
immédiate, active, inconditionnelle et intégrale de
la part de l'Irak. Ce dont a besoin, c'est que l'Irak désarme.
La résolution
1441 n'a pas pour objet les inspections, je dis bien que la résolution
1441 n'a pas pour objet les inspections. Elle a pour objet le désarment
de l'Irak.
(...)
Cela fait maintenant
plusieurs mois que l'Irak a soumis sa déclaration. Je n'ai
rien entendu qui laisse penser qu'il ait comblé les lacunes
de cette déclaration ou qu'il ait apporté de nouvelles
preuves susceptibles de nous donner une assurance quelconque sur
le fait que l'on a maintenant une déclaration complète
et exacte.
Vous vous souvenez
que nous avons inclus dans la résolution l'exigence relative
à la soumission d'une déclaration pour savoir si l'Irak
considérait cette question avec sérieux. Est-ce que
c'est le cas ? Ce pays va-t-il désarmer ? Va-t-il s'acquitter
de ses obligations ? Va-t-il coopérer ?
La réponse
tirée de cette déclaration a été : «
Non. Nous allons voir comment nous pouvons nous en tirer. Nous pouvons
voir ce qu'il est possible de faire sans que vous vous en rendiez
compte ; tout le monde applaudira en disant : n'est-ce pas merveilleux
? » L'Irak a fourni une déclaration, qui n'a aucune
utilité particulière.
(...)
Nous ne pouvons
pas attendre que l'une de ces armes terribles fasse son apparition
dans l'une de nos villes et nous poser des questions sur son origine
après qu'Al-Qaïda ou quelqu'un d'autre l'aura fait exploser.
C'est maintenant le moment d'aller à la source de ce genre
d'armes.
C'est là
l'objet de la résolution 1441.
Et à
ce jour, nous n'avons pas vu le niveau de coopération auquel
nous nous attendions et que nous espérions. Personne n'a
travaillé plus dur que les États-Unis. Et je vous
affirme que personne n'a travaillé plus dur, si je puis me
le permettre humblement, que moi, pour essayer de produire une résolution
qui montrerait la détermination de la communauté internationale
aux dirigeants irakiens, de manière à ce qu'ils remplissent
leurs obligations et obtempèrent. Cela, ils ne l'ont pas
fait.
Nonobstant
toutes les discussions que nous avons entendues ce matin pour que
nous donnions aux inspecteurs plus de temps, que nous ayons plus
de survols d'avions, que nous ajoutions des inspecteurs au processus,
le fait est que M. Blix a noté, au début de cette
semaine, que ce n'était pas davantage d'inspecteurs qu'il
fallait. Ce qu'il fallait, c'était ce qui faisait défaut
depuis 1991, comme l'ont dit MM. Blix et El-Baradei : une coopération
et une exécution immédiate, active et inconditionnelle.
(...)
Les questions
demeurent entières, et certains de mes collègues en
ont parlé. Nous n'avons pas d'informations sur ce qu'il est
advenu du bacille du charbon, de la toxine botulique, du VX, des
agents biologiques, des bouillons de culture, des 30.000 munitions
chimiques et biologiques.
(...)
Ainsi, je vous
l'affirme, en dépit des améliorations que nous avons
notées dans le processus et dont je me félicite -
et je remercie les inspecteurs de tout leur travail - ces améliorations
de forme ne nous rapprochent pas de la solution du problème
central qui demeure. Et ni davantage d'inspections, ni le prolongement
de la période d'inspections ne régleront le problème
central auquel nous devons faire face. Et ce problème central
est que l'Irak ne s'est pas plié à la résolution
1441.
La menace de
la force doit demeurer. La force doit toujours être un dernier
recours. C'est une chose que j'ai prêchée pendant la
majeure partie de ma carrière de soldat et de diplomate.
Mais ce doit être un recours possible.
Nous ne pouvons
permettre que ce processus se prolonge indéfiniment, comme
s'y efforce actuellement l'Irak. « Prolongeons-le suffisamment
pour que le monde finisse par tourner la tête ailleurs, pour
que le Conseil de sécurité passe à autre chose,
nous nous en tirerons une fois de plus. » Mes amis, nous ne
saurions leur permettre de se tirer d'affaire une fois de plus.
Nous nous trouvons
actuellement dans une situation où le refus de coopérer
de l'Irak exige, dans les termes les plus clairs me semble-t-il,
que le Conseil réfléchisse aux conséquences
qu'entraînerait l'abandon de ce problème, et au fait
qu'il nous faut faire face à ce problème, dans de
très brefs délais, aussi déplaisant que cela
puisse paraître - car il en est beaucoup d'entre vous qui
préféreraient éviter d'y faire face, alors
que c'est un impératif absolu - et qu'il faut se demander
s'il n'est pas temps de considérer les sérieuses conséquences
prévues par la résolution 1441.
La raison pour
laquelle nous ne pouvons détourner les yeux est qu'il s'agit
d'armes terribles. Nous parlons d'armes qui tueront non pas quelques
individus, non pas une centaine ou même un millier de personnes,
mais des dizaines de milliers de gens si elles tombent entre de
mauvaises mains.
Et la sécurité
de la région, les espoirs du peuple irakien lui-même
et notre sécurité à nous dépendent des
responsabilités que nous aurons prises, notamment en vue
d'invoquer, si besoin est, les graves conséquences auxquelles
fait allusion la résolution 1441.
Dans cette
résolution il est question de désarmement et de coopération,
et non pas simplement d'un processus d'inspections qui dure éternellement
sans que l'on résolve jamais le problème fondamental.
Je vous remercie.
Source: site
du Département d'Etat des Etats-Unis.
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