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L'Europe de l'Est, le marché de demain : Les chances de l'élargissement pour les entreprises françaises et allemandes
Par: Dr. Klaus MANGOLD* Envoyer l'article à un ami | Version imprimable
Klaus MANGOLD*
* Président de la Commission du commerce avec l'Est de la Chambre d'industrie allemande - Ancien Président du directoire de Debis SA
© 2004


L'élargissement inquiète beaucoup de nos concitoyens. Ils n'ont sans doute pas suffisamment conscience de la considérable augmentation de richesse qu'a connue notre continent du seul fait de la préparation à l'élargissement européen : selon des estimations dignes de foi, la croissance économique des nouveaux membres aurait été inférieure de 1 à 1,5 % par an, sans l'assurance d'une adhésion à court terme. L'ajournement politique de l'élargissement européen aurait été " sanctionné " par une perte de richesse cumulée de l'ordre de 100 milliards d'euros pour chaque année de retard. Les pouvoirs politiques et les médias devraient insister davantage qu'ils ne le font sur cet aspect. En effet, la discussion sur l'élargissement européen s'est trop souvent réduit à la " question des coûts " : on souligne trop rarement les chances qui s'offrent aux entreprises allemandes et françaises en Europe de l'Est et qu'elles ont su saisir depuis longtemps.




Le 1er mai 2004, l'Union européenne a connu le plus grand élargissement de son histoire : jamais auparavant elle n'avait intégré un aussi grand nombre de nouveaux membres à la fois. Ce jour-là, outre Malte et Chypre, ce sont huit pays d'Europe centrale et orientale qui sont entrés dans l'Union. La disparité des potentiels économiques et des niveaux de vie entre les pays de l'UE sera plus grande que jamais.

Cette perspective inquiète beaucoup de nos concitoyens. Ils n'ont sans doute pas suffisamment conscience de la considérable augmentation de richesse qu'a connue notre continent du seul fait de la préparation à l'élargissement européen : selon des estimations dignes de foi, la croissance économique des nouveaux membres aurait été inférieure de 1 à 1,5 % par an, sans l'assurance d'une adhésion à court terme. L'ajournement politique de l'élargissement européen aurait été "sanctionné" par une perte de richesse cumulée de l'ordre de 100 milliards d'euros pour chaque année de retard.

Les pouvoirs politiques et les médias devraient insister davantage qu'ils ne le font sur cet aspect. En effet, la discussion sur l'élargissement européen s'est trop souvent réduite à la "question des coûts" : on souligne trop rarement les chances qui s'offrent aux entreprises allemandes et françaises en Europe de l'Est et qu'elles ont su saisir depuis longtemps. Parmi les nombreuses raisons de l'attractivité économique de l'Europe centrale et orientale, quatre méritent d'être soulignées :

Premièrement, l'Europe de l'Est est "proche" de nous sur les plans géographique et culturel. Cela concerne les voies de communication, mais aussi les mentalités: les modes de pensée et de travail sont très semblables, il y a moins de malentendus et de frictions dus aux différences de normes et d'usages. On ne saurait trop insister sur l'importance de cette proximité culturelle. Elle peut s'avérer décisive pour le succès ou l'échec d'une entreprise, aussi et surtout dans le monde des affaires.

Deuxièmement, l'ensemble des pays adhérents d'Europe de l'Est représente à lui seul un marché de 75 millions de consommateurs dont les revenus vont augmenter plus rapidement dans les prochaines années que ceux des Français ou des Allemands. Dans le cadre du marché unique, de multiples opportunités de réaliser d'importants profits vont s'offrir, ce qui permettra de garantir la prospérité et l'emploi en France et en Allemagne.

Si l'on regarde au-delà des frontières de l'Union élargie vers l'Europe du Sud-est, la Russie et les pays de la CEI, on a affaire à un espace qui compte plus d'habitants que l'ensemble des Etats-Unis. Ce sont plus de 300 millions de consommateurs dont les salaires réels et la consommation privée augmentent régulièrement et qui représentent une demande croissante de biens et de services aux standards de qualité occidentaux.

Troisièmement, l'attractivité commerciale de ces immenses marchés se double de leur intérêt comme sites de production. Selon les critères occidentaux, le coût du travail y est en effet encore bas, voire très bas, alors que les populations ont dans leur majorité un bon niveau de formation et sont à même de satisfaire aux exigences de qualité occidentales.

De nombreuses entreprises sont conscientes de ces avantages, comme le montre clairement l'évolution des investissements étrangers directs en Europe de l'Est, CEI incluse : selon les indications de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement de l'Europe de l'Est, la somme des investissements directs à l'étranger atteint aujourd'hui 180 milliards d'euros. Cela correspond à une augmentation de presque 60 fois le montant de 1992!

Quatrième et dernière raison : les échanges avec l'Europe de l'Est représentent un potentiel élevé pour le transfert de savoir-faire : dans de nombreuses régions d'Europe de l'Est, une modernisation des sites de production vétustes s'impose. Les installations industrielles de Russie sont trois fois plus anciennes que la moyenne des pays de l'OCDE. Il y a là un marché attractif pour les entreprises allemandes et françaises dont les points forts sont précisément la qualité de l'ingénierie et de la prestation de services industriels.

En résumé, les faits montrent que l'Europe de l'Est n'est pas seulement le marché de demain : elle représente déjà aujourd'hui un marché. Le 1er mai a été un jour de chance pour l'Europe.

Traduction Forum (PE)


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