FRANCE ALLEMAGNE USA - IRAK 2003/2_16
Accueil
Europe
Pesc-Défense
Droit
Economie
Culture

FRANCE ALLEMAGNE USA - IRAK 2003/2_16
• Dossier : le tandem franco-allemand et- la crise en Irak/2_16









T E X T E S

DECLARATIONS, MEMORANDUM, TEXTES... SUR LE CONFLIT EN IRAK




Discours du Secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, devant le Conseil de sécurité des Nations unies
New York, Conseil de Sécurité, ONU, 5 février 2003.


Monsieur le président,
Monsieur le secrétaire général,
Chers collègues,

Je tiens avant tout à remercier chacun d'entre vous d'être venu ici aujourd'hui. C'est un jour d'une grande importance pour nous tous, tandis que nous faisons le point de la situation en ce qui concerne l'Irak et l'obligation de désarmement qui incombe à ce pays conformément à la résolution 1441 du Conseil de sécurité.

Le 8 novembre dernier, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 1441 à l'unanimité. Cette dernière a pour objectif de désarmer l'Irak en lui retirant ses armes de destruction massive. L'Irak avait déjà été reconnu coupable de violation substantielle de ses obligations découlant des 16 déclarations précédentes et sur une période de 12 ans.

La résolution 1441 visait non pas une partie innocente, mais un gouvernement dont le Conseil de sécurité a dénoncé la culpabilité à maintes reprises au fil des ans.

La résolution 1441 a donné à l'Irak son ultime chance, celle de se mettre enfin à respecter ses engagements ou à assumer les graves conséquences de ses actes. Pas un membre du Conseil de sécurité présent le jour du vote ne se faisait d'illusion sur la nature et sur le but de cette résolution ni sur la gravité des conséquences au cas où l'Irak s'obstinerait.

Dans le souci de faciliter le désarmement, nous avons demandé à l'Irak de coopérer avec les inspecteurs de la COCOVINU et de l'AIEA de retour dans ce pays. Nous avons imposé des normes rigoureuses à l'Irak pour que les inspecteurs puissent faire leur travail.

Le Conseil de sécurité a jugé qu'il incombait à l'Irak d'honorer ses engagements et de désarmer, et non aux inspecteurs de trouver ce que l'Irak s'évertue à dissimuler par tous les moyens depuis si longtemps. Les inspecteurs sont des inspecteurs ; ce ne sont pas des détectives.

J'ai demandé la convocation de la présente session pour deux raisons. La première, c'est pour marquer ma solidarité avec les conclusions essentielles de MM. Blix et El Baradei. Comme le déclarait M. Blix au Conseil de sécurité le 27 janvier, « l'Irak ne semble pas avoir complètement accepté, même aujourd'hui, le désarmement qui lui a été réclamé ».

Et comme le faisait observer M. El Baradei, la déclaration faite par l'Irak le 7 décembre « n'a fourni aucune nouvelle information pertinente concernant certaines questions qui se posent depuis 1998 ».

Mon second objectif aujourd'hui est de vous fournir des informations supplémentaires, de partager avec vous ce que savent les États-Unis sur les armes de destruction massive de l'Irak ainsi que sur la participation de ce pays au terrorisme, autre thème abordé par la résolution 1441 et par les précédentes.

Permettez-moi d'ajouter que nous fournissons aux équipes d'inspecteurs tous les renseignements pertinents que nous pouvons leur fournir afin qu'ils puissent faire leur travail.

La documentation que je vais vous présenter provient de diverses sources. Certaines informations sont de source américaine, le reste d'autres pays. Certaines sont techniques, par exemple des conversation téléphoniques interceptées et des photos prises par satellite. D'autres vous viennent de personnes qui risquent leur vie afin de révéler au monde ce que trame vraiment Saddam Hussein.

Je ne peux pas vous communiquer tout ce que nous savons, mais ce que je puis vous dire, conjugué à ce que nous avons tous appris au fil des ans, est extrêmement préoccupant. Il en ressort une accumulation de faits et de comportements troublants. Les faits et le comportement de l'Irak montrent que Saddam Hussein et son régime n'ont pas fait le moindre effort pour désarmer conformément aux exigences de la communauté internationale.

En réalité, les faits et le comportement de l'Irak montrent que Saddam Hussein et son gouvernement dissimulent leurs activités visant à produire davantage d'armes de destruction massive.

Pour commencer, écoutez cet enregistrement audio. Je vais vous faire écouter une conversation que mon gouvernement a surprise. Elle a eu lieu le 26 novembre dernier, la veille du jour où les équipes de l'ONU ont repris leurs inspections en Irak. Les propos sont tenus par deux officiers de haut rang, un colonel et un général de l'unité militaire irakienne d'élite, la garde républicaine.

(M. Powell fait écouter la conversation.)

M. Powell - Avant d'aller plus loin, permettez-moi de passer en revue les principaux éléments de la conversation entre ces deux officiers que vous venez d'entendre.

Premièrement, les deux hommes reconnaissent que notre collègue, M. Mohammed El Baradei, va venir, ils savent pour quelles raisons il va venir et ils savent qu'il va arriver le lendemain. Il va venir pour chercher des choses qui sont interdites. Il compte que ces deux hommes vont coopérer avec lui et qu'ils ne vont rien dissimuler.

Mais ils sont inquiets. On a un véhicule modifié. Qu'est-ce qu'on va dire si quelqu'un le remarque ? Qu'est-ce qui les préoccupe ? Ce qui les préoccupe, c'est qu'ils ne devraient pas avoir quelque chose comme ça, c'est quelque chose qui ne doit pas être vu.

Le général était incrédule : » - Vous ne l'avez pas fait modifier. Vous n'en avez pas des comme ça, non ?

- J'en ai un.

- Lequel ? D'où est-ce qu'il vient ?

- De l'atelier. De la société Al-Kindi.

- Quoi ?

- D'Al-Kindi.

- Je viendrai vous voir demain matin. J'ai peur qu'il vous reste quelque chose.

- On a tout évacué. Il ne reste rien. »

Notez bien ce qu'il dit : « On a tout évacué. » On ne l'a pas détruit. On ne l'a pas mis de côté pour le montrer aux inspecteurs. On ne l'a pas remis aux inspecteurs. On l'a évacué pour être sûrs qu'il ne serait pas dans les parages quand les inspecteurs arriveraient. « Je viendrai vous voir demain matin. »

La société Al-Kindi est bien connue pour avoir trempé dans les activités en rapport avec les systèmes d'armements interdits.

Je vais vous faire entendre un autre enregistrement audio. Vous vous rappelez que les inspecteurs ont découvert douze ogives chimiques vides le 16 janvier. Le 20 janvier, quatre jours plus tard, l'Irak promettait aux inspecteurs de faire des recherches supplémentaires. Vous allez maintenant entendre un officier de la garde républicaine qui donne un ordre à un officier sur le terrain. Leur conversation a eu lieu la semaine dernière, le 30 janvier.

(M. Powell fait écouter l'enregistrement.)

M. Powell - Passons en revue les éléments de ce message.

» - Ils inspectent les munitions que vous avez, c'est ça ?

- Oui, au cas où il y aurait des munitions interdites.

- Au cas où, par hasard, il y aurait des munitions interdites ?

- Oui.

- Et on vous a envoyé un message hier pour vous demander de nettoyer partout, les aires de rebut, les aires abandonnées. Assurez-vous qu'il ne reste rien. Souvenez-vous du premier message : évacuez. »

Tout cela fait partie de leurs tactiques qui consistent à dissimuler, à déplacer, à veiller à ne rien laisser traîner.

Plus loin dans la conversation, on entend les instructions précises qui viennent du quartier général : » - Quand vous aurez exécuté les ordres contenus dans ce message, détruisez-le parce que je veux pas qu'il soit vu par qui que ce soit.

- D'accord.

- Bon. »

Pourquoi ? Pourquoi ? Ce message aurait prouvé aux inspecteurs qu'ils essaient de faire des tours de passe-passe. Ils faisaient des recherches, mais ils ne voulaient pas que le message soit vu parce qu'ils essayaient de nettoyer le secteur, de ne laisser aucune trace de la présence d'armes de destruction massive. Et ils peuvent dire qu'il n'y avait rien, que les inspecteurs peuvent regarder partout et qu'ils ne trouveront rien.

Ces tentatives de dissimulation ne concernent pas un ou deux événements isolés. Bien au contraire, elles s'inscrivent dans la logique d'une politique de dérobade et de fourberie vieille de douze années, une politique arrêtée aux échelons les plus élevés du régime irakien.

Nous savons que Saddam Hussein possède « un comité supérieur de surveillance des équipes d'inspection ». Réfléchissez à cela. L'Irak possède un comité de haut niveau chargé de surveiller les inspecteurs qui ont été envoyés pour surveiller le désarmement de l'Irak. Ce comité est chargé non pas de coopérer avec eux, non pas de les aider, mais de les espionner et de les empêcher de faire leur travail.

Ce comité est relève directement de Saddam Hussein. Il est dirigé par le vice-président de l'Irak, Taha Yassin Ramadan. Au nombre de ses membres figure le fils de Saddam Hussein, Koussaï.

On y note aussi la présence du lieutenant-général Amir al-Sadi, conseiller de Saddam Hussein. Si le nom ne vous dit rien sur le coup, laissez-moi vous rappeler que le général Sadi assure la liaison entre le régime irakien et MM. Blix et El Baradei. C'est le général Sadi qui a affirmé publiquement à l'automne dernier que l'Irak était prêt à coopérer sans conditions avec les inspecteurs. Bien au contraire, la mission du général Sadi consiste non pas à coopérer, mais à tromper ; non pas à désarmer, mais à saper le travail des inspecteurs ; non pas à les soutenir, mais à les circonvenir et à faire en sorte qu'ils n'apprennent rien.

