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Avec Euronext, la bourse européenne dessine ses nouvelles frontières
Par: Jean-François THEODORE* Envoyer l'article à un ami | Version imprimable
Jean-François THEODORE*
* Président-directeur Général de EURONEXT PARIS SA
© 2001


Euronext est la première bourse européenne née de la fusion des marchés français, hollandais et belge. C'est un premier pas et le seul réussi à ce jour, vers la consolidation des bourses en Europe.




La directive sur les services en investissement de 1993 et l’introduction de l’Euro en 1999 ont entraîné une véritable révolution pour les entreprises qui gèrent les marchés boursiers. Les monopoles nationaux ont été aboli et l’utilisation d’une monnaie unique a conduit les bourses à entrer dans une première phase de consolidation amorcée par un accord entre Londres et Francfort en juillet 1998 puis étendue par l’alliance européenne conclue entre huit bourses pour créer un modèle de marché unique (Amsterdam, Bruxelles, Francfort, Londres, Madrid, Milan, Paris, Zurich).

Cette première phase est désormais terminée. L’alliance européenne a abouti à un résultat non négligeable, l’adoption d’un modèle de marché commun aux huit bourses, marché électronique, dirigé par les ordres avec un carnet d’ordres central, et des horaires harmonisés.

Depuis le début de 2000, la consolidation s’est accélérée : Paris, Amsterdam et Bruxelles ont décidé de fusionner pour devenir le 22 septembre 2000 Euronext nv, le premier marché boursier de la zone euro, Londres et Francfort ont à leur tour annoncé un projet de fusion baptisé iX, puis la bourse suisse et Tradepoint ont fait de même avec VirtX. Enfin, la bourse suédoise OM a lancé une OPA sur la bourse de Londres.

De ces projets deux ont échoué, iX et l’OPA d’OM, l’un est en cours, VirtX et à ce jour seul Euronext est devenu une réalité, une seule société avec une fusion approuvée à l’unanimité par les actionnaires des trois bourses devenus actionnaires d’Euronext.

Euronext est le premier marché de la zone Euro avec 1800 sociétés cotées, 2500 milliards d’euros de capitalisation et des volumes d’activité supérieurs à ceux de Londres ou de Francfort. Euronext représente 51% de la capitalisation de l’Eurolande avec des sociétés de taille mondiale comme Royal Dutch Shell, Philips, France Telecom ou Vivendi Universal.

Euronext est conçu comme une entreprise de marché parfaitement intégrée, depuis la négociation jusqu’au règlement livraison en passant par la compensation. L’intégration technique se déroulera au cours de l’année 2001 en commençant par la négociation électronique sur le système NSC le plus utilisé dans le monde (20 bourses utilisent ce système développé par Paris) au premier semestre puis l’installation à Bruxelles et à Amsterdam du système de compensation C21 et de la fusion des organismes de règlement-livraison belge et néerlandais dans Euroclear à l’instar de l’organisme français, SICOVAM devenu Euroclear France en janvier.

Euronext a également fait un choix réglementaire clair. A l’heure où il n’existe pas de statut de bourse paneuropéenne, de statut européen des sociétés, de régulateur européen, il était pragmatique et rationnel que les sociétés cotées restent soumises à leur droit national mais que la réglementation du marché soit, elle, harmonisée autant que faire se peut. C’est ce qu’à fait Euronext avec trois " portails " d’entrée à la cotation pour les entreprises Paris, Bruxelles et Amsterdam mais, une fois cotée, un marché secondaire unique et des règles communes.

Pourquoi avons nous créé Euronext ? parce qu’à l’heure où l’euro abolit le risque de change et facilite les comparaisons sectorielles internationales, les entreprises cotées comme les investisseurs ou les intermédiaires financiers réclament un accès élargi pour les premières nommées à l’épargne européenne pour les seconds à davantage de sociétés cotées.

L’objectif est double ; permettre aux entreprises de se financer à moindre coût, en ayant recours aux marchés financiers (par l´émission de titres) comme alternative au crédit bancaire, avec des exigences renforcées pour les entreprises de la nouvelle économie. C´est le sens de notre slogan : "Go for growth". D’autre part, offrir aux investisseurs internationaux un marché organisé de façon transparente avec une gamme de produits plus étendue. Euronext ambitionne de réaliser 50 millions d’euros d’économies pour ses membres en année pleine via une intégration technique complète, un seul système en remplaçant trois sur l’ensemble de la chaîne boursière.

Euronext est une entreprise ouverte à ceux qui partagent ses choix. C’est ainsi que la bourse de Lisbonne, petite mais dynamique, a souhaité rejoindre Euronext. C’est ainsi aussi que la Bourse de Luxembourg a souhaité passer avec Euronext un accord d’accès croisé (les membres luxembourgeois ayant accès aux produits d’Euronext et vice versa). Ces deux exemples montrent la souplesse du modèle choisi par les fondateurs d’Euronext. Mais Euronext est aussi ouvert à d’autres types de coopération et à d’autres horizons que l’europe. C’est ainsi que nous travaillons avec le New York Stock Exchange et d’autres grands marchés (Tokyo, Sydney…) à un projet de carnet d’ordres électronique mondial le Global Equity Market permettant aux plus grandes sociétés cotées au monde d’être accessibles 24 heures sur 24 en fonction des zones horaires.

Ne nous y trompons pas cependant, la consolidation des marchés boursiers européens reste la priorité. Les bourses européennes sont des entreprises dynamiques, technologiquement avancées et habituées à la compétition. Leur faiblesse réside dans le fait qu’elles ne sont dominantes que pour leur marché domestique. La concurrence peut donc venir de bourses rivales décidant de coter des valeurs de marchés voisins ou de nouveaux venus électroniques se spécialisant sur une niche donnée.

La restructuration du paysage boursier européen ne fait que commencer à l’instar de ce qui peut se passer dans d’autres secteurs comme les telecoms ou la défense. Nul ne peut se vanter de savoir quel sera ce paysage à l’avenir mais il y a tout lieu de penser que la concurrence souhaitée par la commission européenne et le dynamisme des acteurs (Euronext, VirtX, LSE, Norex, DBAG…) se traduira non pas par la naissance d’un système unique et monopolistique mais par la coexistence de plusieurs pôles de liquidité à l’instar de ce qui se passe aux Etats-Unis où le NASDAQ et le NYSE sont en compétition pour le plus grand bien des marchés de capitaux américains. Une seule chose est certaine, Euronext sera un acteur majeur de ce processus qui vise à faire gagner l’Europe et à donner à notre continent un marché financier unifié et dynamique à l’image des Etats-Unis.


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