Discours
du Président américain G. W. Bush sur l'état
de l'Union
Extraits concernant la politique étrangère
Washington, 28 janvier 2003.
.../...
(Début
du texte)
Le courage
et la compassion, qui nous guident aux États-Unis, déterminent
aussi notre conduite à l'étranger. Le drapeau américain
représente plus que notre puissance et nos intérêts.
Nos pères fondateurs ont consacré notre pays à
la cause de la dignité humaine, des droits de toute personne
et des possibilités de toute vie. Cette conviction nous pousse,
dans le monde, à aider les affligés, à défendre
la paix et à déjouer les desseins des êtres
malfaisants. En Afghanistan, nous avons contribué à
libérer un peuple opprimé et nous continuerons de
l'aider à rendre sûr son pays, à reconstruire
sa société et à instruire tous ses enfants,
garçons et filles. Au Proche-Orient, nous continuerons de
chercher à encourager la paix entre un Israël en sécurité
et une Palestine démocratique. Dans le monde entier, les
États-Unis nourrissent ceux qui ont faim ; plus de 60 % de
l'aide alimentaire internationale constitue un don de la population
des États-Unis.
Alors que notre
pays déploie des troupes et crée des alliances pour
rendre notre monde plus sûr, il nous faut aussi ne pas oublier
notre vocation, en tant que pays béni, à rendre le
monde meilleur. À l'heure actuelle, dans le continent africain,
près de 30 millions de personnes sont porteuses du virus
du sida, notamment 3 millions d'enfants âgés de moins
de 15 ans. Dans certains pays d'Afrique, plus d'un tiers de tous
les habitants sont séropositifs. Plus de 4 millions ont besoin
immédiatement d'un traitement thérapeutique, alors
que seulement 50.000 victimes du sida, je dis bien 50.000, reçoivent
les médicaments dont elles ont besoin.
De nombreuses
personnes ne cherchent pas à se faire soigner parce que le
diagnostic du sida est considéré comme une condamnation
à mort. Presque tous ceux qui souhaitent obtenir des soins
se font renvoyer chez eux. Un médecin dans une zone rurale
d'Afrique du Sud a décrit ses sentiments de frustration en
disant: «Nous n'avons pas de médicaments (...) De nombreux
dispensaires disent aux gens : «Vous êtes atteint du
sida. Nous ne pouvons pas vous aider. Rentrez chez vous pour mourir.»
À une
époque où de nombreux médicaments ont des effets
miraculeux, personne ne devrait avoir à entendre ces paroles.
Il est possible de prévenir le sida. Les médicaments
antirétroviraux peuvent prolonger la vie pendant de nombreuses
années. En outre, le prix de ces médicaments a considérablement
diminué pour passer de 12.000 dollars par an à moins
de 300 dollars par an, ce qui met à notre portée une
possibilité immense.
Mesdames et
Messieurs,
L'histoire
a rarement offert une occasion plus importante de faire autant pour
tant de gens. Nous nous sommes attaqués au VIH et au sida
dans notre pays, et nous continuerons de le faire. Et pour faire
face de façon urgente à la grave crise qui sévit
à l'étranger, je propose ce soir un plan d'urgence
pour les secours aux victimes du sida, un plan de secours qui va
bien au-delà de tous les efforts internationaux actuels destinés
à aider les Africains. Ce plan global permettra de prévenir
7 millions de nouveaux cas de sida, de soigner au moins 2 millions
de personnes à l'aide de médicaments qui prolongent
la vie et de fournir des soins à des millions de personnes
atteintes du sida et de s'occuper des orphelins du sida. Je demande
au Congrès d'affecter 15 milliards de dollars répartis
sur les 5 prochaines années, dont près de 10 milliards
de dollars de nouveaux crédits, à la lutte contre
le sida dans les pays d'Afrique et des Caraïbes qui sont les
plus touchés.
Notre pays
peut guider le monde en sauvant des innocents d'un fléau
de la nature. Notre pays guide également le monde en s'attaquant
au fléau du terrorisme international et en y mettant fin.
Il y a des
jours où le peuple américain n'entend pas de nouvelles
au sujet de la guerre contre le terrorisme. Il ne se passe cependant
de jour que je ne sois informé d'une nouvelle menace ou que
je ne reçoive des informations sur des opérations
en cours ou que je ne donne un ordre dans cette guerre mondiale
contre un réseau éparpillé de tueurs. La guerre
se poursuit, et nous sommes en train de la gagner.