Nous avons appris beaucoup de choses sur le travail de ce comité spécial. Nous avons appris que juste avant le retour des inspecteurs en novembre dernier le régime irakien avait décidé de reprendre « le bon vieux jeu du chat et de la souris », pour citer l'expression que nous avons entendue.

Voyons, par exemple, la déclaration aujourd'hui notoire que l'Irak a soumise au Conseil de sécurité le 7 décembre. L'Irak n'a jamais eu la moindre intention de se plier aux exigences du Conseil. En réalité, l'Irak comptait se servir de cette déclaration pour nous submerger, nous et les inspecteurs, en fournissant donnant des informations inutiles sur les armes auxquelles il a droit afin que nous n'ayons pas le temps de nous occuper de celles qui sont interdites. L'objectif visé par l'Irak consistait à nous faire croire à nous ici présents, à nous membres du Conseil de sécurité, que les inspections aboutissaient.

Vous avez vu le résultat. M. Blix a qualifié la déclaration de 12.200 pages de document riche en volume, mais pauvre en informations, et pratiquement dépourvu de nouveaux éléments. Y a-t-il un membre du Conseil qui puisse en toute honnêteté prendre la défense de cette déclaration mensongère ?

Tout ce que nous avons vu et entendu indique que, au lieu de coopérer activement avec les inspecteurs pour assurer le succès de leur mission, Saddam Hussein et son régime mettent tout en œuvre pour faire en sorte que les inspecteurs ne trouvent absolument rien.

Chers collègues,

Chacune de mes déclarations aujourd'hui est étayée par des sources, des sources solides. Ce ne sont pas des allégations. Ce que nous vous soumettons, ce sont des faits et des conclusions fondées un renseignement solide. Je vais vous citer quelques exemples, ceux-là de source humaine.

Les organismes de sécurité de l'Irak ainsi que les services de Saddam Hussein ont reçu l'ordre de dissimuler toute correspondance avec l'Organisation de l'industrialisation militaire (OIM). Il s'agit de l'organisation qui supervise les activités de l'Irak dans le domaine des armes de destruction massive. Veillez à ce qu'il ne reste aucun document faisant état de vos liens avec l'OIM.

Nous savons que le fils de Saddam Hussein, Koussaï, a ordonné que toutes les armes prohibées soient retirées des nombreux palais de son père. Nous savons que des fonctionnaires irakiens, des membres du parti Baas actuellement au pouvoir et des chercheurs ont dissimulé chez eux des choses prohibées. D'autres dossiers sensibles provenant d'établissements militaires et scientifiques ont été entreposés dans des voitures que des agents des services de renseignement irakiens conduisent actuellement dans les campagnes, afin d'éviter toute détection.

Grâce aux renseignements qui leur ont été fournis, les inspecteurs ont récemment obtenu une confirmation saisissante de ces informations. En fouillant le domicile d'un chercheur nucléaire irakien, ils ont trouvé environ 2.000 pages de documents. Vous les voyez ici, au moment où on les sortait de cette maison pour les remettre à l'ONU. Certains de ces documents sont classés secrets et ont trait au programme nucléaire de l'Irak.

Dites-moi : pour établir la vérité, pour obtenir les informations dont ils ont besoin pour répondre aux exigences du Conseil, les inspecteurs doivent-ils passer au peigne fin le domicile de tous les fonctionnaires, de tous les membres du parti Baas et de tous les chercheurs du pays ?

Nos sources nous ont informé que, dans certains cas, les disques durs des ordinateurs des installations d'armes irakiennes avaient été remplacés. Qui a pris ces disques durs ? Où sont-ils ? Que dissimule-t-on ? Pourquoi ? Il n'y a qu'une seule réponse à ce « pourquoi » : pour tromper, pour dissimuler, pour [les] mettre hors de portée des inspecteurs.

De nombreux informateurs nous disent que les Irakiens déplacent non seulement des documents et des disques durs mais aussi des armes de destruction massive pour que les inspecteurs ne les voient pas. L'automne dernier, pendant que nous débattions dans la salle de ce Conseil de la résolution 1441, nous savons - d'après nos sources - qu'une brigade de missiles située à la périphérie de Bagdad transférait en différents lieux des lance-roquettes et des ogives contenant des agents biologiques de guerre, afin de les éparpiller dans l'ouest de l'Irak.

La plupart des lance-roquettes et des têtes militaires ont été dissimulés dans de grandes palmeraies et devaient être transférés à intervalles réguliers - allant d'une à quatre semaines - afin de ne pas être détectés.

Nous avons également des photos prises par satellite qui indiquent que du matériel prohibé a été récemment retiré d'un certain nombre d'installations irakiennes d'armes de destruction massive pour être transféré ailleurs.

Avant de vous présenter des photos prises par satellite, permettez-moi de dire à ce sujet quelques mots. Il est parfois difficile pour le commun des mortels, pour moi, d'interpréter les photos que je vais vous montrer. Le travail minutieux de l'analyse photographique ne peut être effectué que par des spécialistes ayant à leur actif de longues années d'expérience, qui scrutent des heures durant des photos placées sur des pupitres lumineux. Mais en vous montrant ces images, je vais essayer de mettre en évidence et d'expliquer ce qu'elles signifient, ce qu'elles indiquent à nos spécialistes de l'imagerie.

Regardons l'une d'entre elles. Il s'agit d'une installation de munitions pour armement, une installation où sont entreposées des munitions, dans un lieu qui a pour nom Taji. Il existe environ 65 sites de ce type en Irak. Nous savons que celui-ci a abrité des munitions chimiques. C'est d'ailleurs à cet endroit que les Irakiens ont produit les quatre obus chimiques supplémentaires.

Vous voyez ici, indiqués en jaune et en rouge, 15 bunkers contenant des munitions. Les 4 qui sont signalés par un carré rouge sont des bunkers de munitions chimiques en activité.

Comment est-ce que je le sais ? Comment est-ce que je peux l'affirmer ? Regardons de plus près. Regardez l'image de gauche. Vous verrez, à gauche, un gros plan de l'un des 4 bunkers contenant des munitions chimiques. Les deux flèches indiquent la présence d'indices confirmant avec certitude que les bunkers contiennent des munitions chimiques. La flèche du haut, là où est écrit « sécurité », désigne une installation qui est caractéristique de ce type de bunker. À l'intérieur de cette installation se trouvent des gardes spéciaux et du matériel spécial permettant de détecter toute fuite éventuelle. Le camion que vous voyez est également caractéristique. C'est un véhicule de décontamination présent au cas où se produirait un accident. C'est ce qui permet d'identifier ces quatre bunkers. Le dispositif spécial de sécurité et le véhicule de décontamination se trouvent dans cette zone, à l'un ou l'autre des 4 bunkers, ils passent de l'un à l'autre et se déplacent en fonction des besoins, à mesure que les gens travaillent dans l'un ou l'autre des bunkers.

Regardez maintenant l'image de droite. Vous voyez maintenant 2 de ces bunkers après leur nettoyage. Les véhicules caractéristiques ne sont plus là, les tentes non plus. Le site a été nettoyé. Et cela a été fait le 22 décembre, alors que l'équipe d'inspection de l'ONU Unies arrivait ; vous voyez les véhicules des inspecteurs arriver en bas de l'image de droite. Les bunkers ont été nettoyés lorsque les inspecteurs arrivent. Ils n'ont rien trouvé.

Cette succession d'événements laisse craindre que l'Irak ait été prévenu des inspections qui allaient être menées à Taji. Nous savons que, tout comme dans les années 1990, l'Irak fait aujourd'hui activement appel aux vastes capacités de ses services de renseignements pour dissimuler ses activités illicites. D'après nos sources, nous savons que les inspecteurs sont constamment sous la surveillance d'une armée d'agents de renseignement irakiens. L'Irak essaie sans relâche d'intercepter toutes leurs communications, vocales ou électroniques. Je souhaite signaler à l'attention de mes collègues le document très intéressant que le Royaume-Uni a distribué hier et qui décrit avec force détails les activités menées par l'Irak à des fins de tromperie.

Dans l'exemple que je vais maintenant vous présenter, vous allez voir le type de dissimulations auquel a eu recours l'Irak depuis la reprise des inspections. C'est d'ailleurs en novembre 2002, alors même que les inspections étaient sur le point de reprendre, que ce type d'activités s'est considérablement intensifié. En voici trois exemples.

Sur ce site de missiles balistiques, le 10 novembre, nous avons vu un camion se préparant à transporter des composants de missiles balistiques.

Sur ce site lié aux armes biologiques, le 25 novembre, deux jours seulement avant la reprise des inspections, est apparu ce convoi de camions, phénomène que nous n'avions quasiment jamais vu sur ce site et que nous avons suivi avec attention et régularité.

À cette même installation de missiles balistiques, deux jours avant le début des inspections, 5 gros camions sont apparus, ainsi qu'une grue montée sur un camion, pour transférer des missiles.

Nous avons assisté à ce type de nettoyage sur une trentaine de sites. Quelques jours plus tard, les véhicules et l'équipement que je viens de mentionner ont disparu, et les activités du site sont revenues à la normale. Nous ne savons pas exactement ce que l'Irak déplaçait, mais les inspecteurs connaissaient déjà ces sites,et l'Irak savait donc qu'ils s'y rendraient.

