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La crise européenne du Kosovo - Deux mythes et une réalité
Par: Xavier PACREAU - Dr Andreas SCHWAB* Envoyer l'article à un ami | Version imprimable

Andreas SCHWAB
Xavier PACREAU




* X. Pacreau : Directeur de la publication du Forum Franco-Allemand
A. Schwab : Député au Parlement européen
© 1999




Ce numéro du Forum Franco-Allemand sort alors que le conflit du Kosovo s'envenime. Comment rester insensible à un tel événement qui affecte directement tout ce qui a conduit non seulement à la naissance de l'amitié franco-allemande, mais aussi à la construction européenne et au renforcement de la paix depuis plus de cinquante ans. Nos anciens alliés serbes, aujourd'hui à la dérive du continent européen, sont au cœur même de la question européenne parce que l'Europe c'est justement l'inverse du "processus" serbe ; c'est l'équilibre d'une formidable diversité, ce fragile équilibre que nous apprenons chaque jour à préserver.

Ainsi, l'Europe refuse un premier mythe, celui de la "Grande Serbie" tout comme elle en refuse un second, celui de la "Grande Albanie" en échange d'une réalité : il y a la guerre sur le sol européen et c'est l'Europe qui est déporté sur les routes du Kosovo.

Comment faire parler les serbes avec nous, comment trouver une paix durable tant que ce pays se complaira dans l'apologie de son propre martyre et le culte de ses humiliations depuis la défaite du Champ des Merles au 14ème siècle. Cette réitération dans laquelle ce pays s'enferre ne peut, quoi qu'il en soit, l'absoudre des crimes qu'il commet contre l'une de ses minorités. Comment parler de paix à une nation qui estime n'avoir que des droits et nul devoir envers l'autre et qui juge que tout ce qui ne pense pas comme elle s'oppose à elle.

Cet épisode rappelle également que la mémoire est aussi un choix et qu'elle doit être assez critique pour éviter de tomber dans une certaine forme de narcissisme. La mémoire de l'Europe a choisi de s'inscrire définitivement contre Blace, Stenkovec ou Tetovo. Ces noms résonnent comme autant de mises en garde et nous rappelle que la paix n'est jamais acquise, même aux nations européennes qui en ont fait le serment.

Mais le fait que se renouvelle notre incapacité à résoudre les problèmes de cette partie de notre continent semble aussi nous renvoyer à notre propre incompréhension de ce qui s'y produit ; cette incompréhension nous empêche de faire face, ensemble, à nos responsabilités. Dans ces conditions, comment parler d'approfondissement ou d'élargissement ; la plupart des crises que nous vivons proviennent en partie de l'absence d'une véritable vision sur l'avenir de notre continent. Si les nations de l'Union n'acceptent pas un jour de transmettre ce qu'il faut de souveraineté politique, l'Europe restera tel un "navire sans quille" à la merci de conflits contre lesquels elle ne pourra pas grand chose.

Ainsi, nous devons penser plus que jamais les moyens de renforcer ce qui nous unit contre ces maux qui n'attendent qu'une faiblesse de notre part pour se répandre de manière endémique. Contre les voix du repli, cet épisode douloureux du continent européen nous rappelle, qu'il nous faut continuer à rapprocher nos pays, nos économies, nos politiques…et surtout mieux connaître nos "cultures" et nos langues, pour mieux se connaître. C’est pourquoi nous accordons une place importante à la partie culturelle dans ce numéro du Forum. C'est la diversité des cultures qui fondent l'identité de notre continent; c'est aussi ce qui en constitue sa force car des siècles d'histoires commune confère une véritable signification à la coexistence de nos diversités. Mais, ne nous faut-il pas aussi chercher à savoir ce que signifie plus précisément le mot "Europe" du point de vue de la pensée. N'est-ce pas aussi cela l'approfondissement essentiel de l'Europe.


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