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La Hongrie dans l’Union européenne
Par: Péter MEDGYESSY* Envoyer l'article à un ami | Version imprimable
Péter MEDGYESSY*
* Premier ministre de la République de Hongrie (2002 - 2004)
© 2004


La réunification de l'Europe représente un événement extraordinaire pour les Hongrois. L'objectif prioritaire de la Hongrie est de devenir un pays européen moderne. Le premier Mai 2004 a donc signifié le début d'une nouvelle étape dans le développement du pays. Nous entrons dans l'UE sans illusions, mais avec des espoirs bien fondés. Je considère donc que l'UE est une formidable organisation, tout en souhaitant exprimer bien plus que cela : elle assure la protection et le rayonnement de nos valeurs humaines en général et - dans une certaine mesure - de nos valeurs nationales. C'est donc aussi pour cette raison que je considère ce moment comme celui de la véritable réunification de l'Europe.




Cela fait un peu plus d'un an qu'à Athènes, le 16 Avril 2003, alors investis par le mandat du Parlement hongrois, nous avons signé le traité d'adhésion de la Hongrie à l'UE en présence de trois anciens premiers ministres. Cet événement a une portée symbolique et représente le fruit du travail de tous les Hongrois. Toutes les forces politiques hongroises représentées au Parlement ont soutenu notre candidature pour adhérer à l'UE, même si elles sont adversaires et par conséquent s'opposent entre elles : toutes ces forces politique ont très fortement contribué au processus d'adhésion.

La réunification de l'Europe représente un événement extraordinaire pour les Hongrois, même si d'innombrables questions demeurent en suspens : sommes-nous en mesure d'être tous unis en deçà et au-delà de nos frontières? Dans une Europe réunifiée sommes-nous prêts à agir d'une seule voix et cela dans l'intérêt commun de tous les Hongrois? Sommes-nous prêts à nous comporter avec dignité dans cette nouvelle situation et à nous réunir, en surmontant les divergences idéologiques qui nous séparent?

L'objectif prioritaire de la Hongrie est de devenir un pays européen moderne. Le premier mai 2004 a donc signifié le début d'une nouvelle étape dans le développement du pays. Nous entrons dans l'UE sans illusions, mais avec des espoirs bien fondés. Nous sommes une nation assez fière, convaincue que nous apportons un enrichissement à l'Europe mais aussi, bien évidemment, que nous en retirerons un enrichissement. Nous apportons les compétences intellectuelles de notre population ; nous disposons d'une main d'œuvre et d'ingénieurs très bien formés ainsi que des scientifiques reconnus dans le monde, dont plusieurs prix Nobel, ce qui nous rend fiers de notre culture et de notre civilisation. Nous attendons donc beaucoup de l'Europe mais apporterons également beaucoup à celle-ci.

Nombreux sont ceux qui pensent que l'UE n'est pas un but en soi mais plutôt un ordre de valeurs et, je partage cette opinion : la coopération n'est pas un but mais un outil. Sans doute un très bon outil, mais un outil dont la nature ne dépasse pas celle d'un instrument. En Hongrie, les responsables politiques ne peuvent proposer autre chose que le relèvement du niveau de vie des Hongrois et promettre que leur situation s'améliorera et qu'ils seront davantage en sécurité aujourd'hui et demain. La réalisation de ces objectifs appelle bien évidemment une coopération entre les nations européennes mais nécessite aussi de disposer des instruments adaptés pour y parvenir. Ainsi faudrait-il convenir des points de consensus nationaux entre les partis politiques pour que nous soyons en mesure de représenter au mieux les intérêts des Hongrois.

Je considère donc que l'UE est une formidable organisation, tout en souhaitant exprimer bien plus que cela : elle assure la protection et le rayonnement de nos valeurs humaines en général et - dans une certaine mesure - de nos valeurs nationales. C'est donc aussi pour cette raison que je considère ce moment comme celui de la véritable réunification de l'Europe.

Par ailleurs, les Hongrois ne peuvent évidemment pas oublier les communautés hongroises qui sont au-delà de nos frontières nationales. Ceux qui connaissent notre histoire nationale savent qu'environ 3,5 millions d'individus de culture et langue hongroises vivent au-delà de nos frontières avec les pays limitrophes et, que nous portons un intérêt particulier à leur sort : ils représentent beaucoup pour nous. Nous souhaiterions que les communautés hongroises vivant au-delà de nos frontières puissent également profiter de cette réunification de l'Europe et ainsi que leur situation puisse s'améliorer. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes battus pour que les droits des minorités nationales soient pris en compte par la nouvelle constitution européenne élaborée par la Convention. Notre combat, qui fut d'ailleurs assez difficile, a été couronné de succès : aujourd'hui nul ne peut plus nier l'importance des droits des minorités. Ainsi, même si certains Etats européens continuent à accepter avec difficulté la simple existence des minorités nationales, il est indubitable que celles-ci existent néanmoins. Même si les situations sont bien différentes dans les Etats européens, il existe déjà un consensus minimum à ce propos.