Nous devons nous poser la question suivante : pourquoi est-ce que l'Irak déciderait soudainement de transférer du matériel de cette nature avant les inspections si le gouvernement souhaitait à tout prix prouver ce qu'il a ou ce qu'il n'a pas ?

Revenons à la première conversation interceptée, au cours de laquelle deux Irakiens disaient qu'il fallait cacher aux inspecteurs un véhicule modifié. Où est-ce que l'Irak a emmené tout cet équipement ? Pourquoi est-ce que cela n'a pas été présenté aux inspecteurs ?

L'Irak a également refusé d'autoriser les vols des avions de reconnaissance U-2 qui auraient permis aux inspecteurs de mieux comprendre ce qui a été transféré avant, pendant et après les inspections. Ce refus d'autoriser ce type de reconnaissance constitue une violation directe et spécifique du paragraphe 7 de la résolution 1441.

Saddam Hussein et son gouvernement n'essaient pas seulement de dissimuler des armes ; ils essaient également de cacher des personnes. Vous connaissez les principaux faits. L'Irak n'a pas respecté l'obligation qui lui incombait en vertu de la résolution 1441 de permettre d'accéder immédiatement, sans entrave, sans restriction et en toute confidentialité à tous les fonctionnaires et autres personnes. Le régime n'autorise que les entretiens avec les inspecteurs qui se déroulent en présence d'un fonctionnaire irakien, un surveillant. L'organisation irakienne officiellement chargée de faciliter les inspections a annoncé publiquement et de façon menaçante : « Personne n'est prêt à quitter l'Irak pour être interviewé. »

Le vice-président irakien Ramadan a accusé les inspecteurs de faire de l'espionnage, menace implicite selon laquelle toute personne coopérant avec les inspecteurs de l'ONU serait coupable de trahison.

L'Irak ne s'est pas acquitté de l'obligation qui lui incombait en vertu de la résolution 1441 de fournir la liste complète des chercheurs liés à ses programmes d'armes de destruction massive. La liste de l'Irak n'était pas à jour et ne contenait qu'environ 500 noms, alors que l'UNSCOM avait auparavant recensé environ 3.500 noms.

Permettez-moi simplement de vous répéter ce que nous ont dit un certain nombre de sources. Saddam Hussein a directement participé aux efforts visant à empêcher tout entretien. Au début du mois de décembre, il a averti tous les chercheurs irakiens des graves conséquences qu'eux-mêmes et leur famille auraient à subir s'ils révélaient aux inspecteurs des informations confidentielles. Ils ont été contraints de signer des documents stipulant que la divulgation d'informations serait passible de la peine de mort.

Saddam Hussein a également déclaré qu'il faudrait dire aux chercheurs de refuser de sortir d'Irak ; toute personne acceptant d'être interviewée en dehors de l'Irak serait traitée comme un espion. Ceci est une violation de la résolution 1441.

À la mi-novembre, juste avant le retour des inspecteurs, des spécialistes irakiens ont reçu l'ordre de se présenter au siège de l'Organisation spéciale de sécurité afin de suivre une formation au contre-renseignement. Cette formation a principalement porté sur les méthodes d'esquive, les techniques de résistance à l'interrogation et les diverses façons d'induire en erreur les inspecteurs.

Mesdames et messieurs,

Il ne s'agit pas là de simples affirmations. Il s'agit de faits, corroborés par de nombreuses sources, dont certaines proviennent des services de renseignement d'autres pays.

Par exemple, à la mi-décembre, les spécialistes en armes d'un site ont été remplacés par des agents des services de renseignements irakiens qui avaient pour mission d'induire en erreur les inspecteurs quant aux travaux menés sur ce site. Sur ordre de Saddam Hussein, les fonctionnaires irakiens ont établi un faux certificat de décès pour un chercheur, qui est ensuite passé dans la clandestinité.

À la mi-janvier, sur un site lié aux armes de destruction massive, ces spécialistes ont reçu l'ordre de rester chez eux afin d'éviter les inspecteurs. Des employés d'autres installations militaires irakiennes ne travaillant pas sur des projets d'armes illicites devaient remplacer les employés qui étaient restés chez eux. Une douzaine de spécialistes ont été mis en résidence surveillée - non pas chez eux, mais, en groupe, dans l'une des résidences de Saddam Hussein.

Les exemples sont très nombreux. Comme l'indiquent ceux que je viens de vous présenter, les informations et les renseignements que nous avons recueillis témoignent de l'effort résolu et systématique entrepris par le gouvernement irakien afin de mettre du matériel et des personnes clés hors de portée des inspecteurs, au mépris pur et simple de la résolution 1441.

Il ne s'agit pas simplement d'une coopération réticente, ni d'un manque de coopération. Ce que nous observons est une stratégie délibérée visant à empêcher toute véritable inspection.

Chers collègues,

Le paragraphe 4 de la résolution 1441 de l'ONU, sur lequel nous nous sommes si longtemps attardés à l'automne dernier, stipule clairement que la présentation d'informations fausses ou l'existence d'omissions dans les déclarations et le fait de ne pas se conformer à tout moment à la présente résolution et de ne pas coopérer pleinement à son application - les faits se passent de commentaires - constitueront une nouvelle violation substantielle des obligations de l'Irak.

Nous l'avons ainsi libellé afin de tester l'Irak dès le début. Fournirait-il une déclaration honnête, manifesterait-il très tôt sa volonté de coopérer avec les inspecteurs ? Ce paragraphe conçu de façon à constituer un test initial. L'Irak a raté ce test.

Du fait de cette norme, de la norme établie par ce paragraphe-clé, je suis convaincu que l'Irak est maintenant en état de violation substantielle de ses obligations. Je crois que cette conclusion est irréfutable et indéniable. L'Irak s'est mis en danger de subir les graves conséquences prévues par la résolution 1441 de l'ONU. Et cette institution risque de ne plus avoir de raison d'être si elle laisse l'Irak continuer à défier sa volonté sans réagir efficacement et immédiatement.

La question qui se pose à nous n'est pas de savoir combien de temps nous sommes prêts à donner aux inspecteurs pour se heurter aux obstructions irakiennes, mais combien de temps nous allons tolérer le comportement de l'Irak avant de déclarer, en tant que Conseil de sécurité, en tant que Nations unies : cela suffit. La gravité du moment n'a d'égale que celle de la menace que représentent pour le monde entier les armes de destruction massive de l'Irak.

Permettez-moi maintenant d'aborder le dossier de ces programmes d'armements mortels et de vous expliquer pourquoi ils constituent un danger réel et immédiat pour la région et pour le monde.

Premièrement, prenons les armes biologiques. Nous en avons souvent parlé ici. Afin de replacer les choses dans leur contexte, j'aimerais rappeler trois faits. Premièrement, vous vous souviendrez qu'il a fallu à l'UNSCOM quatre longues années, quatre années frustrantes, pour amener l'Irak à admettre qu'il détenait des armes biologiques. Deuxièmement, lorsque, en 1995, l'Irak a enfin admis être doté de ces armes, les quantités étaient énormes. Moins d'une cuillère à café de bacille du charbon en poudre, c'est très peu - à peu près ceci. À l'automne 2001, il a suffi de moins d'une cuillère à café de bacille du charbon dissimulé dans une enveloppe pour fermer le Sénat des États-Unis.

Cela a forcé plusieurs centaines de personnes à subir un traitement médical d'urgence et a tué deux employés des postes. Il a suffi de cette quantité, de cette petite quantité dissimulée dans une enveloppe.

L'Irak a déclaré 8.500 litres de bacille du charbon. Mais l'UNSCOM estime que Saddam Hussein a pu en produire 25.000 litres. Cette quantité, concentrée comme ceci sous forme de poudre, suffirait à remplir des dizaines de milliers de cuillères à café. Or, Saddam Hussein n'a même pas inventorié de façon fiable ne serait-ce qu'une seule cuillère à café de cette substance mortelle. Là est mon troisième argument, et il est crucial. Les Irakiens n'ont jamais inventorié les armes biologiques qu'ils ont reconnu avoir accumulées et dont nous savions qu'ils disposaient.

Ils n'ont jamais non plus rendu compte des substances organiques utilisées pour les fabriquer. Pas plus qu'ils n'ont inventorié les nombreuses armes remplies de ces substances, dont on sait qu'elles sont au nombre de 400. Il y a des preuves ; ce ne sont pas des conjectures. C'est la vérité, et il y a de nombreuses preuves à l'appui.

M. Blix a dit au Conseil de sécurité que l'Irak avait donné peu d'indices permettant de vérifier la production de bacille du charbon, et aucune preuve convaincante de sa destruction. Depuis que Saddam Hussein a expulsé les inspecteurs en 1998, nous avons amassé de nombreux renseignements indiquant que l'Irak continue de fabriquer ces armes, ce qui ne devrait surprendre personne.

L'un des éléments les plus préoccupants qui ressort de l'épais dossier que les services de renseignements ont accumulé sur les armes biologiques de l'Irak, est l'existence d'installations mobiles de production affectées à la mise au point d'agents biologiques.

Permettez-moi d'ouvrir pour vous ce dossier de renseignements et de partager avec vous ce que nous savons d'après des témoins oculaires. Nous avons des descriptions de première main d'usines de fabrication d'armes biologiques montées sur roue et sur rail.

Les camions et les wagons de chemin de fer se déplacent facilement et sont conçus de façon à échapper à la détection des inspecteurs. En l'espace de quelques mois, ces installations peuvent produire des quantités de poison biologique égales aux quantités totales que l'Irak prétendait avoir fabriquées durant les années qui ont précédé la guerre du Golfe.

