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• La présidence allemande de l'UEO : à la croisée des chemins
L'Europe ne pourra relever le défi du XXe siècle que si elle parle d'une seule voix ; elle doit donc avoir des objectifs clairs en matière de politique étrangère et savoir défendre ses intérêts. En fait, l'Europe a besoin d'une véritable politique étrangère et d'une véritable politique de sécurité ; seule une Union sachant défendre ses intérêts pourra gérer ses crises intérieures.
L'Assemblée de l'UEO acceptera tout progrès touchant à la défense européenne, c'est-à-dire toute décision allant dans le sens de plus d'Europe et de plus de garantie de sécurité en Europe.
© 1999
Lluis Maria de PUIG - Président de l'Assemblée de l'Union de l'Europe Occidentale (11/01/1997-2000)


L'Allemagne assure la présidence de l'UEO et la présidence de l'Union européenne : c'est la première fois que se produit cette heureuse coïncidence. Comme l'a indiqué récemment M. Verheugen, Secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères, devant notre Assemblée réunie en session plénière, pendant cette présidence, l'Allemagne souhaite promouvoir les discussions sur l'identité européenne en matière de défense et de sécurité, et ce, à un moment où le débat est particulièrement intense.

Les moyens utilisés par les Etats nationaux du XIXe siècle pour assurer la paix et la stabilité sont dépassés : on peut le constater dans l'ex-Yougoslavie, où le concept d'intégration s'oppose au concept nationaliste du siècle précédent. La stabilité ne peut plus être obtenue par le jeu d'un équilibre précaire des forces ; en revanche l'alliance et la coopération sont les garanties les plus efficaces contre le retour du chauvinisme.

L'Europe ne pourra relever le défi du XXIe siècle que si elle parle d'une seule voix ; elle doit donc avoir des objectifs clairs en matière de politique étrangère et savoir défendre ses intérêts. En fait, l'Europe a besoin d'une véritable politique étrangère et d'une véritable politique de sécurité ; seule une Union sachant défendre ses intérêts pourra gérer ses crises intérieures. C'est dans cet esprit qu'elle devra aborder le rendez-vous très important du Sommet de l'OTAN à Washington.

L'OTAN garantit la sécurité de l'Europe d'aujourd'hui et de demain. Le partenariat transatlantique est fondamental pour garantir une paix durable sur le continent. Le Sommet du cinquantenaire, en avril, est marqué par l'entrée de la Pologne, de la République Tchèque et de la Hongrie, et il est ainsi mis fin définitivement à l'Europe des blocs. Ce Sommet est aussi l'occasion pour l'Alliance, de faire la preuve de sa vitalité et de ses capacités d'adaptation. L'objectif du nouveau concept stratégique est de parvenir à une défense collective et à l'affirmation d'une volonté transatlantique commune. L'OTAN devra assumer de nouvelles tâches, notamment dans le cadre de la prévention des conflits, de la gestion des crises et du contrôle de l'armement, en étroite coopération avec tous les pays d'Europe.

C'est dans cet esprit que notre Assemblée s'est réunie en mars, un mois avant le Sommet de Washington, afin de faire connaître aux gouvernements des pays de l'UEO notre avis sur l'avenir de la défense européenne. Certains considèrent que l'UEO devrait être intégrée à l'Union européenne. Quant à moi, je pourrais accepter - c'est une position personnelle politique - un processus d'intégration à l'Union européenne. Mais ce qui importe, c'est d'en discuter et de voir quelles sont les voies les plus adéquates, celles qui recueilleraient un véritable consensus et aussi quelles seraient les possibilités des différentes options, évoquées certes dans la presse mais qui ne sont pas encore des propositions concrètes.

L'UEO constitue un acquis énorme qu'on ne peut biffer d'un jour à l'autre. Il faudra donc encore, pendant tous ces débats rappeler qu'elle offre certains avantages, qu'elle dispose notamment de capacités militaires qui lui permettent d'entreprendre des missions dites de Petersberg, allant de l'aide humanitaire à la prévention jusqu'au rétablissement de la paix, voire au combat, et rappeler qu'elle réunit vingt-huit pays bénéficiant de différents statuts. Je ne crois pas qu'on puisse envisager un renforcement de la défense européenne autour de l'Union européenne sans tenir compte du fait que plusieurs pays d'Europe centrale et orientale participent , grâce à notre institution, à une organisation de défense européenne. Il convient de rappeler aussi qu'après le Traité d'Amsterdam, l'UEO peut parfaitement intervenir pour le compte de l'Union européenne et que, si les mécanismes de coopération avec l'OTAN aboutissent, l'UEO pourra utiliser des moyens de l'OTAN. Il ne faut pas oublier que l'UEO peut opérer hors zone, qu'elle coordonne - seule institution à faire ce travail - la politique en matière de désarmement en Europe. Il faut rappeler enfin que l'UEO agit sous le contrôle démocratique de notre Assemblée en liaison avec les parlements nationaux, qu'au cours des dernières années, le dispositif opérationnel a fait l'objet d'investissements majeurs et qu'elle dispose d'une capacité militaire stratégique, qu'elle a un pied dans l'Union européenne et un autre dans l'OTAN, reliant ainsi indirectement ces deux institutions, et également qu'elle entretient des relations étroites avec la Russie et l'Ukraine.

Dans ce processus qui vient de recevoir une impulsion nouvelle, l'Assemblée acceptera tout progrès touchant à la défense européenne, c'est-à-dire toute décision allant dans le sens de plus d'Europe et de plus de garantie de sécurité en Europe. En cinquante ans d'existence, l'UEO représente un acquis considérable qui découle, entre autres, du Traité de Bruxelles modifié, de son article 5, de tout le travail accompli par l'Institution. Il existe une crainte réelle quant à l'avenir des pays partenaires et membres associés qui participent déjà à la vie de l'organisation.

Nous sommes fiers de cet acquis et nous demandons aux gouvernements européens que, dans toute décision, il en soit tenu compte. Nous ne ferons jamais une défense corporatiste de notre institution, mais nous en défendrons la substance politique.

En d'autres termes, notre objectif n'est pas en faveur de telle ou telle proposition institutionnelle, pas plus que l'intégration de l'UEO à l'Union européenne. Il existe plusieurs possibilités de renforcer la défense européenne sans passer nécessairement par un processus d'intégration. Notre objectif est de toute façon de renforcer la défense européenne. S'il en est ainsi décidé, si la volonté politique de bâtir un appareil autonome, dans le cadre par exemple des missions de Petersberg, existe, on pourra alors examiner quelle est la meilleure solution institutionnelle. Mais, ne confondons pas les objectifs avec les moyens, ce serait la pire des solutions.


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