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La Présidence britannique et le Sommet de Cardiff
L'Europe s'est certainement resserrée et la Grande-Bretagne, sous son nouveau gouvernement, a abandonné sa politique isolationniste passée. Lorsque nous avons accédé à la présidence en janvier, nous nous sommes fixés pour objectif de travailler avec nos partenaires afin d'atteindre trois objectifs principaux : lancer l'union monétaire avec succès, soutenir la démocratie et la stabilité en Europe en entamant les négociations sur l'élargissement, faire progresser les réformes nécessaires pour être en mesure de faire face à ces deux défis historiques. © 1998
Tony BLAIR - Premier Ministre britannique


Je veux que le sommet de Cardiff s'attaque aux questions primordiales pour le succès futur de l'Union européenne : avant tout, l'emploi et la prospérité. C'est la raison pour laquelle j'ai placé la réforme économique au sens large, en tête de l'agenda de Cardiff. Ainsi, nous lancerons un véritable débat sur l'avenir de l'Europe et sur les moyens de la rapprocher des citoyens.

En effet, un consensus croissant semble s'établir sur la nécessité de réformer l'Union Européenne si l'union monétaire et l'élargissement réussissent et si nous parvenons à nous imposer avec succès sur le marché international. L'Europe s'est certainement resserrée et la Grande-Bretagne, sous son nouveau gouvernement, a abandonné sa politique isolationniste passée. Par ailleurs, on accepte plus couramment la nécessité d'une flexibilité du marché du travail et d'une réglementation susceptible d'accroître notre compétitivité et de minimiser les lourdeurs bureaucratiques. Maintenant, nous parlons le même langage: mettre en oeuvre des politiques macro-économiques tout en faisant progresser le niveau de l'emploi; améliorer le marché unique, tout en promouvant la justice sociale; faire en sorte que l'Etat providence repose sur des négociations pour ne plus être une impasse; utiliser les leviers du marché pour aider les entrepreneurs à créer des emplois.

A Cardiff ce débat sera repris par les chefs d'Etats et de gouvernements de l'Union européenne. Les résultats d'un tel sommet auront bien évidemment certaines limites: la reforme est un processus à long terme. Mais je veux donner à ces questions un nouvel élan. Il me semble que la discussion devrait se focaliser sur quatre priorités. Premièrement, nous devons réétudier nos plans d'action nationaux sur l'emploi : abandonner les approches trop réglementaires et générer des emplois par des mesures spécifiques. Deuxièmement, nous devons nous entendre sur des principes directeurs communs dans le domaine économique afin de reformer les marchés des produits, des capitaux et du travail. Troisièmement, je voudrais que de nouvelles mesures soient envisagées pour garantir une mise en oeuvre effective et cohérente du marché unique en faisant disparaître les différences de prix injustifiées. Quatrièmement, il faut que les véritables créateurs d'emploi, tels que les entrepreneurs et les P.M.E., puissent bénéficier d'une réglementation plus favorable et d'un accès plus facile aux capitaux.

C'est ce que j'entend par la Troisième Voie : opérer un changement radical par rapport à l'ancien mode de réglementation et mettre l'accent sur l'éducation et les compétences, l'esprit d'entreprise, la compétitivité, la technologie et l'infrastructure.

Ces questions ont été au cœur des préoccupations de la présidence britannique. Lorsque nous y avons accédé en janvier, nous nous sommes fixés pour objectif de travailler avec nos partenaires afin d'atteindre trois objectifs principaux: lancer l'union monétaire avec succès; soutenir la démocratie et la stabilité en Europe en entamant les négociations sur l'élargissement; enfin, faire progresser les réformes nécessaires pour être en mesure de faire face à ces deux défis historiques. La lutte contre le crime, la drogue et pour la protection de l'environnement constituaient également des priorités. Et nous voulions aussi démontrer que l'Europe pouvait fonctionner de façon efficace et représenter une force positive dans ses rapports avec l'extérieur.

Même avant Cardiff, je croyait déjà que cette présidence avait ouvert une nouvelle ère à nos relations avec le reste de l'Europe. Ils sont finis les jours où la Grande-Bretagne s'opposait lors de chaque sommet à tous les autres Etats, où nos partenaires européens devaient recourir à la médiation avec une Grande-Bretagne qui semblait être constamment mal disposée à l'égard de l'Europe et en marge de celle-ci. Bien au contraire, au dernier sommet de Bruxelles sur l'UME, c'est nous qui avons joué le rôle de médiateur entre les autres Etats membres sur une question majeure: l'Euro et la mise en place de la BCE.