À ce
jour, nous avons arrêté de nombreux grands chefs du
réseau Al-Qaïda ou nous les avons neutralisés
d'une manière ou d'une autre. Parmi eux figurent un homme
qui était chargé des opérations logistiques
et du financement des attaques du 11 septembre, le chef des opérations
d'Al-Qaïda dans le golfe Persique qui avait organisé
les attentats contre nos ambassades en Afrique de l'Est et contre
le destroyer Cole, un des chefs des opérations d'Al-Qaïda
en Asie du Sud-Est, un ancien directeur de camps d'entraînement
en Afghanistan, un agent très important d'Al-Qaïda en
Europe et un grand responsable d'Al-Qaïda au Yémen.
En tout, plus de 3.000 personnes soupçonnées de terrorisme
ont été arrêtées dans de nombreux pays.
Et de nombreuses autres ont connu un sort différent. Elles
ne constituent plus un problème pour les États-Unis
ni pour nos amis et alliés.
Nous coopérons
étroitement avec d'autres pays pour prévenir de nouvelles
attaques. Les États-Unis et les pays faisant partie de la
coalition ont découvert et empêché des tentatives
d'attentat terroriste contre l'ambassade des États-Unis au
Yémen, contre l'ambassade des États-Unis à
Singapour, contre une base militaire saoudienne et contre des navires
dans le détroit d'Hormuz et dans le détroit de Gibraltar.
Nous avons détruit des cellules d'Al-Qaïda à
Hambourg, à Milan, à Madrid, à Londres et à
Paris, ainsi qu'à Buffalo dans l'État de New York.
Nous pourchassons
les terroristes et nous continuerons de le faire. Les uns après
les autres, les terroristes apprennent ce que signifie la justice
américaine.
Alors que nous
faisons cette guerre, n'oublions pas le lieu où elle a commencé,
ici-même dans notre pays. Notre gouvernement prend des mesures
sans précédent pour protéger nos concitoyens
et pour défendre notre pays. Nous avons renforcé la
sécurité à nos frontières et à
nos points d'entrée, placé dans les aéroports
plus de 50.000 agents fédéraux nouvellement formés
qui sont chargés de la sécurité, commencé
à vacciner des soldats et des membres du personnel médical
contre la variole et nous sommes en train de mettre en place le
premier réseau de détection d'une attaque biologique.
Enfin, nous commençons cette année, pour la première
fois, à installer des moyens de défense pour protéger
notre pays contre les missiles balistiques.
Je remercie
le Congrès de donner son appui à ces mesures. Je vous
demande ce soir de renforcer notre future sécurité
grâce à un important projet de recherche et de production
qui vise à protéger notre population contre le bioterrorisme,
un projet baptisé «Bioshield». La proposition
de budget que je vous ai soumise prévoit près de six
milliards de dollars afin que des vaccins et des traitements contre
des agents tels que le bacille du charbon, la toxine du botulisme,
le virus Ebola et la peste soient rapidement disponibles. Nous devons
présumer que nos ennemis se serviraient de ces maladies en
tant qu'armes et nous devons agir avant que nous ne soyons confrontés
à ces dangers.
Depuis le 11
septembre, nos services du renseignement et nos services policiers
collaborent plus étroitement que jamais afin de retrouver
la piste des terroristes et de perturber leurs opérations.
Le FBI améliore sa capacité d'analyse des renseignements
et s'adapte aux menaces nouvelles. Et ce soir, je demande aux responsables
du FBI, de l'Agence centrale du renseignement, du ministère
de la sécurité intérieure et du ministère
de la défense de mettre au point un Centre d'intégration
de la menace terroriste, afin de concentrer et d'analyser en un
seul endroit toutes les informations ayant trait aux menaces. Notre
gouvernement doit avoir les meilleures informations possibles et
nous les utiliserons afin de garantir que les personnes qu'il faut
se trouveront à l'endroit qu'il faut pour protéger
nos citoyens.
Notre guerre
contre le terrorisme est une épreuve de volonté dans
laquelle persévérance égale puissance. Dans
les ruines de deux tours, au mur ouest du Pentagone, dans un champ
de Pennsylvanie, notre nation a fait une promesse, que nous renouvelons
ce soir: quelle que soit la durée de la lutte, et quelles
que soient les difficultés, nous ne permettrons pas à
la violence de triompher dans les affaires des hommes - ce sont
des hommes libres qui traceront le cours de l'histoire.