Je considère également comme une priorité d'aider les pays limitrophes à intégrer l'Europe le plus rapidement possible, non seulement parce que ces Etats - Roumanie, Serbie, Croatie - abritent d'importantes communautés hongroises mais aussi parce que cela représente pour nous une sorte d'obligation morale. Ainsi, j'estime très ouvertement que nous devons tout faire pour que la Roumanie soit en mesure d'adopter l'acquis communautaire et intègre l'Union dans les délais prévus. De plus, il est très important pour nous - et mon gouvernement œuvre dans ce but - que les négociations d'adhésion avec la Croatie débutent le plus vite possible. Par ailleurs, on ne peut pas négliger les fruits du processus de démocratisation de la Serbie : nous souhaiterions vivement que la situation de ce pays s'améliore suffisamment pour qu'il puisse devenir candidat à l'UE.

Je suis convaincu que la Hongrie peut tirer profit de son entrée dans l'UE dès le départ. Si l'on prend en considération notre niveau de préparation à l'adhésion, je pense que l'on peut recourir à différents éléments de comparaison. Le premier concerne le niveau de préparation des pays qui ont intégré l'Union avant nous : dans quelle mesure le Portugal, la Grèce, l'Espagne ou l'Irlande étaient-ils préparés lors de leur adhésion ? Si l'on interroge les experts dans ces domaines, on parvient rapidement à la conclusion que la Hongrie ne s'est pas moins bien préparée que les pays mentionnés. Chacun d'eux était bien conscient qu'il fallait continuer à avancer sur le chemin des réformes afin d'arriver à un niveau plus élevé, mais au sein même de l'Union.

Si l'on considère le deuxième élément de comparaison, relatif à la situation de la Hongrie parmi les dix nouveaux Etats membres de l'UE, alors on peut également constater que la plupart des évaluations les plus élaborées nous classent parmi les trois pays les mieux préparés. On peut bien évidemment trouver un critère en fonction duquel nous nous classons en troisième position, ou un autre en fonction duquel nous nous plaçons en deuxième ou première position, mais en moyenne nous nous situons toujours entre les première et troisième place. Mais je demeure convaincu que nous utiliserons encore mieux nos forces au sein de l'Union européenne.

En ce qui concerne le développement économique et les priorités de notre politique d'investissement, nous estimons que l'une d'entre elles est la construction d'infrastructures autoroutières. Ce domaine est primordial pour un pays continental comme le nôtre. Pendant les quatre années à venir, nous allons construire quatre cents kilomètres d'autoroutes et commencer les préparatifs pour en construire quatre cents autres supplémentaires. Cela exige beaucoup de sacrifices, mais nous sommes convaincus qu'il s'agit là d'une opportunité à saisir pour notre pays et que nous pourrons utiliser les fonds de l'UE prévus à cet effet. Une deuxième priorité de notre politique d'investissement concerne la recherche et le développement ainsi que l'innovation. La recherche et le développement représenteront 1,8% du PIB en 2006 et nous cherchons à atteindre les 3% d'ici 2010. Nous en sommes aujourd'hui à environ 1,5%. Il s'agit là d'un changement structurel considérable. Pour le moment, un tiers de la recherche et du développement provient du secteur privé et deux tiers de l'Etat : nous voulons inverser ces chiffres. Nous avons présenté dans ce sens une loi qui fut adoptée par le Parlement et qui nous permet de créer un Fonds national consacré à l'innovation dans le domaine économique.

Une troisième priorité serait de devenir l'une des plaques tournantes d'Europe centrale ; notre situation géographique et l'infrastructure existante nous avantagent beaucoup pour atteindre cet objectif.

En conclusion, nous avons des projets ambitieux pour le développement de notre économie : nous nous préparons dès maintenant à entrer dans la zone euro. Je ne veux pas en préciser la date exacte mais nous sommes en train de préparer un projet qui devrait très probablement permettre l'introduction de l'euro entre 2009 et 2010.

Traduction Forum


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