Beaucoup se souviendront de cette présidence en raison du lancement de l'Euro. Ce sera le cas pour moi. Cela a nécessité des négociations très importantes et certaines parties de celles-ci, disons le, plus que d'autres. Il ne fut pas facile de parvenir à un accord lors du Conseil sur l'UME au mois de mai. Mais, même si le processus était tortueux et difficile, nous nous sommes entendus sur la bonne personne au poste de directeur de la BCE pendant cette période cruciale. Nous y sommes parvenus en dépit de positions qui semblaient inconciliables au départ. Mais ce qui importe avant tout ce sont les résultats, comme l'a démontré la réaction positive des marchés. Ainsi, l'Europe doit maintenant faire face à l'un de ses plus importants défis. Les conditions économiques ne sont pas toutes réunies pour que la Grande-Bretagne y prenne part pour le moment. Néanmoins, nous avons toujours soutenu que le principe d'une monnaie unique dans un marché unique était cohérent, et, comme tous les européens, nous sommes très attentifs au succès de ce projet.

Sous cette présidence nous avons également eu avec nos partenaires le privilège de faire progresser le processus qui conduit à effacer l'une des grandes injustices de la guerre froide : la division de l'Europe. En l'espace de 20 jours au mois de mars, nous avons ouvert la conférence européenne, nous sommes parvenus à un accord sur les règles d'adhésion et lancé le processus et les négociations d'adhésion. L'élargissement de l'Union vers l'Europe de l'Est et Chypre est maintenant commencé. Cela prendra quelques années avant que la première phase des négociations aboutisse. Mais le chemin que nous accomplissons déjà ensemble représente une mission historique. Il s'agit d'une mission qui effacera les cicatrices d'un continent divisé et qui fera avancé l'Europe sur la voie de la prospérité et de la sécurité.

L'Agenda 2000 -qui comporte la révision des budgets et politiques de l'Union européenne avant l'élargissement- sera également discuté à Cardiff. La présidence britannique a jeté les fondations adéquates pour une reforme de la Politique Agricole Commune. Nous voulons également identifier des principes permettant de simplifier les procédures d'améliorer la gestion des fonds structurels. Nous avancerons sur ces questions en collaboration avec nos partenaires, même si la décision finale ne pourra être atteinte qu'ultérieurement. Je pense également qu'il est nécessaire de clarifier notre volonté de voir l'UE engager à nouveau un dialogue significatif avec la Turquie.

L'Union européenne doit être une force qui permette d'accroître notre sécurité commune, au sein de l'Union et à l'extérieur. Notre présidence a eu pour objectif d'intégrer les questions de l'environnent dans d'autres domaines de travail de l'Union Européenne comme les transports et l'énergie, afin que d'arrêter la pollution à ses origines. J'espère que le Conseil Européen fera des pas supplémentaires dans cette direction. En ce qui concerne le crime organisé, nous venons d'approuver les pactes de pré-adhésion avec les pays d'Europe de l'Est et Chypre, afin de l'endiguer encore plus à l'Est. Je souhaite également que nous discutions du Kosovo lors du sommet et nous devons envoyer un signe aussi fort que possible à Milosevic afin qu'il comprenne que la communauté internationale ne restera pas inactive en regardant passivement cette région devenir une seconde Bosnie.

Nous avons pris la relève d'une présidence luxembourgeoise couronnée de succès. Nous passerons le relais a la présidence autrichienne qui, je le sais, est impatiente de relever le défi. Entre temps j'espère que notre contribution aura été utile. Si nous pouvons nous entendre sur la réforme économique de l'Union européenne à Cardiff, j'estimerais que ces seuls éléments constituent déjà un succès pour notre présidence. Depuis mon accession, il y a tout juste un an, au poste de Premier Ministre, j'ai constaté un véritable changement dans la discussion. Je crois que ce changement sera perçu par les peuples européens comme le signe que leurs institutions se concentrent maintenant sur ce qui importe le plus pour eux: leur emploi et leur prospérité.

Traduction Forum


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