Aujourd'hui,
le danger le plus grave de la guerre contre le terrorisme, le danger
le plus grave auquel se heurtent l'Amérique et le monde,
ce sont des régimes dévoyés qui cherchent à
obtenir ou qui possèdent des armes nucléaires, chimiques
et biologiques. De tels régimes pourraient utiliser ces armes
pour faire du chantage, pour se livrer à la terreur et pour
commettre des meurtres sur une grande échelle. Ils pourraient
aussi donner ou vendre ces armes à leurs alliés terroristes
qui les utiliseraient sans aucune hésitation.
Cette menace
est nouvelle; le devoir de l'Amérique est familier. Tout
au long du XXe siècle, de petits groupes d'hommes ont saisi
le contrôle de grandes nations. Ils ont élaboré
des armes et des arsenaux et ont entrepris de dominer les faibles
et d'intimider le monde. Sans exception, leurs ambitions de cruauté
et de meurtre étaient sans limites et, sans exception, les
ambitions du nazisme, du militarisme et du communisme ont été
vaincues par la volonté des peuples, par la force de grandes
alliances, et par la puissance des États-Unis d'Amérique.
Aujourd'hui, en ce siècle, l'idéologie de la puissance
et de la domination a de nouveau vu le jour. Et elle cherche à
obtenir les ultimes armes de la terreur. Une fois de plus, notre
nation et ses amis se trouvent au croisement d'un monde en paix
et d'monde où règnent le chaos et l'inquiétude
permanente. Une fois de plus, il nous est demandé de défendre
la sécurité de notre peuple et les espoirs de l'humanité
tout entière. Et nous acceptons cette responsabilité.
L'Amérique
fait un gros effort, un effort déterminé, afin de
confronter ces dangers. Nous avons demandé aux Nations unies
de respecter sa Charte et de tenir bon dans son exigence de désarmement
de l'Irak. Nous appuyons vigoureusement l'Agence internationale
de l'énergie atomique dans sa mission qui est de suivre et
de contrôler toutes les matières nucléaires
du monde. Nous collaborons avec d'autres gouvernements afin de mettre
en lieu sûr les matiéres nucléaires de l'ex-Union
soviétique et de renforcer les traités internationaux
interdisant la production et le transfert de techniques relatives
aux missiles et aux armes de destruction massive.
Dans tous ces
efforts, cependant, l'objectif de l'Amérique ne se limite
pas à suivre un processus, l'objectif est d'obtenir des résultats
: mettre un terme aux terribles menaces qui pèsent sur le
monde civilisé. Toutes les nations libres ont un enjeu lorsqu'il
s'agit d'empêcher une attaque imprévue et catastrophique.
Nous leur demandons de se joindre à nous et beaucoup sont
en train de le faire. Il n'empêche que le destin de notre
pays ne dépend pas de la décision que prendront d'autres.
Quellle que soit l'action exigée, quelle que soit l'action
nécessaire, je défendrai la liberté et la sécurité
du peuple américain.
Différentes
menaces exigent différentes stratégies. In Iran, nous
continuons à voir un gouvernement qui réprime son
peuple, cherche à acquérir des armes de destruction
massive et appuie le terrorisme. Nous voyons aussi des Iraniens
qui risquent des mesures d'intimidation et la mort en prenant la
défense de la liberté, des droits de l'homme et de
la démocratie. À l'instar de tous les autres peuples,
les Iraniens ont le droit de choisir leur propre gouvernement et
de décider de leur propre destin - et les États-Unis
soutiennent leur aspiration à vivre en liberté.
Sur la péninsule
de Corée, un régime oppressif dirige un peuple qui
vit dans la peur et souffre de la faim. Tout au long des années
1990, les États-Unis ont compté sur un cadre négocié
pour empêcher la Corée du Nord d'obtenir des armes
nucléaires. Nous savons maintenant que le régime trompait
le monde et qu'il n'avait jamais arrêté de mettre au
point de telles armes. Aujourd'hui, le régime de la Corée
du Nord se sert de son programme nucléaire pour susciter
la peur et obtenir des concessions. L'Amérique et le monde
ne plieront pas sous le chantage. L'Amérique collabore avec
les pays de la région - la Corée du Sud, le Japon,
la Chine et la Russie - afin de trouver une solution pacifique et
montrer au gouvernement nord-coréen que les armes nucléaires
ne lui apporteront que l'isolement, la stagnation économique,
et la poursuite de ses difficultés. La Corée du Nord
ne sera respectée du monde et son peuple ne revivra que lorsque
son gouvernement abandonnera ses ambitions nucléaires.