Le programme irakien de production mobile a commencé au milieu des années 1990, mais, à l'époque, les inspecteurs de l'ONU n'avaient qu'une vague connaissance de tels programmes. On en a eu la confirmation plus tard, en 2000. La source est un témoin, un ingénieur chimiste irakien qui était à la tête de l'une de ces installations. Il était présent lors des cycles de production d'agents biologiques. Il était également sur place lorsqu'il y a eu un accident en 1998. Douze techniciens trouvèrent la mort après avoir été au contact d'agents biologiques.

Il a indiqué que lorsque l'UNSCOM était dans le pays en train de faire des inspections, la production d'agents biologiques commençait toujours le jeudi à minuit, parce que l'Irak pensait que l'UNSCOM ne viendrait pas inspecter le jour de prière des musulmans, du jeudi soir au vendredi en fin de journée.

Il a précisé que ce fait était important parce que les unités ne pouvaient pas être démantelées en plein milieu d'un cycle de production, lequel devait être achevé d'ici au vendredi soir, avant que les inspecteurs ne reviennent.

Ce transfuge vit à l'heure actuelle dans un autre pays, dans la certitude que Saddam Hussein le tuera s'il le retrouve. Son témoignage au sujet de ces installations mobiles de production a été confirmé par d'autres sources.

Il y a une deuxième source. Un ingénieur civil irakien à même de connaître les détails du programme a confirmé l'existence de structures mobiles installées dans des remorques.

Une troisième source, également bien placée pour savoir, a signalé que, durant l'été 2002, l'Irak avait fabriqué des systèmes mobiles de production installés dans des remorques de camions et dans des wagons de chemin de fer.

Enfin, une quatrième source. Un général irakien qui a fait défection a confirmé que l'Irak avait des laboratoires mobiles de recherche biologique en plus des installations de production que je viens de mentionner.

Nous avons fait un schéma d'après ce que les sources nous ont décrit de ces installations mobiles. Vous voyez ici deux installations mobiles montées sur un camion et sur un wagon de chemin de fer. Les descriptions que nous ont fournies nos sources au sujet des caractéristiques techniques de ces installations sont très détaillées et extrêmement précises.

Comme ces schémas, fondés sur leurs descriptions, vous le montrent, nous savons à quoi ressemblent les fermenteurs. Nous savons à quoi ressemblent les réservoirs, les pompes, les compresseurs et autres éléments. Nous savons comment ils sont assemblés, nous savons comment ils fonctionnent, et nous avons beaucoup appris au sujet des plateformes sur lesquelles ils sont montés.

Comme vous le voyez sur ce schéma, ces structures peuvent facilement être dissimulées - il suffit de les transporter dans des camions et dans des wagons anodins le long des milliers de kilomètres de routes et de voies ferrées de l'Irak, ou de les stationner dans un garage ou un entrepôt, ou encore quelque part dans le vaste réseau irakien de tunnels et de bunkers souterrains.

Nous savons que l'Irak possède au moins 7 de ces usines mobiles de fabrication d'agents biologiques. Celles qui sont installées dans des camions comprennent au moins 2 ou 3 camions chacune. Cela signifie que les installations mobiles de production sont peu nombreuses, peut-être 18 camions dont nous avons connaissance. Il y en a peut-être plus. Mais nous avons connaissance de 18. Imaginez la difficulté d'essayer de repérer 18 camions parmi les milliers de camions qui sillonnent les routes de l'Irak chaque jour.

Il a fallu quatre ans aux inspecteurs pour trouver que l'Irak fabriquait des agents biologiques. Combien de temps pensez-vous qu'il leur faudra pour trouver ne serait-ce que l'un de ces 18 camions si l'Irak ne fournit pas, comme il est supposé le faire, les informations concernant ce type d'installations ?

Mesdames et Messieurs,

Il s'agit là d'installations perfectionnées. Elles peuvent produire, par exemple, du bacille du charbon et de la toxine botulique. En fait, elles peuvent produire en un seul mois suffisamment d'agent biologique lyophilisé pour tuer des centaines de milliers de personnes. Un agent lyophilisé comme celui-ci est la forme la plus mortelle pour l'être humain.

Dès 1998, les experts de l'ONU ont conclu que les Irakiens avaient perfectionné les techniques de lyophilisation pour leurs programmes d'armement biologique. L'Irak a maintenant appliqué ce savoir-faire aux installations mobiles de production.

Nous savons, d'après les aveux précédents de l'Irak, qu'il a réussi à transformer en arme non seulement le bacille du charbon, mais aussi la toxine botulique, l'aflatoxine et le ricin. Mais les efforts de recherche de l'Irak ne se sont pas arrêtés là.

Saddam Hussein a fait des recherches sur des dizaines d'agents biologiques pouvant causer diverses maladies, telles que la gangrène gazeuse, la peste, le typhus, le tétanos, le choléra, la variole du chameau et la fièvre hémorragique. Il a également les moyens de mettre au point le virus de la variole.

Le gouvernement irakien a en outre mis au point des moyens de disperser des agents biologiques mortels à grande échelle et sans distinction, dans les réseaux d'alimentation en eau et dans l'atmosphère. Par exemple, l'Irak avait un programme de modification des réservoirs de carburant des chasseurs Mirage. Cette vidéo d'un vol d'essai irakien obtenue par l'UNSCOM il y a quelques années montre un chasseur irakien de type Mirage F-1. Observez le jet atomisé qui sort de sous le Mirage. Ce sont 2.000 litres de bacille du charbon factice que l'avion est en train de pulvériser.

En 1995, un officier de l'armée irakienne, Mujahid Saleh Abdul Latif, a dit aux inspecteurs que l'Irak avait l'intention de monter ces réservoirs à pulvérisation sur un MIG-21 qui avait été transformé en avion sans pilote. Des véhicules aériens sans pilote équipés de réservoirs à pulvérisation constituent une méthode idéale de lancer une attaque terroriste au moyen d'armes biologiques.

L'Irak a admis avoir fabriqué quatre réservoirs à pulvérisation, mais, à ce jour, il n'a fourni aucune preuve crédible de leur destruction, preuve pourtant exigée par la communauté internationale.

Il ne peut faire aucun doute que Saddam Hussein a des armes biologiques et qu'il a la capacité d'en produire rapidement beaucoup plus. Il a également la capacité de disperser ces poisons et ces maladies mortels de façon à causer des pertes et une destruction de grande ampleur.

Si l'évocation des armes biologiques semble terrifiante, celle des armes chimiques l'est tout autant. La COCOVINU a déjà beaucoup développé ce dossier, et vous pouvez tous lire le rapport bien étoffé que l'UNSCOM a publié en 1999 à ce sujet. Permettez-moi de resituer les choses dans leur contexte par trois éléments clés que nous devons tous garder à l'esprit. Premièrement, Saddam Hussein a utilisé ces armes horribles contre un autre pays et contre son propre peuple. En fait, si l'on considère l'histoire de la guerre chimique, depuis la Première Guerre mondiale, aucun pays n'a acquis plus d'expérience que l'Irak avec des armes chimiques sur le champ de bataille. Deuxièmement, comme dans le cas des armes biologiques, Saddam Hussein n'a jamais inventorié ses vastes quantités d'armement chimique : 550 obus d'artillerie équipés d'ypérite, 30.000 munitions vides et suffisamment de précurseurs pour porter son arsenal à 500 tonnes d'agents chimiques.

Il suffit de considérer une catégorie d'armes non répertoriées, les 6.500 bombes de la guerre irano-irakienne. Selon la COCOVINU, elles contiennent jusqu'à 1.000 tonnes d'agents chimiques.

On ne sait pas aujourd'hui ce qu'il est advenu des ces quantités d'armes chimiques. M. Blix a dit de façon sarcastique : « L'ypérite n'est pas de la confiture d'oranges. Vous devez savoir ce que vous en avez fait. » Nous sommes convaincus que Saddam Hussein sait ce qu'il en a fait et qu'il n'a pas été sincère avec la communauté internationale.

Nous avons des preuves que ces armes ont existé. Ce que nous n'avons pas, c'est la preuve, fournie par l'Irak, qu'elles ont été détruites, ou encore une indication de l'endroit où elles se trouvent. C'est ce que nous attendons toujours.

Troisième point, les déclarations de l'Irak au sujet des armes chimiques sont un tissu de mensonges. Il a fallu des années pour que l'Irak admette enfin qu'il avait produit 4 tonnes d'agent neurotoxique mortel VX. Une seule goutte de VX sur la peau tue en quelques minutes. Imaginez 4 tonnes. Cet aveu n'est intervenu qu'après que les inspecteurs eurent rassemblé des preuves dans la foulée de la défection de Hussein Kamel, le gendre de Saddam Hussein, qui est mort entre temps.

L'UNSCOM a obtenu des preuves relevant de l'expertise médico-légale que l'Irak a produit du VX et l'a chargé dans des ogives. Mais, à ce jour, l'Irak nie avoir jamais utilisé du VX à des fins d'armement. Et, le 27 janvier, la COCOVINU a indiqué au Conseil de sécurité qu'elle avait des informations contradictoires par rapport à ce que disait l'Irak à propos de son programme VX.

Nous savons que l'Irak a intégré à son industrie civile légitime des éléments clés de l'infrastructure liée à son programme illicite d'armes chimiques. Par tous ses signes extérieurs, même aux yeux de spécialistes, l'infrastructure ressemble à une installation civile ordinaire. Une production illicite ou légitime peut être conduite parallèlement ou, en un instant, cette infrastructure à double usage peut passer d'un usage clandestin à un usage commercial et vice-versa.

