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L'Euro - Une chance pour les entreprises
Il est grand temps pour les entreprises de commencer à se préparer à la conversion, si cela n'est pas déjà fait. La transition monétaire doit être bien préparée sur le plan technique et organisationnel, de la comptabilité à travers le traitement des données jusqu'à la conversion des monnaies. Beaucoup de ces tâches ne peuvent pas être accélérées; une anticipation est donc essentielle si une entreprise veut survivre dans le cadre du marché unique.©1998
Martin KOHLHAUSSEN - Porte-parole du Directoire de la
COMMERZBANK S.A.


L'Euro, la future monnaie unique de l'Europe, verra le jour le 1 janvier 1999. Plus personne n'en doute ; cet état d'esprit se retrouve non seulement à travers la volonté des acteurs politiques, mais également dans la recommandation sur le lancement de la monnaie unique présentée fin mars à la Commission Européenne par les onze pays participants, après vérification du respect des critères de convergence.

Toutefois - plus important encore que la volonté politique - il faut donner des arguments économiques convaincants en faveur de l'union monétaire étant donné que tous les agents économiques - c'est-à-dire les entreprises, les consommateurs et les salariés - peuvent tirer profit de l'introduction d'une monnaie unique.

Des avantages pratiquement sans frontières

Le remplacement des monnaies nationales par l'Euro ne constitue pas une réforme monétaire engendrant une dépréciation de la monnaie, mais plutôt une simple conversion en une unité de valeur différente, valable dans toute l'Europe. La suppression de la coexistence de différentes monnaies nationales entraînera d'importantes réductions de coûts. Ainsi, ni les entreprises, ni les particuliers n'auront plus à procéder à de longes opérations de change. Les entreprises ne seront plus contraintes à prévoir des provisions relatives aux fluctuations des différentes monnaies européennes. De même, il ne sera plus nécessaire de se protéger à l'égard du taux de change. Selon les estimations de la Commission Européenne, les participants à la monnaie unique économiseront de 40 à 50 milliards de Deutschmark (soit environ 120 à 150 milliards de Francs) par an, grâce à la suppression des coûts de transaction. Ces économies seront de longue durée, voire permanentes, de sorte que les frais importants liés à l'adaptation, qui n'interviennent qu'une seule fois, perdront de leur importance à long terme . Ces avantages profiteront naturellement aux touristes, mais aussi et surtout aux entreprises exportatrices; le consommateur final en bénéficiera également à travers la fixation des prix.

L'Union Monétaire Européenne aura également des conséquences positives sur le calendrier prévisionnel des entreprises concernant les affaires intra-communautaires. En outre, le commerce extérieur et l'investissement direct ne seront plus affectés par les fluctuations des taux de change, qui limitent la libre-concurrence. Par conséquent, des interdépendances de plus en plus étroites s'instaureront entre les différents pays; l'accroissement de la concurrence devrait également avoir des conséquences bénéfiques pour les consommateurs en raison des baisses de prix qu'elle engendrera.

Une plus grande transparence des prix constitue l'un des avantages supplémentaires de l'union monétaire: à partir de l'an 2002 tous les prix au sein de l'UME seront affichés en Euro. Cela facilitera la comparaison des offres et changera - pas seulement dans les régions frontalières - les conditions d'achat et de vente. Des " agences de prix " étendront leurs activités et proposeront des comparatifs de prix transfrontaliers. Les possibilités de différenciation des prix, qui existent déjà dans l'industrie de l'automobile ou dans la grande distribution par exemple, diminueront.

Un marché financier unique sans frontières monétaires

La politique monétaire de la Banque Centrale Européenne devra veiller à ce qu'un niveau unique des taux d'intérêts soit respecté sur les marchés monétaires au sein de l'Union Monétaire Européenne. Par ailleurs, les taux d'intérêts à long terme du marché financier devront, eux aussi, s'adapter. Certes, de faibles variations d'environ 20 à 30 points apparaîtront en raison des différences de taxation ou de liquidité du marché, par exemple. Mais l'élément déterminant désormais, ne sera plus l'évolution des taux de change mais plutôt la solvabilité individuelle, comme c'est le cas pour les émetteurs particuliers depuis toujours.

Grâce à la monnaie unique, la transparence des différents marchés des biens s'accroissera et, par répercussion, la concurrence aussi. Ainsi, davantage de capitaux étrangers pourront être attirés en Europe, à condition que l'Euro soit stable et représente ainsi une monnaie de placement et de réserve attractive. Cela permettra d'avoir des taux d'intérêts moins élevés, qui engendreront par la même, des effets positifs sur l'investissement et sur la croissance.

Des réformes structurelles liées à l'Euro

Le " Pacte de stabilité et de croissance ", qui a été conclu en complément du Traité de Maastricht, confrontera les gouvernements des Etats-membres à une importante nécessité de consolidation financière. En effet, il a non seulement été convenu d'éviter des déficits budgétaires annuels supérieurs à 3% du PIB, mais également de tendre, à moyen terme, à un budget quasi-équilibré, voire même excédentaire. C'est pourquoi il est nécessaire d'alléger les finances publiques, d'une manière plus efficace qu'auparavant, ainsi que les dépenses consomptives et de résoudre les problèmes structurels du budget. Cela nécessite une réduction de la charge des impôts et des taxes, l'amélioration des conditions d'investissement et la réorganisation des retraites.

En ce qui concerne le marché du travail, l'union monétaire accroissera également la nécessité d'adaptation, car la monnaie unique rendra les salaires et les prestations sociales plus facilement comparables. Cependant, on peut craindre que les réclamations relatives à un standard social minimum ne se multiplient et qu'une " union sociale " voit ainsi le jour; cela serait aussi peu compatible avec une " union de stabilité " qu'avec une " union de transfert " dans laquelle des paiements compensatoires excessifs circuleraient entre les Etats-membres.

Conclusion : Les entreprises doivent commencer à se préparer à l'Euro

Tous les avantages économiques détaillés ci-dessus font apparaître l'Union Monétaire Européenne sous un jour favorable. Puisque les Politiques sont définitivement décidés à mettre l'UME en route, il est grand temps pour les entreprises de commencer à se préparer à la conversion, si cela n'est pas déjà fait. Tout d'abord, la transition monétaire doit être bien préparée sur le plan technique et organisationnel, de la comptabilité à travers le traitement des données jusqu'à la conversion des monnaies. Beaucoup de ces tâches ne peuvent pas être accélérées ; une anticipation est donc essentielle si une entreprise veut survivre dans le cadre du marché unique.

Mais l'adaptation de la stratégie des entreprises à l'Europe est peut-être aussi importante que leur préparation à l'Euro. Le nouveau marché représente pour beaucoup d'entre-elles une chance dont il convient de profiter. Les produits ainsi que les prix, les relations avec les fournisseurs, la vente et la coopération doivent être examinés et adaptés, si besoin est. Le plus grand, marché unique financier ouvre de nouvelles perspectives d'investissement et de financement, auxquelles les entreprises doivent s'intéresser à temps. Celui qui profitera de ces opportunités, pourra ainsi retirer un profit supplémentaire de la réforme monétaire par rapport à ses concurrents, à condition que ces derniers ne se soient pas mieux préparés et plus tôt.


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