Notre nation
et le monde doivent tirer les enseignements de la péninsule
coréenne et ne pas permettre à un danger encore plus
grand de surgir en Irak. Il ne sera pas permis à un dictateur
brutal, avec une histoire pavée d'agressions inconsidérées,
avec des liens au terrorisme, avec un grand potentiel de richesse,
de dominer une région vitale et menacer les États-Unis.
Il y a douze
ans, Saddam Hussein était sur le point de devenir l'ultime
victime d'une guerre qu'il avait engagée et perdue. Afin
de sauver sa peau, il a accepté de se débarrasser
de toutes ses armes de destruction massive. Durant les douze années
suivantes, il a systématiquement violé cet accord.
Il a cherché à acquérir des armes chimiques,
biologiques et nucléaires alors même que les inspecteurs
étaient dans son pays. À ce jour, rien ne l'a arrêté
dans sa quête d'armements - ni les sanctions économiques,
ni l'isolement du reste du monde civilisé, ni même
les frappes de missiles de croisière contre ses installations
militaires. Il y a près de trois mois, le Conseil de sécurité
des Nations unies a donné à Saddam Hussein une dernière
chance de se désarmer. Il n'a fait au contraire que montrer
son mépris total des Nations unies et de l'opinion du monde.
Les 108 inspecteurs
de l'ONU n'ont pas été envoyés faire une chasse
au trésor pour dénicher des matériaux dissimulés
dans l'ensemble d'un pays de la taille de la Californie. Le travail
des inspecteurs consiste à vérifier que le régime
irakien est en train de désarmer. Il appartient à
l'Irak de montrer exactement où il cache ses armes interdites...
d'exposer ces armes aux yeux du monde entier... et de les détruire
selon les directives convenues. Rien de cela n'est arrivé.
En 1999, les
Nations unies ont conclu que Saddam Hussein avait suffisamment de
matériel destiné à des armes biologiques pour
produire plus de 25.000 litres de bacille du charbon - soit suffisamment
de doses pour tuer plusieurs millions de personnes. Il n'a pas inventorié
ces matériaux. Il n'a donné aucune preuve qu'il les
avait détruits.
Les Nations
unies ont conclu que Saddam Hussein avait suffisamment de matériaux
pour produire plus de 38.000 litres de toxine botulique - une quantité
suffisante pour causer la mort de millions de personnes par défaillance
respiratoire. Il n'a pas non plus inventorié ce matériel.
Il n'a donné aucune preuve de sa destruction.
Nos responsables
du renseignement estiment que Saddam Hussein a du matériel
lui permettant de produire jusqu'à 500 tonnes d'agents neurotoxiques
sarin, moutarde et VX. Dans de telles quantités, ces agents
chimiques pourraient faire un nombre incalculable de victimes. Il
n'a pas inventorié ces matériaux. Il n'a donné
aucune preuve qu'il les avait détruits.
Les services
américains du renseignement affirment que Saddam Hussein
détient jusqu'à 30.000 vecteurs d'agents chimiques.
Les inspecteurs en ont récemment découvert 16, malgré
les récentes déclarations de l'Irak niant leur existence.
Saddam Hussein n'a pas inventorié les 29.984 armes interdites
restantes. Il n'a donné aucune preuve de leur destruction.
Nous savons
par les transfuges irakiens que vers la fin des années 90,
l'Irak avait plusieurs laboratoires mobiles de fabrication d'armes
biologiques. Ils sont conçus pour produire des agents destinés
à la guerre bactériologique, et peuvent être
déplacés pour échapper aux inspecteurs. Saddam
n'a pas déclaré ces installations. Il n'a donné
aucune preuve de leur destruction.