Il est improbable que ces inspections, que n'importe quelle inspection de ces installations, ne mettent à jour quoi que ce soit d'interdit, notamment si leurs responsables ont été avertis que les inspecteurs arrivaient. Dites que c'est ingénieux ou que c'est le génie du diable, mais les Irakiens ont délibérément conçu leurs programmes d'armes chimiques pour qu'ils soient inspectés. C'est une infrastructure qui a un allié incorporé.

Sous le couvert d'une infrastructure à double usage, l'Irak a mis en œuvre un effort visant à reconstituer les installations qui étaient étroitement liées à son ancien programme de mise au point et de production d'armes chimiques. L'Irak a, par exemple, reconstruit des éléments clés de son complexe d'usines Tariq, qui comprend des installations conçues spécifiquement pour le programme irakien d'armes chimiques et emploie les principaux responsables attachés aux programmes antérieurs.

C'est là la partie production des projets de Saddam Hussein en ce qui concerne les armes chimiques. Qu'en est-il de la partie acheminement ? Je vais vous montrer une petite partie d'un complexe d'usines chimiques appelé « Al-Musayyib », un site que l'Irak a utilisé pendant au moins trois ans pour transférer des armes chimiques entre les usines de fabrication et les destinataires de ces armes. En mai 2002, nos satellites ont photographié les activités inhabituelles que montre cette photographie.

Là, nous voyons que des camions se trouvent encore à ce point de transfert, et nous pouvons voir qu'ils sont accompagnés d'un véhicule de décontamination, véhicule que l'on lie généralement à des activités relatives aux armes biologiques ou chimiques. Ce qui donne de l'importance à cette photographie, c'est qu'une source humaine a confirmé que des déplacements d'armes chimiques ont eu lieu sur ce site à ce moment-là. La photographie et les connaissances d'une personne se conjuguent ainsi pour prouver les faits.

Cette photographie du site prise deux mois plus tard, en juillet, montre non seulement le site observé précédemment que l'on voit au centre, en haut de la photographie, à côté du signe indiquant la présence d'un bulldozer, elle montre aussi que toutes les installations qui se trouvaient sur l'ancien site, comme sur tous les sites se trouvant autour, ont été rasées et le terrain aplani. La première couche de terre a été enlevée. Les Irakiens ont littéralement enlevé la croûte terrestre sur de grandes parties de ce site afin de dissimuler les preuves des armes chimiques qui auraient été décelables après des années d'activités liées à ces armes.

Afin d'appuyer ses programmes d'armes biologiques et chimiques mortelles, l'Irak se procure les articles dont il a besoin auprès d'un vaste réseau clandestin dispersé dans le monde entier. Ce que nous savons provient en grande partie de communications interceptées et de sources humaines bien placées pour connaître les faits.

L'Irak s'est efforcé d'obtenir du matériel qui peut filtrer et séparer des micro-organismes et des toxines liées aux armes biologiques, de l'équipement qui peut être utilisé afin de concentrer la substance, des cultures qui peuvent servir à la production continue du bacille du charbon et de la toxine botulique, du matériel de stérilisation destiné aux laboratoires, des réacteurs blindés de verre, des pompes particulières que l'on peut utiliser pour les substances très corrosives, des précurseurs dont de grandes quantités de chlorure de thionyl - précurseur de substances neurotoxiques ou vésicantes -, ou encore d'autres substances chimiques telles que du sulfure de sodium, un important précurseur de l'ypérite.

L'Irak peut bien sûr arguer que ces produits peuvent aussi être utilisés à des fins légitimes. Mais, si c'était le cas, pourquoi sommes-nous informés de leur existence en interceptant des communications et en risquant la vie d'agents humains ?

Étant donné la documentation détaillée que l'on possède sur les armes biologiques et chimiques de l'Irak, pourquoi quiconque d'entre nous devrait donner à l'Irak le bénéfice du doute ? En tout cas, pas moi. Et je ne pense pas que vous le ferez non plus après avoir entendu la conversation interceptée qui va vous être présentée.

Il y a quelques semaines seulement, nous avons intercepté des communications entre deux commandants du deuxième corps de la garde républicaine irakienne. Un commandant va donner une instruction à un autre. Vous allez entendre, alors que la conversation se déroule, que ce qu'il a à communiquer à l'autre officier, il veut être certain que celui-ci l'entendre clairement - il va même jusqu'à répéter - de façon à ce qu'il puisse le noter par écrit et bien le comprendre. Ecoutez.

(Passage de la bande enregistrée)

Passons si vous voulez en revue quelques points de cette conversation. Deux officiers communiquant entre eux par radio veulent être certains que rien ne soit ambigu.

« - Supprimez.

- Supprimez.

- Les termes

- Les termes. D'accord.

- Agents neurotoxiques.

- Agents neurotoxiques.

- Chaque fois qu'ils reviendront.

- D'accord. Chaque fois qu'ils reviendront.

- Dans les instructions radio.

- Dans les instructions.

- Correction. Non, dans les instructions radio.

- Radio. D'accord. »

Pourquoi répète-t-il ses instructions de cette façon ? Pourquoi insiste-t-il autant pour que ce soit bien compris ? Et pourquoi se concentre-t-il sur les instructions radio ? C'est parce que le gradé a peur que quelqu'un puisse être à l'écoute. Eh bien, quelqu'un l'était.

« Agents neurotoxiques ». « Arrêtez d'en parler ». « Ils nous écoutent. Ne donnez pas les preuves que nous avons ces terribles substances ». Mais nous savons bien qu'ils en ont,et ce genre de conversation le prouve.

Au bas mot, nous pensons que l'Irak a aujourd'hui une réserve d'éléments pour armes chimiques qui se situe entre 100 et 500 tonnes. C'est une quantité suffisante pour charger 16.000 fusées de guerre. Même la plus faible quantité - 100 tonnes - de ces éléments permettrait à Saddam Hussein de faire un nombre incalculable de morts dans une zonerant plus de 250 kilomètres carrés, soit une zone près de cinq fois plus grande que Manhattan.

Permettez-moi de vous rappeler les ogives chimiques de 122 mm que les inspecteurs de l'ONU ont trouvées récemment. Cette découverte pourrait bien être la pointe d'un iceberg submergé.

La question que nous devrions tous nous poser est : quand verrons-nous le reste de l'iceberg submergé ?

Saddam Hussein a des armes chimiques. Saddam Hussein a utilisé de telles armes. Et Saddam Hussein n'aurait aucun scrupule à les utiliser encore - contre ses voisins et contre son propre peuple. Nous avons des sources qui nous disent qu'il a récemment autorisé ses commandants sur le terrain à les utiliser. Il ne donnerait pas de tels ordres s'il n'avait pas les armes ou l'intention de les utiliser.

Nous avons aussi des sources qui nous disent que depuis les années 1980, le gouvernement de Saddam Hussein a conduit des expériences sur des êtres humains afin de perfectionner ses armes biologiques et chimiques. Selon une source, 1.600 condamnés à mort ont été transférés en 1995 dans une unité spéciale aux fins de telles expériences.

Un témoin a vu des prisonniers attachés sur des lits, qui étaient l'objet d'expériences. Du sang coulait aux commissures de leurs lèvres. Des autopsies étaient ensuite effectuées pour confirmer les effets de ces expériences.

L'humanité, l'inhumanité, de Saddam Hussein, n'a pas de limites.

Je vais maintenant parler des armes nucléaires. Nous n'avons aucune preuve que Saddam Hussein ait à aucun moment abandonné son programme d'armes nucléaires. Au contraire, nous avons plus de dix années de preuves qu'il reste bien décidé à acquérir des armes nucléaires.

Pour être en mesure de vraiment apprécier le défi auquel nous nous heurtons aujourd'hui, souvenez-vous qu'en 1991 les inspecteurs avaient pour la première fois perquisitionné dans les installations principales d'armes nucléaires et qu'ils n'avaient rien trouvé leur permettant de conclure que l'Irak avait un programme d'armes nucléaires. Mais, en se fondant sur des informations fournies par des transfuges, en mai 1991, le mensonge de Saddam Hussein a été exposé. En vérité, Saddam Hussein avait un vaste programme d'armes nucléaires clandestin qui couvrait plusieurs techniques différentes d'enrichissement de l'uranium, notamment la séparation isotopique électromagnétique, la centrifugation gazeuse, la diffusion gazeuse.

Nous estimons que ce programme illicite coûte aux Irakiens plusieurs milliards de dollars. Il n'empêche que l'Irak continue à dire à l'AIEA qu'il n'a aucun programme d'armes nucléaire. Si l'on n'avait pas mis fin aux activités de Saddam Hussein dans ce domaine, l'Irak aurait pu produire une bombe nucléaire avant 1993, de nombreuses années avant que ne l'indiquaient les pires prévisions faites avant la guerre.

En 1995, à la suite d'indications fournies par un autre transfuge, nous avons découvert qu'après son invasion du Koweït, Saddam Hussein avait mis en œuvre un programme intensif afin de fabriquer des armes nucléaires peu perfectionnées, en infraction aux obligations qu'a l'Irak envers les Nations unies. Saddam Hussein possède déjà deux des trois éléments clés nécessaires pour fabriquer une bombe nucléaire. Il dispose d'un groupe de scientifiques nucléaires qui ont l'expérience nécessaire et il a les plans d'une bombe.

