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Notre avenir c'est l'Europe !
Notre objectif ne réside nullement dans une communauté européenne centralisée, axée sur Bruxelles, capitale omnipotente. A l'avenir l'Europe doit rester marquée du sceau de sa diversité culturelle, de ses particularismes régionaux et de ses traditions variées. L'élargissement de l'Union montre clairement que la division de l'Europe a été définitivement surmontée et que notre continent a désormais entamé un processus d'unification par-delà les fossés creusés par la guerre froide.
© 1998
Helmut KOHL - Chancelier de la RFA (1982 - sept 1998)


L'Europe se trouve aujourd'hui dans une phase décisive de sa construction, une phase qui marquera de son empreinte la face et le rôle de notre continent dans le monde pour une partie du prochain millénaire. A mes yeux, il n'y a pas d'autre solution possible si nous voulons assumer nos responsabilités que celle d'un rapprochent de plus en plus étroit des peuples en Europe. C'est notamment grâce au processus de la construction européenne que nous avons connu jusqu'à aujourd'hui, dans notre partie de l'Europe, la plus longue période de paix de l'histoire contemporaine. En effet, l'intégration européenne constitue un refus irrévocable de la politique hégémonique pratiquée dans le passé par les Etats-nations. Personne ne l'a exprimé avec autant de clarté et de conviction que François Mitterrand qui déclarait le 17 janvier 1995 devant le Parlement européen à Strasbourg que "le nationalisme, c'est la guerre". La poursuite systématique de l'intégration européenne est et reste la meilleure assurance contre la misère de la guerre, cette expérience si douloureuse à laquelle l'Europe a déjà été confrontée à deux reprises pendant la première moitié de notre siècle et tout récemment dans l'ex-Yougoslavie.

Nous envisageons notre avenir au sein d'une Union européenne basée sur des principes démocratiques, capable d'agir et proche du citoyen. Notre objectif ne réside nullement dans une Communauté européenne centralisée, axée sur Bruxelles, capitale omnipotente. A l'avenir, l'Europe doit rester marquée au sceau de sa diversité culturelle, de ses particularismes régionaux et de ses traditions variées. C'est cette diversité qui fait précisément la richesse de l'Europe et qu'il s'agit de préserver. Il faut construire l'Europe de demain en appliquant le principe de l'unité dans la diversités.

Pour cela, le principe de subsidiarité qui a été largement concrétisé dans le Traité d'Amsterdam joue un rôle de pilier: seules doivent être réglées au niveau européen les questions qui ne peuvent être tranchées de manière satisfaisante au niveau local, régional ou national et qu'il serait plus facile de régler au niveau européen. Les Etats et l'Union européenne continueront donc de remplir des tâches différentes et en partie complémentaires.

Le Traité d'Amsterdam signifie le parachèvement d'une étape importante sur la voie d'une Union européenne approfondie et dotée d'une plus grande capacité d'action. A Amsterdam, le Conseil européen a également ouvert la voie pour la mise en oeuvre du concept global d'élargissement de l'Union tel qu'il a été adopté par les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres à Luxembourg en décembre 1997. Le 31 mars dernier, l'Union européenne a engagé officiellement les négociations d'adhésion avec la Pologne, la République tchèque, la Hongrie, la Slovénie, l'Estonie et Chypre.

L'élargissement de l'Union aux pays d'Europe centrale et orientale est un processus qui revêt une dimension historique. Il montre clairement que la division de l'Europe a été définitivement surmontée et que notre continent a désormais entamé un processus d'unification par-delà les fossés creusés par la guerre froide. Une Union européenne sans la Pologne ou la Hongrie, sans Prague ou Cracovie ne serait qu'un tronc dépourvu de membres. L'Union européenne apportera un soutien durable aux candidats sur la voie de leur adhésion. Néanmoins, il est une tâche difficile dont nous ne pouvons décharger les candidats à l'adhésion: ce sont eux qui doivent engager une politique de réformes à la fois rapide et volontariste, pour créer les conditions politiques et économiques de leur adhésion à l'Union européenne. L'aide accordée de l'extérieur ne peut être pour ces pays qu'une aide à s'aider eux-mêmes. Une adhésion qui serait au-dessus des forces des différents pays concernés ou de l'Union européenne dans son ensemble ne profiterait à personne. L'Union européenne entend toutefois appuyer de manière soutenue les candidats à l'adhésion en appliquant la stratégie de préadhésion et de rapprochement convenue lors du Sommet européen de Luxembourg.