Dans les années
90, l'Agence internationale de l'énergie atomique a confirmé
que Saddam Hussein avait un programme avancé de mise au point
d'armes nucléaires, cherchait à se doter de l'arme
nucléaire, et faisait des recherches sur cinq méthodes
différentes d'enrichissement de l'uranium pour en faire une
bombe. Le gouvernement britannique a appris que Saddam Hussein avait
récemment cherché à se procurer en Afrique
des quantités considérables d'uranium. Nos milieux
du renseignement nous indiquent qu'il a tenté d'acheter des
tubes d'aluminium à haute résistance adaptés
à la production d'armes nucléaires. Saddam Hussein
n'a pas expliqué ces activités de façon crédible.
Il est clair qu'il a beaucoup à cacher.
Le dictateur
de l'Irak n'est pas en train de se désarmer. Au contraire,
il use de subterfuges. D'après nos services du renseignement,
nous savons, par exemple, que des milliers d'agents irakiens de
la sécurité s'attachent à cacher des documents
et des matériaux avant l'arrivée des inspecteurs -
ils assainissent les sites d'inspection et surveillent même
les inspecteurs. Les responsables irakiens accompagnent les inspecteurs
afin d'intimider les témoins. L'Irak bloque les vols de reconnaissance
d'avions de type U-2 réclamés par les Nations unies.
Des agents irakiens du renseignement se font passer pour les scientifiques
que les inspecteurs sont censés interroger. Des responsables
irakiens ont soufflé aux vrais scientifiques ce qu'ils doivent
dire. Les services du renseignement affirment que Saddam Hussein
a ordonné que les scientifiques qui coopèrent avec
les inspecteurs au désarmement de l'Irak soient exécutés,
ainsi que leur famille.
Année
après année, Saddam Hussein a pris des mesures extraordinaires,
a dépensé des sommes énormes et a pris de grands
risques afin de fabriquer et de conserver des armes de destruction
massive - mais pourquoi ? Il n'y a qu'une explication possible :
le seul usage qu'il peut faire de ces armes est la domination, l'intimidation
ou l'attaque. Avec des armes nucléaires ou un arsenal complet
d'armes chimiques et biologiques, Saddam Hussein pourrait renouer
avec ses ambitions de conquête du Moyen-Orient, et causer
des ravages dans la région. Et ce Congrès et le peuple
américain doivent prendre conscience d'une autre menace.
Des preuves émanant de nos services du renseignement, des
communications secrètes et des déclarations de personnes
actuellement en détention révèlent que Saddam
Hussein aide et protège des terroristes, notamment des membres
d'Al-Qaïda. Secrètement, et sans laisser de traces,
il pourrait fournir l'une de ces armes aux terroristes, ou les aider
à en fabriquer eux-mêmes.
Avant le 11
septembre 2001, nombreux étaient ceux qui pensaient que l'on
pouvait endiguer Saddam Hussein. Mais les agents chimiques, les
virus mortels et les insaisissables réseaux terroristes ne
sont pas faciles à contenir. Imaginez ces 19 pirates de l'air
avec d'autres armes et d'autres plans - armés, cette fois,
par Saddam Hussein. Il suffirait d'introduire dans notre pays un
tube, une boîte, une caisse pour déclencher une horreur
sans précédent. Nous ferons tout ce qui est en notre
pouvoir pour nous assurer que cela n'arrivera jamais.
D'aucuns estiment
que nous ne devons pas agir tant que la menace ne sera pas imminente.
Depuis quand les terroristes et les tyrans ont-ils annoncé
leurs intentions et nous ont-ils poliment adressé un préavis
avant de frapper? Que l'on permette à cette menace d'apparaître
subitement et dans toute sa force, et toutes les actions, toutes
les paroles, toutes les récriminations viendraient trop tard.
Placer sa confiance dans la raison et la retenue de Saddam Hussein
n'est pas une stratégie, ce n'est pas une option.
Ce dictateur,
qui est en train d'assembler les armes les plus dangereuses du monde,
en a déjà usé contre des villages entiers,
laissant des milliers de ses propres citoyens morts, aveugles ou
défigurés. Des réfugiés irakiens nous
ont dit comment on obtenait des aveux forcés - en torturant
des enfants pendant qu'on obligeait les parents à regarder.
Des groupes internationaux de défense des droits de l'homme
ont catalogué d'autres méthodes encore, utilisées
dans les salles de torture de l'Irak : chocs électriques,
application de fers rouges ou d'acide sur la peau, mutilation à
la perceuse électrique, ablation de la langue et viol.