Depuis 1998, les efforts qu'il a menés pour reconstituer son programme nucléaire se sont concentrés sur l'acquisition du troisième et dernier élément : suffisamment de matières fissiles pour produire une explosion nucléaire. Pour fabriquer ces matières fissiles, il lui faut se constituer les moyens d'enrichir l'uranium. Saddam Hussein est bien décidé à mettre les mains sur une bombe nucléaire.

Il est tellement déterminé qu'il a, à de nombreuses reprises, essayé d'acquérir des tubes d'aluminium renforcé auprès de 11 pays, même après la reprise des inspections. Ces tubes tombent sous le contrôle du groupe des fournisseurs nucléaires (GFN) précisément parce qu'ils peuvent être utilisés dans les centrifugeuses pour enrichir l'uranium.

Aujourd'hui, pratiquement tout le monde a entendu parler de ces tubes et nous savons qu'il existe des divergences d'opinion. L'utilisation qui est prévue pour ces tubes est sujette à controverse. La plupart des spécialistes américains pensent qu'ils sont destinés à être utilisés en tant que rotor dans les centrifugeuses servant à enrichir l'uranium. D'autres spécialistes, et les Irakiens aussi, affirment qu'ils servent à la confection de l'armature de roquettes pour une arme classique : un lance-roquettes.

Je vais vous dire ce qui n'est pas sujet à controverse à propos de ces tubes. Premièrement, tous les spécialistes qui ont analysé les tubes en notre possession s'accordent à dire qu'ils peuvent être adaptés pour être utilisés dans les centrifugeuses.

Deuxièmement, l'Irak n'est nullement justifié de les acheter, quel que puisse être leur emploi. Ils sont interdits pour l'Irak. Je ne suis pas un spécialiste en tubes de centrifugeuses, mais je suis un vieux soldat. Je peux vous dire une chose ou deux.

Tout d'abord, je trouve bizarre que ces tubes aient été fabriqués en tenant compte d'un critère de tolérance qui excède de loin les critères recommandés par les États-Unis pour des roquettes comparables. Peut-être les Irakiens fabriquent-ils leurs armes classiques en adoptant des normes plus élevées que nous ne le faisons, mais cela me surprendrait.

Deuxièment, nous avons effectivement examiné des tubes provenant de plusieurs lots différents qui avaient été clandestinement saisis avant de parvenir à Bagdad. Nous avons noté, dans ces divers lots, une progression vers des niveaux de plus en plus élevés de spécificité technique, y compris, dans le dernier lot, un revêtement anodique sur des surfaces extérieures et intérieures extrêmement lisses.

Pourquoi continueraient-ils à perfectionner ces caractéristiques ? Pourquoi continuer à se donner tant de mal pour un engin qui, s'il s'agissait d'une roquette, volerait en éclats à son lancement ?

Les tubes d'aluminium ne sont qu'un aspect de cette affaire. Nous sommes également en possession de renseignements de sources multiples selon lesquels l'Irak est en train d'acquérir des aimants et des régulateurs à grande vitesse. Ces deux articles peuvent être utilisés dans un programme de centrifugation au gaz pour enrichir l'uranium.

En 1999 et 2000, les dirigeants irakiens ont négocié avec des sociétés de Roumanie, d'Inde, de Russie et de Slovénie en vue de l'achat d'une fabrique d'aimants. L'Irak voulait que l'usine produise des aimants pesant de 20 à 30 grammes. C'est le poids des aimants qui étaient utilisés dans le programme de centrifugation de l'Irak avant la guerre du Golfe.

Cette affaire, liée à celle des tubes, est un nouvel indice des efforts faits par l'Irak pour reconstituer ses programmes d'armes nucléaires.

Des communications interceptées du milieu de 2000 à l'été dernier ont montré que des sociétés irakiennes de façade tentaient de se procurer des machines susceptibles d'être utilisées pour équilibrer les rotors de centrifugation au gaz. L'une de ces sociétés a également été mêlée à une vaine tentative faite en 2001 pour introduire clandestinement des tubes d'aluminium en Irak.

Cette question va continuer à faire l'objet de controverse, mais il n'y a aucun doute dans mon esprit. Ces efforts d'acquisition illicite montrent que Saddam Hussein est tout à fait résolu à mettre en place les principaux éléments de son programme d'armes nucléaires, à acquérir les moyens de produire de la matière fissile.

Il s'emploie également à conserver les autres principaux éléments de son programme nucléaire, en particulier son groupe de scientifiques nucléaires. Il est intéressant de noter que, au cours des dix huit derniers mois, Saddam Hussein a accordé une attention personnelle croissante aux principaux scientifiques nucléaires irakiens, un groupe que la presse d'obédience gouvernementale qualifie ouvertement de « moudjahidines nucléaires ». Il les exhorte régulièrement et les félicite de leurs progrès. Des progrès vers quel but ?

Il y a des années de cela, le Conseil de sécurité avait exigé que l'Irak cesse toute activité nucléaire.

Je vais maintenant vous parler des systèmes que l'Irak met au point pour lancer des armes de destruction massive, en particulier ses missiles balistiques et ses véhicules aériens sans pilote, ou UAV.

Voyons d'abord les missiles. Nous nous souvenons tous qu'avant la guerre du Golfe, l'objectif de Saddam Hussein était l'acquisition de missiles d'une portée non pas de centaines de kilomètres, mais de milliers. Il voulait frapper non seulement ses voisins, mais aussi des pays très éloignés de ses frontières.

Bien que les inspecteurs aient détruit la plupart des missiles balistiques prohibés, de nombreux rapports des services de renseignements obtenus au cours de la décennie passée de sources situées à l'intérieur de l'Irak indiquent que Saddam Hussein conserve une force cachée pouvant comprendre jusqu'à plusieurs douzaines de missiles balistiques de type Scud. Il s'agit de missiles d'une portée de 650 à 900 kilomètres.

Nous savons, grâce aux services de renseignements et de l'aveu même de l'Irak, que ses missiles balistiques soi-disant autorisés, l'Al-Samoud II et l'Al-Fatah, violent la limite de 150 kilomètres fixée par ce Conseil de sécurité dans sa résolution 687. Ces systèmes sont prohibés.

Le COCOVINU a également signalé que l'Irak avait importé illégalement 350 moteurs de fusée SA-2. Cette importation était illégale pour trois raisons : la résolution 687 interdisait l'importation de tout matériel militaire en Irak ; l'USCOM interdisait expressément l'utilisation de ces moteurs dans les missiles sol-sol ; et enfin, comme nous venons de le noter, ils sont conçus pour un système dont la portée dépasse la limite de 150 kilomètres. Mais le plus grave, c'est que certains de ces moteurs ont été acquis pas plus tard qu'en décembre dernier, soit après l'adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1441.

Ce que je veux que vous sachiez aujourd'hui, c'est que l'Irak a des programmes de production de missiles balistiques d'une portée de plus de 1.000 kilomètres. L'un de ces programmes vise à produire un missile à combustible liquide d'une portée supérieure à 1.200 kilomètres. Et vous pouvez voir tout comme moi, sur cette carte, qui sera menacé par ces missiles.

Dans le cadre de cet effort, une autre petite preuve : l'Irak a construit une rampe de lancement plus grande que tout ce qu'elle possédait jusque-là. Notez la différence spectaculaire de taille entre l'ancienne rampe, à gauche, et la nouvelle, à droite. Notez le long tuyau d'échappement. C'est par là que sort la flamme de l'engin. Le tuyau d'échappement de la rampe de droite est cinq fois plus long que celui de la rampe de gauche. Ce dernier est utilisé pour les missiles de faible portée alors que celui de droite est manifestement destiné aux missiles de longue portée qui peuvent parcourir 1.200 kilomètres.

Cette photo a été prise en avril 2002. Depuis cette date, la rampe de lancement a été terminée et recouverte d'un toit pour que les satellites puissent plus difficilement voir ce qui se passe dessous.

Les intentions de Saddam Hussein n'ont pas changé. Ce n'est pas à des fins défensives qu'il met au point ces missiles. Ce sont des missiles dont l'Irak veut se doter pour étendre sa puissance, pour menacer (d'autres pays) et lancer des armes chimiques, biologiques et - si nous le laissons faire - des ogives nucléaires.

Voyons maintenant les véhicules aériens sans pilote, ou UAV. L'Irak travaille à la fabrication d'un type d'UAV depuis plus de dix ans. Voici une simple illustration de ce à quoi ressemblerait un UAV. Ces activités ont compris des essais pour adapter le MIG-21 aux vols sans pilote et, avec un plus grand succès, la construction d'un avion appelé le L-29.

Toutefois, l'Irak se concentre maintenant non seulement sur ces avions, mais aussi sur la mise au point et les essais d'UAV plus petits comme celui-ci. Les UAV conviennent parfaitement pour la dissémination d'armes chimiques et biologiques. Il existe de nombreuses preuves que l'Irak s'emploie activement à mettre au point et à essayer des pulvérisateurs susceptibles d'être adaptés aux UAV.

Et le peu que Saddam Hussein nous a dit sur les UAV est contraire à la vérité. L'un de ces mensonges est graphiquement et indéniablement prouvé par des renseignements que nous avons recueillis le 27 juin 2002.

D'après la déclaration irakienne du 7 décembre, la portée de ses UAV ne dépasserait pas 80 kilomètres. Or nous avons détecté l'un des derniers UAV de l'Irak lors d'un vol d'essai au cours duquel il a parcouru sans arrêt 500 kilomètres, sans pilote, comme on le voit sur ce tracé.

