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U.E. : après l'Euro, l'élargissement
Par: Xavier PACREAU - Dr Andreas SCHWAB* Envoyer l'article à un ami | Version imprimable

Andreas SCHWAB
Xavier PACREAU




* X. Pacreau : Directeur de la publication du Forum Franco-Allemand
A. Schwab : Député au Parlement européen
© 1998




L’élargissement et le passage à l’euro constituent les deux grands chantiers actuels de l’Union. Ces deux cycles de réformes, qui doivent permettre à l’Union d’aborder le siècle prochain, modifieront profondément tant son profil intérieur que son profil extérieur. Il s’agit donc d’approfondir et d’élargir l’Europe.

Le passage à l’euro nécessite encore des réformes à l’échelle européenne et nationale; il entraînera un transfert de souveraineté -la souveraineté monétaire - vers les instances européennes. Par ailleurs, il y a de grandes chances pour que l’union monétaire appelle d’autres réformes économiques, financières, fiscales, sociales…
A côté de cette réforme économique majeure, celles plus politique liées à l’élargissement tardent à être mises en oeuvre. Les négociations d’adhésion sont déjà prévues alors que les réformes structurelles ne sont pas encore engagées! Or une réforme, notamment institutionnelle, est la condition pour que l’Europe ne se dissolve pas et puisse continuer à décider de manière efficace.

L’émergence d’une Europe plus large et plus forte ne doit pas faire peur; les grands projets stables et durables ne naissent jamais au milieu des craintes. Or, la plupart de celles-ci proviennent des incertitudes liées à l’avenir de l’Union et à l’aboutissement des réformes engagées - «Europe de nos incertitudes...». Davantage de clarté sur le dessein politique de l’Union est indispensable. Si nous n’arrivons pas à nous décider à construire une maison commune, nous avons déjà de toute évidence des craintes communes.

Les craintes que nous éprouvons à l’égard de l’Europe répondent à nos propres incertitudes et nous renvoient à nos propres interrogations sur l’avenir de notre continent. Mais il faut bien savoir que nous ne recevrons rien de l’Europe que nous ne lui aurons d’abord donné.

Si nous appréhendons que cette construction ne devienne une machine kafkaïenne à niveler les esprits, les cultures et les particularismes -chimère trop souvent agitée par quelques «euro-craintifs» -les européens et au premier plan les intellectuels, doivent penser l’idée européenne et ainsi se l’approprier. Cette réflexion doit nous apprendre à devenir ensemble...

Que pourrait devenir notre union sans une véritable communauté européenne des esprits? C’est uniquement par ce biais que les européens pourront penser et agir ensemble; c’est ainsi seulement qu’ils pourront se rassembler et suivre le mouvement déjà bien avancé de la fusion de nos économies. Il s’agit ici de la cohérence du projet européen... l’Europe, une idée unissante.

Pour mener à bien les grandes réformes entreprises en cette fin du siècle, il est maintenant temps de définir plus clairement l’avenir de l’Europe; il semble indispensable qu’elle se rapproche des citoyens et protège, à l’inverse de ce que pourrait procurer un mouvement centralisateur, l’identité et la culture de chaque pays et au-delà, de chaque région, constituant notre union. Cette tâche est d’autant plus essentielle dans la difficile période d’adaptation que nous impose la globalisation.

Le couple franco-allemand, qui se situe au coeur de cette réalité, doit trouver un nouveau souffle. Tout en conservant un caractère unique, il doit s’ouvrir davantage à d’autres nations qu’il ne le fait aujourd’hui. Ainsi, notre rédaction a-t-elle décidée d’ouvrir les colonnes de ce numéro spécial du Forum Franco-Allemand à des représentants de la Grande Bretagne mais, aussi et pour la première fois, à des représentants des Pays de l’Est. Cette dernière participation nous est d’autant plus chère que ces pays, qui avaient quitté injustement la famille européenne, vont réintégrer à moyen terme la place qui est historiquement la leur ; ne nous trompons pas en pensant un peu rapidement que nous leur apporterons plus qu’eux-même ne pourront le faire ; bien au contraire, leur apport semble essentiel pour l’avenir de notre continent, au-delà même de la sécurité et l’économie!

A propos de ces réformes majeures, il faut souhaiter que le dialogue entre France et Allemagne ainsi qu’avec tous les autres pays qui constituent l’Europe, ne se termine pas comme celui des deux fameux personnages de de la pièce de Beckett, En attendant Godot :

- Alors, on y va ?
- Allons-y.

Ils ne bougent pas.


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