Le parachèvement de l'Union économique et monétaire avec l'introduction de l'euro en tant que monnaie commune constitue une autre pierre angulaire de la construction de l'Europe de demain. La monnaie unique resserrera davantage encore les liens en Europe, ordre de paix et de liberté pour le XXIème siècle. Sur le plan économique également, l'Union européenne économique et monétaire est indispensable. Elle signifie le parachèvement du grand marché européen sans frontières pour les personnes, les marchandises, les services et les capitaux. La zone euro représentera un marché homogène regroupant presque 300 millions de personnes et participant à concurrence d'environ 20 pour cent au revenu mondial, chiffre comparable à celui des Etats-Unis. L'euro fera faire des économies aux entreprises, éliminera les risques de change, facilitera le commerce au sein de l'Union européenne. Il créera ainsi un climat favorable aux investissements et dégagera un élan de croissance supplémentaire pour l'économie. Il n'y a pas que nos économies, si tributaires des exportations, qui profiteront largement de la mise en place de l'euro, les citoyens en ressentiront aussi directement les effets positifs car il sera plus facile et moins onéreux pour eux de voyager et de faire leurs achats en Europe.

La création de la Banque centrale européenne indépendante et le Pacte de stabilité et de croissance sont des conditions essentielles garantissant que I'euro sera une monnaie stable à long terme. N'y participeront que les pays qui, en respectant les critères de stabilité, ont prouvé qu'ils ont la ferme intention de pratiquer une politique budgétaire et financière solide. Le Pacte de stabilité garantit que les Etats qui seront membres de l'union économique et monétaire continueront à respecter les sévères critères de stabilité établis à l'avenir.

C'est pourquoi il ne fait aucun doute pour moi que l'euro sera mis en place, conformément au calendrier du Traité de Maastricht et dans le strict respect des critères de stabilité tels qu'ils ont été adoptés. Les rapports de convergence de la Commission européenne et de l'Institut monétaire européen ainsi que l'avis émis par la Banque fédérale allemande l'ont confirmé. L'euro constituera donc la base d'un avenir économique prospère pour l'Europe.

Au cours des mois à venir, nous analyserons en détail, dans le cadre de 1'"Agenda 2000", le développement des politiques intérieures de l'Union. Les propositions concernant la politique structurelle et la Politique agricole commune que la Commission européenne a présentées en mars dernier et celles qu'elle soumettra dans la courant de l'automne concernant les futures ressources financières de l'Union européenne feront l'objet de consultations approfondies. Dans ce contexte, il s'agira par exemple d'affecter à l'avenir les fonds de la politique structurelle d'une manière encore plus ciblée et de les concentrer sur les régions qui en ont réellement besoin. Pour ce qui est du développement de la Politique agricole commune, nous devrons également nous laisser guider par les impératifs d'austérité et de solidarité en nous basant sur les principes judicieux de la réforme de 1992. Il ne fait aucun doute pour moi qu'à l'avenir, les agriculteurs devront également bénéficier de notre solidarité.

Enfin, nous devrons achever en temps utile, avant la fin de 1999, les négociations relatives à la nouvelle dotation financière de l'Union européenne. Dans ce domaine, nous attendons de nos partenaires qu'ils se montrent prêts à soutenir un système équitable pour tous les pays, assurant une répartition des charges à la fois raisonnable et juste.

Les résultats déjà atteints et le vaste programme de travail établi pour les années à venir sont éloquents et montrent à quel point l'Europe, aujourd'hui déjà, est devenue une communauté de destin. Dans l'Europe unie, le partenariat franco-allemand aura un rôle clé à jouer à l'avenir. Le Traité de l'Elysée signé il y a 35 ans par Konrad Adenauer et Charles de Gaulle, a jeté les bases de la coopération particulièrement confiante et amicale qui existe entre nos deux pays. Les innombrables rencontres privées qui ont eu lieu au cours de ces dernières décennies entre Français et Allemands, notamment parmi les jeunes générations, constituent pour aujourd'hui et pour demain la le patrimoine le plus précieux que nous possédions en commun.

Entre-temps, la partenariat franco-allemand est devenu à la fois le moteur et le garant du processus de l'intégration européenne. Les progrès essentiels réalisés sur le plan de la construction européenne sont le fruit d'initiatives et d'impulsions communes déployées par la France et par l'Allemagne grâce à une concertation et à une consultation étroites. Cela n'exclut pas que nous puissions avoir des avis divergents sur l'une ou l'autre des questions de la politique européenne. Néanmoins, la France et l'Allemagne garderont toujours en commun la conviction profonde que seule la poursuite systématique du processus de l'unification européenne garantit à long terme la liberté, la paix et la prospérité pour tous les peuples de notre continent.

Traduction Forum


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