L'Euro, la future monnaie unique de l'Europe, verra le jour le 1
janvier 1999. Plus personne n'en doute ; cet état d'esprit se retrouve
non seulement à travers la volonté des acteurs politiques, mais
également dans la recommandation sur le lancement de la monnaie
unique présentée fin mars à la Commission Européenne par les onze
pays participants, après vérification du respect des critères de
convergence.
Toutefois - plus important encore que la volonté politique - il
faut donner des arguments économiques convaincants en faveur de
l'union monétaire étant donné que tous les agents économiques -
c'est-à-dire les entreprises, les consommateurs et les salariés
- peuvent tirer profit de l'introduction d'une monnaie unique.
Des avantages pratiquement sans frontières
Le remplacement des monnaies nationales par l'Euro ne constitue
pas une réforme monétaire engendrant une dépréciation de la monnaie,
mais plutôt une simple conversion en une unité de valeur différente,
valable dans toute l'Europe. La suppression de la coexistence de
différentes monnaies nationales entraînera d'importantes réductions
de coûts. Ainsi, ni les entreprises, ni les particuliers n'auront
plus à procéder à de longes opérations de change. Les entreprises
ne seront plus contraintes à prévoir des provisions relatives aux
fluctuations des différentes monnaies européennes. De même, il ne
sera plus nécessaire de se protéger à l'égard du taux de change.
Selon les estimations de la Commission Européenne, les participants
à la monnaie unique économiseront de 40 à 50 milliards de Deutschmark
(soit environ 120 à 150 milliards de Francs) par an, grâce à la
suppression des coûts de transaction. Ces économies seront de longue
durée, voire permanentes, de sorte que les frais importants liés
à l'adaptation, qui n'interviennent qu'une seule fois, perdront
de leur importance à long terme . Ces avantages profiteront naturellement
aux touristes, mais aussi et surtout aux entreprises exportatrices;
le consommateur final en bénéficiera également à travers la fixation
des prix.
L'Union Monétaire Européenne aura également des conséquences positives
sur le calendrier prévisionnel des entreprises concernant les affaires
intra-communautaires. En outre, le commerce extérieur et l'investissement
direct ne seront plus affectés par les fluctuations des taux de
change, qui limitent la libre-concurrence. Par conséquent, des interdépendances
de plus en plus étroites s'instaureront entre les différents pays;
l'accroissement de la concurrence devrait également avoir des conséquences
bénéfiques pour les consommateurs en raison des baisses de prix
qu'elle engendrera.
Une plus grande transparence des prix constitue l'un des avantages
supplémentaires de l'union monétaire: à partir de l'an 2002 tous
les prix au sein de l'UME seront affichés en Euro. Cela facilitera
la comparaison des offres et changera - pas seulement dans les régions
frontalières - les conditions d'achat et de vente. Des " agences
de prix " étendront leurs activités et proposeront des comparatifs
de prix transfrontaliers. Les possibilités de différenciation des
prix, qui existent déjà dans l'industrie de l'automobile ou dans
la grande distribution par exemple, diminueront.
Un marché financier unique sans frontières monétaires
La politique monétaire de la Banque Centrale Européenne devra veiller
à ce qu'un niveau unique des taux d'intérêts soit respecté sur les
marchés monétaires au sein de l'Union Monétaire Européenne. Par
ailleurs, les taux d'intérêts à long terme du marché financier devront,
eux aussi, s'adapter. Certes, de faibles variations d'environ 20
à 30 points apparaîtront en raison des différences de taxation ou
de liquidité du marché, par exemple. Mais l'élément déterminant
désormais, ne sera plus l'évolution des taux de change mais plutôt
la solvabilité individuelle, comme c'est le cas pour les émetteurs
particuliers depuis toujours.
Grâce à la monnaie unique, la transparence des différents marchés
des biens s'accroissera et, par répercussion, la concurrence aussi.
Ainsi, davantage de capitaux étrangers pourront être attirés en
Europe, à condition que l'Euro soit stable et représente ainsi une
monnaie de placement et de réserve attractive. Cela permettra d'avoir
des taux d'intérêts moins élevés, qui engendreront par la même,
des effets positifs sur l'investissement et sur la croissance.
Des réformes structurelles liées à l'Euro
Le " Pacte de stabilité et de croissance ", qui a été conclu en
complément du Traité de Maastricht, confrontera les gouvernements
des Etats-membres à une importante nécessité de consolidation financière.
En effet, il a non seulement été convenu d'éviter des déficits budgétaires
annuels supérieurs à 3% du PIB, mais également de tendre, à moyen
terme, à un budget quasi-équilibré, voire même excédentaire. C'est
pourquoi il est nécessaire d'alléger les finances publiques, d'une
manière plus efficace qu'auparavant, ainsi que les dépenses consomptives
et de résoudre les problèmes structurels du budget. Cela nécessite
une réduction de la charge des impôts et des taxes, l'amélioration
des conditions d'investissement et la réorganisation des retraites.
En ce qui concerne le marché du travail, l'union monétaire accroissera
également la nécessité d'adaptation, car la monnaie unique rendra
les salaires et les prestations sociales plus facilement comparables.
Cependant, on peut craindre que les réclamations relatives à un
standard social minimum ne se multiplient et qu'une " union sociale
" voit ainsi le jour; cela serait aussi peu compatible avec une
" union de stabilité " qu'avec une " union de transfert " dans laquelle
des paiements compensatoires excessifs circuleraient entre les Etats-membres.
Conclusion : Les entreprises doivent commencer à se préparer
à l'Euro
Tous les avantages économiques détaillés ci-dessus font apparaître
l'Union Monétaire Européenne sous un jour favorable. Puisque les
Politiques sont définitivement décidés à mettre l'UME en route,
il est grand temps pour les entreprises de commencer à se préparer
à la conversion, si cela n'est pas déjà fait. Tout d'abord, la transition
monétaire doit être bien préparée sur le plan technique et organisationnel,
de la comptabilité à travers le traitement des données jusqu'à la
conversion des monnaies. Beaucoup de ces tâches ne peuvent pas être
accélérées ; une anticipation est donc essentielle si une entreprise
veut survivre dans le cadre du marché unique.
Mais l'adaptation de la stratégie des entreprises à l'Europe est
peut-être aussi importante que leur préparation à l'Euro. Le nouveau
marché représente pour beaucoup d'entre-elles une chance dont il
convient de profiter. Les produits ainsi que les prix, les relations
avec les fournisseurs, la vente et la coopération doivent être examinés
et adaptés, si besoin est. Le plus grand, marché unique financier
ouvre de nouvelles perspectives d'investissement et de financement,
auxquelles les entreprises doivent s'intéresser à temps. Celui qui
profitera de ces opportunités, pourra ainsi retirer un profit supplémentaire
de la réforme monétaire par rapport à ses concurrents, à condition
que ces derniers ne se soient pas mieux préparés et plus tôt.
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