Non seulement cet essai dépasse largement la limite de 150 kilomètres autorisée par les Nations unies, mais cet essai est omis de la déclaration irakienne du 7 décembre. L'UAV a volé en cercle sans interruption et sa portée limite était en fait non pas de 80 kilomètres, mais de 500, et cela sans faire le plein et sur autopilote, ce qui viole toutes les obligations de l'Irak en vertu de la résolution 1441.

Les liens qui ont existé ces dix dernières années entre le programme UAV de l'Irak et les agents de guerre biologique et chimique nous préoccupent profondément. L'Irak pourrait utiliser ces petits UAV, qui ont une envergure de quelques mètres seulement, pour déverser des agents biologiques sur ces voisins ou les transporter vers d'autres pays, y compris les États-Unis.

Chers amis,

Les renseignements que je vous ai présentés sur ces terribles armes et sur le refus continuel de l'Irak de respecter ses obligations en vertu de la résolution 1441 du Conseil de sécurité sont liés à un sujet auquel je veux maintenant consacrer un peu de temps et qui a trait au terrorisme.

Ce ne sont pas seulement ces armes illicites qui nous inquiètent mais la façon dont elles peuvent être associées aux activités des terroristes et aux organisations terroristes qui n'ont aucun scrupule à les utiliser contre des innocents à travers le monde.

Les liens entre l'Irak et le terrorisme remontent à plusieurs décennies. Bagdad entraîne des membres du Front de libération de la Palestine au maniement des armes et des explosifs. Saddam Hussein utilise le Front de libération pour acheminer de l'argent aux familles des kamikazes palestiniens dans le but de prolonger l'Intifada. Et la participation des services de renseignements de Saddam Hussein à des douzaines d'attaques ou de tentatives d'assassinat, dans les années 1990, n'a rien de secret.

Mais ce que je veux porter à votre attention aujourd'hui, c'est la connexion, éventuellement bien plus sinistre, qui existe entre l'Irak et le réseau terroriste al-Qaïda, connexion qui allie les organisations terroristes classiques aux méthodes modernes d'assassinat. L'Irak héberge aujourd'hui un réseau terroriste meurtrier dirigé par Abou Moussab Zarkaoui, partenaire et collaborateur d'Oussama ben Laden et de ses lieutenants d'al-Qaïda.

Palestinien natif de Jordanie, Abou Zarkaoui avait combattu lors de la guerre d'Afghanistan il y a plus de dix ans. À son retour en Afghanistan, en 2000, il a dirigé un camp d'entraînement de terroristes. L'une de ses spécialités, et l'une des spécialités de ce camp, est le poison.

Lorsque notre coalition a chassé les talibans, le réseau d'Abou Zarkaoui a aidé à établir un autre camp de formation des spécialistes du poison et des explosifs et ce camp est situé dans le nord-est de l'Irak. Voici une photo de ce camp.

Ce réseau apprend à ses membres à produire du ricin et d'autres poisons. Permettez-moi de vous appeler les effets du ricin. Moins d'une pincée de ricin - imaginez une pincée de sel - ajoutée à votre nourriture entraînerait un choc, suivi d'un arrêt de la circulation sanguine. La mort survient dans les 72 heures, et il n'existe ni antidote ni traitement. La mort s'ensuit inévitablement.

Ceux qui aident à administrer ce camp sont des lieutenants d'Abou Zarkaoui qui opèrent dans les enclaves kurdes du Nord, en dehors du territoire irakien contrôlé par Saddam Hussein. Mais Bagdad a un agent au sommet de la hiérarchie de l'organisation extrémiste Ansar al-Islam qui contrôle ce coin de l'Irak. En 2002, cet agent a offert un refuge dans la région aux membres d'Al-Qaïda.

Lorsque nous avons débarrassé l'Afghanistan d'Al-Qaïda, certains de ses membres ont accepté ce refuge. Ils s'y trouvent encore aujourd'hui.

Les activités d'Abou Zarkaoui ne se limitent pas à ce petit coin du nord de l'Irak. Il s'est rendu à Bagdad en mai 2002 pour un traitement médical et a résidé dans la capitale irakienne pendant deux mois durant sa convalescence, avant de reprendre le combat.

Durant son séjour, près de deux douzaines d'extrémistes ont convergé sur Bagdad et y ont établi une base d'opérations. Ces partisans d'Al-Qaïda basés à Bagdad coordonnent à présent les mouvements de personnes, d'argent et de ravitaillement à leur entrée en Irak et à l'intérieur du pays pour son réseau et ils opèrent maintenant librement dans la capitale depuis plus de huit mois.

Les milieux officiels irakiens nient les accusations de liens avec Al-Qaïda. Mais ces démentis ne sont absolument pas crédibles. L'an dernier, un membre d'Al-Qaïda s'est vanté de la situation « favorable » qui régnait à Bagdad, du fait que l'on pouvait rapidement transiter par cette ville.

Nous savons que ces membres ont des liens avec Abou Zarkaoui parce qu'ils restent, même maintenant, en contact permanent avec ses subordonnés directs, y compris les membres de la cellule qui organise la fabrication de poison. Et ils ne déplacent pas que de l'argent et du matériel. L'an dernier, 2 agents soupçonnés d'appartenir à al-Qaïda ont été arrêtés alors qu'ils passaient de l'Irak en Arabie saoudite. Ils étaient liés à des membres de la cellule de Bagdad, et l'un d'eux avait été formé en Afghanistan à l'utilisation du cyanure.

De son réseau terroriste en Irak, Abou Zarkaoui peut diriger les activités de ce réseau au Proche-Orient et au-delà. Nous tous aux États-Unis, le département d'État et l'Agence des États-Unis pour le développement international, avons perdu un ami cher avec l'assassinat de Lawrence Foley à Amman, en Jordanie, en octobre dernier. Un acte ignoble a été commis ce jour là : l'assassinat d'un être dont la seule mission consistait à aider le peuple jordanien. À son arrestation, l'assassin a indiqué que sa cellule avait reçu de l'argent et des armes d'Abou Zarkaoui en paiement de cet assassinat. Après l'attaque, un comparse de l'assassin a quitté la Jordanie pour l'Irak afin d'obtenir des armes et des explosifs pour de nouvelles opérations.

Les responsables irakiens prétendent qu'ils ne savent pas où Abou Zarkaoui ou ses comparses se trouvent. De nouveau, ces dénégations ne sont pas plausibles. Nous sommes au courant des activités d'Abou Zarkaoui à Badgad. Je viens de vous les décrire.

Je tiens maintenant à faire état d'un autre fait. Nous avons demandé au service de sécurité d'un pays ami de faire des démarches auprès de Bagdad en vue de l'extradition d'Abou Zarkaoui et de la fourniture de renseignements à son sujet et au sujet de ses complices. Ce service est entré en relation avec des responsables irakiens à deux reprises et nous avons communiqué des détails qui auraient dû permettre de trouver Abou Zarkaoui. Le réseau est encore à Bagdad. Abou Zarkaoui est encore libre d'aller et venir.

Comme le savent mes collègues autour de cette table et comme le savent les citoyens qu'ils représentent en Europe, les activités terroristes d'Abou Zarkaoui ne sont pas limitées au Proche-Orient. Abou Zarkaoui et son réseau ont préparé des actes de terrorisme contre des pays tels que la France, la Grande-Bretagne, l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne et la Russie. Selon des détenus, Abou Atia, qui a reçu une formation dans le camp d'entraînement des terroristes d'Abou Zarkaoui en Afghanistan, a chargé en 2001 au moins 9 extrémistes nord-africains de se rendre en Europe pour exécuter des attentats au poison et à l'explosif.

Depuis l'an dernier, des membres de ce réseau ont été arrêtés en France, en Grande-Bretagne, en Espagne et en Italie. Selon notre dernier recensement, 116 agents relevant de ce réseau mondial ont été arrêtés. Le graphique que vous voyez montre l'étendue de ce réseau en Europe.

Nous sommes au courant de ce réseau européen et de ses liens avec Abou Zarkaoui parce que les détenus qui ont fourni des renseignements sur les objectifs des attentats ont aussi fourni les noms des membres du réseau. Trois d'entre eux ont été arrêtés en France en décembre dernier. Les autorités ont trouvé dans les appartements des terroristes des circuits pour des engins explosifs et une liste d'ingrédients pour fabriquer des toxines.

Le détenu qui a contribué à rassembler ces informations a déclaré que la tentative d'attentat visait aussi la Grande-Bretagne. Des renseignements obtenus par la suite ont prouvé de nouveau qu'il avait raison. Lorsque les Britanniques ont découvert une cellule dans leur pays le mois dernier, un officier de police britannique a été assassiné au cours de la destruction de cette cellule.

Nous savons aussi que les collègues d'Abou Zarkaoui ont joué un rôle actif dans la vallée de Pankisi (Géorgie) et en Tchétchénie (Russie). Les complots auxquels ils sont liés ne sont pas de simples bavardages. Les membres du réseau d'Abou Zarkaoui ont dit que leur objectif était de tuer des Russes à l'aide de toxines.

Nous ne sommes pas surpris que l'Irak abrite Abou Zarkaoui et ses subordonnés. Cette entente se fonde sur une expérience qui remonte à des décennies pour ce qui est des liens entre l'Irak et Al-Qaïda. Au début des années 1990 et jusqu'en 1995 environ, alors qu'Oussama ben Laden était établi au Soudan, une source d'Al-Qaïda nous a dit que Saddam Hussein et Oussama ben Laden étaient parvenus à un accord en vertu duquel Al-Qaïda ne soutiendrait plus les activités dirigées contre Bagdad. Des liens ont été noués entre de hauts responsables des services irakiens de renseignements et Al-Qaïda.