Si cela n'est
pas maléfique, alors ce mot est vide de sens. Et ce soir,
j'ai un message pour le peuple courageux et opprimé d'Irak
: votre ennemi n'encercle pas votre pays, il le dirige. Le jour
où lui, et tout son régime, seront chassés
du pouvoir, ce jour-là sera celui de votre libération.
Le monde a
attendu 12 ans que l'Irak désarme. Les États-Unis
n'accepteront pas qu'un danger sérieux et croissant pèse
sur leur peuple, sur leurs amis et sur leurs alliés. Les
États-Unis demanderont au Conseil de sécurité
des Nations unies de se réunir le 5 février pour examiner
la façon dont l'Irak continue de défier le monde.
Le secrétaire d'État, M. Colin Powell, présentera
des informations et des éléments provenant du renseignement
sur les programmes illégaux d'armement de l'Irak, ses tentatives
en vue de cacher ces armes aux inspecteurs, et ses liens avec des
groupes terroristes. Nous sommes disposés à consulter,
mais que personne ne s'y trompe : si Saddam Hussen ne désarme
pas totalement, pour la sécurité de notre peuple et
pour la paix du monde, nous conduirons une coalition pour le désarmer.
Ce soir, j'adresse
également un message aux hommes et femmes qui maintiendront
la paix, aux membres des forces armées américaines
: un grand nombre d'entre vous se rassemblent à l'intérieur
et à proximité du Moyen-Orient, et des heures cruciales
vous attendent peut-être. C'est pendant ces heures que le
succès de notre cause sera entre vos mains. Votre entraînement
vous a préparés. Votre honneur vous guidera. Vous
croyez en l'Amérique, comme l'Amérique croit en vous.
C'est l'une
des décisions les plus profondes qu'un président puisse
prendre, que d'envoyer des Américains au combat. Les techniques
de la guerre ont changé, mais les risques et les souffrances
de la guerre n'ont pas changé. Pour les courageux Américains
qui portent ce risque, aucune victoire n'est exempte de douleur.
Notre pays se bat à contre-cur, car il en connaît
le coût et il redoute les jours de deuil qui arrivent toujours.
Nous recherchons
la paix, nous faisons des efforts pour la paix. Et parfois, la paix
doit être défendue. Un avenir vécu à
la merci de menaces terribles n'est pas une paix du tout. Si nous
sommes contraints à faire la guerre, nous combattrons pour
une cause juste et par des moyens justes, en épargnant les
innocents de toutes les manières possibles. Et si la guerre
nous est imposée, nous combattrons avec toute la force et
toute la puissance de l'appareil militaire américain, et
nous l'emporterons. Et comme nous et nos partenaires de la coalition
le faisons en Afghanistan, nous apporterons au peuple irakien des
vivres, des médicaments, des fournitures... et la liberté.
Que de défis,
à l'étranger comme chez nous, accumulés en
une seule saison. En deux ans, l'Amérique est passée
d'un sentiment d'invulnérabilité à la conscience
du péril... de l'amère division pour des bagatelles
à l'unité sereine pour les grandes causes. Nous avançons
pleins de confiance, car cet appel de l'histoire est tombé
sur le bon pays.
Les Américains
forment une nation résolue, qui a relevé chacune des
épreuves de l'époque. L'adversité a révélé
le vrai caractère de notre patrie au monde entier, et à
nous-mêmes.
Les États-Unis
sont une nation puissante, et honorable dans l'usage de sa force.
Nous exerçons notre puissance sans conquête, et nous
faisons des sacrifices pour la liberté d'étrangers.
Les Américains
forment un peuple libre, qui sait que la liberté est le droit
inné de chaque être humain et l'avenir de toute nation.
La liberté que nous chérissons n'est pas le don de
l'Amérique au monde, c'est le don de Dieu à l'humanité.
Enfin, nous
sommes confiants en nous-mêmes - mais pas seulement en nous-mêmes.
Nous ne prétendons pas connaître toutes les voies de
la Providence, pourtant nous pouvons lui faire confiance, et placer
tous nos espoirs en ce Dieu aimant qui est source de toute vie,
et de toute l'histoire.
Puisse-t-Il
nous guider aujourd'hui, et continuer de bénir les États-Unis
d'Amérique.
Je vous remercie.
(fin du texte)
Source:
site
du Département d'Etat Etats-Unis.
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