Nous savons que des membres de ces deux organismes se sont réunis à de multiples reprises, notamment à huit reprises aux niveaux les plus élevés depuis le début des années 1990. En 1996, un service de sécurité étranger nous a dit qu'Oussama ben Laden s'était entretenu avec un haut responsable des services irakiens de renseignements à Khartoum, puis avec le directeur de ces services quelque temps plus tard.

Saddam Hussein est devenu plus intéressé lorsqu'il a vu les attaques effroyables du réseau Al-Qaïda. Des membres de ce réseau qui sont en détention nous ont dit que Saddam Hussein était plus que disposé à aider Al-Qaïda après les attentats de 1998 contre nos ambassades au Kenya et en Tanzanie. Saddam Hussein a été aussi impressionné par l'attentat d'Al-Qaïda contre le destroyer américain Cole qui a eu lieu au Yémen, en octobre 2000.

Les Irakiens ont continué de rendre visite à Oussama ben Laden dans sa nouvelle résidence en Afghanistan. Un des anciens chefs des services de renseignements de Bagdad en Europe qui a fait défection a déclaré que Saddam Hussein avait envoyé ses agents en Afghanistan au milieu des années 1990 pour dispenser une formation à des membres d'Al-Qaïda en matière de contrefaçon de documents.

De la fin des années 1990 à 2001, l'ambassade de l'Irak au Pakistan a joué le rôle de liaison avec le réseau Al-Qaïda.

Certains sont convaincus ou prétendent que ces contacts ne veulent pas dire grand chose. Ils disent que la tyrannie laïque de Saddam Hussein et la tyrannie religieuse d'Al-Qaïda ne se mélangent pas. Cette idée ne me réconforte pas. L'ambition et la haine sont suffisantes pour rapprocher l'Irak d'Al-Qaïda, suffisantes pour qu'Al-Qaïda puisse apprendre à fabriquer des bombes plus perfectionnées et à forger des documents, suffisantes enfin pour qu'Al-Qaïda s'adresse à l'Irak pour l'aider à acquérir les connaissances nécessaires dans le domaine des armes de destruction massive.

Et le bilan de la coopération de Saddam Hussein avec d'autres groupes terroristes islamistes est clair. Le Hamas, par exemple, a ouvert un bureau à Bagdad en 1999, et l'Irak a accueilli des conférences auxquelles ont assisté des membres du Djihad islamique de Palestine. Ces groupes sont les principaux organisateurs des attentats suicide contre Israël.

Al-Qaïda continue de porter un grand intérêt à l'acquisition d'armes de destruction massive. Tout comme pour Abou Zarkaoui et son réseau, je peux relater le récit d'un agent terroriste de haut rang qui a indiqué comment l'Irak avait appris à Al-Qaïda à se servir de ces armes. Heureusement, cet agent est maintenant en détention et il a dit ce qu'il savait. Je vais vous relater maintenant ce qu'il a décrit.

Ce membre de haut rang d'Al-Qaïda était chargé de l'un des camps d'entraînement de ce réseau en Afghanistan. Ses renseignements proviennent de sa participation aux réunions des hauts échelons d'Al-Qaïda. Selon lui, Oussama ben Laden et son principal adjoint en Afghanistan, Mohammed Atef, qui est mort entre temps, ne pensaient pas que les laboratoires d'Al-Qaïda en Afghanistan étaient en mesure de produire ces agents chimiques ou biologiques. Ils estimaient nécessaire d'aller ailleurs et de rechercher une aide en dehors de l'Afghanistan.

Où sont-ils allés ? Ils sont allés en Irak. Le soutien qu'il a décrit consistait en une formation en matière d'armes chimiques ou biologiques dispensée à deux membres d'Al-Qaïda à partir de décembre 2000. Il a dit qu'un militant du nom d'Abdoullah al-Araki avait été envoyé en Irak à plusieurs reprises de 1997 à 2000 pour obtenir une aide en ce qui concerne l'acquisition de poisons et de gaz. Abdoullah al-Araki a qualifié les rapports qu'il avait établis avec des responsables irakiens de très bons.

Comme je l'ai dit dès le début, rien de tout cela ne devrait surprendre aucun d'entre nous. Le terrorisme constitue un instrument dont Saddam Hussein se sert depuis des décennies. Ce dernier a soutenu le terrorisme bien avant que ces réseaux de terroristes aient un nom, et ce soutien se poursuit. Le lien entre les poisons et le terrorisme est nouveau. Le lien entre l'Irak et le terrorisme est ancien. Cette alliance est mortelle.

Vu ce bilan, les dénégations de l'Irak quant à son soutien du terrorisme doivent être rangées avec les autres dénégations de l'Irak au sujet des armes de destruction massive. C'est là un tissu de mensonges.

Lorsque nous faisons face à un gouvernement qui nourrit une ambition de domination régionale, qui cache des armes de destruction massive et qui donne un asile et un soutien actif aux terroristes, nous ne faisons pas face au passé, mais au présent. Et si nous n'agissons pas, nous aurons à faire face à un avenir encore plus effrayant.

Chers amis,

Il s'agit là d'une présentation longue et détaillée, et je vous remercie de votre patience. Il y a cependant un autre sujet que j'aimerais aborder brièvement, et c'est un sujet qui préoccupe profondément le Conseil de sécurité depuis longtemps, à savoir les violations des droits de l'homme commises par Saddam Hussein.

À la base de tout ce que j'ai dit, à la base de tous les faits et de tous les comportements que j'ai décrits, figure le mépris de Saddam Hussein pour la volonté du Conseil de sécurité, son mépris de la vérité et, ce qui est encore plus accablant, son mépris total de la vie humaine. Son utilisation de l'ypérite et de gaz neurotoxique contre les Kurdes en 1988 est l'un des actes les plus atroces du XXe siècle. Cinq mille hommes, femmes et enfants sont morts. Sa campagne contre les Kurdes de 1987 à 1989 a compris un grand nombre d'exécutions sommaires, des disparitions, des détentions arbitraires, l'épuration ethnique et la destruction de quelque 2.000 villages.

Il a aussi effectué des opérations d'épuration ethnique contre des chiites irakiens et contre les Arabes des marais dont la culture a été florissante pendant plus d'un millénaire. L'État policier de Saddam Hussein élimine sans pitié toute personne qui ose exprimer son opposition. L'Irak a plus de cas de disparitions forcées que tout autre pays : des dizaines de milliers de personnes ont été portées disparues ces dix dernières années.

Rien ne montre plus clairement les intentions dangereuses de Saddam Hussein, et la menace qu'il fait peser sur nous tous, que sa cruauté délibérée envers ses concitoyens et les pays voisins. Il est clair que Saddam Hussein et son gouvernement ne s'arrêteront pas en si bon chemin tant que rien ne les arrêtera.

Depuis plus de vingt ans, Saddam Hussein poursuit son ambition de dominer l'Irak et le reste du Moyen-Orient à l'aide des seuls moyens qu'il connaît : l'intimidation, la coercition et l'annihilation de tous ceux qui risquent de se trouver sur son passage. Pour lui, la possession des armes les plus meurtrières du monde constitue le grand atout, celui qu'il doit détenir pour réaliser son ambition.

Nous savons que Saddam Hussein est résolu à conserver ses armes de destruction massive, qu'il est déterminé à en produire davantage. Vu les agressions qu'il a commises par le passé, vu ce que nous savons de ses plans grandioses, vu ce que nous savons de ses relations avec les terroristes et vu sa détermination à se venger de ceux qui s'opposent à lui, devrions-nous prendre le risque qu'il emploie un jour ces armes à un moment, dans un lieu et d'une manière de son choix, à un moment où le monde serait dans une position beaucoup plus faible pour réagir ?

Les États-Unis ne peuvent pas faire courir ce risque à leur population, et ils ne le feront pas. Il n'est pas possible de laisser Saddam Hussein posséder des armes de destruction massive pendant quelques mois ou quelques années de plus, dans le monde de l'après-11 septembre.

Chers collègues,

Il y a trois mois, le Conseil de sécurité a reconnu que l'Irak continuait de faire peser une menace sur la paix et la sécurité internationales et que ce pays était et demeurait en violation substantielle des ses obligations en matière de désarmement.

À l'heure actuelle, l'Irak fait toujours peser une menace et est encore en violation substantielle de ses obligations. En fait, parce qu'il n'a pas saisi sa dernière chance de dire la vérité et de désarmer, l'Irak s'est mis dans une position où il viole encore plus ses obligations et où il se rapproche du jour où il subira de graves conséquences pour son mépris persistant du Conseil de sécurité.

Chers collègues,

Nous avons une obligation envers nos concitoyens. Nous avons une obligation envers cet organe de veiller à ce que nos résolutions soient respectées. Nous avons rédigé la résolution 1441 afin de ne pas entrer en guerre. Nous l'avons rédigée pour tenter de préserver la paix. Nous l'avons enfin rédigée pour donner à l'Irak une dernière chance.

L'Irak n'a pas jusqu'ici saisi cette dernière occasion.

Nous ne devons pas nous dérober devant ce qui nous attend. Nous ne devons pas faillir à notre devoir et ne pas assumer nos responsabilités envers les citoyens des pays qui sont ici représentés.

Source: site du Département d'Etat des Etats-Unis.











Dec 10, 2004, 08:42


Rechercher :