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La réussite de la phase finale de l'Union économique et monétaire :
la naissance officielle de l'euro
Deux éléments ont prévalu à la consécration de l'Union économique et monétaire : la volonté politique des chefs d'Etat et de gouvernement et la réalisation de conditions économiques nécessaires à son succès. Cette même volonté politique a permis une convergence durable des économies. Sans elle l'euro n'aurait pu voir le jour. L'alignement des économies sur les meilleurs niveaux de performance est, en effet, un préalable à la création de la monnaie unique. Il garantit l'avènement d'un euro stable, qui repose sur des bases solides et un vaste marché financier.©1998
Yves-Thibault de SILGUY - Commissaire européen aux questions
économiques, financières et monétaires (1998)


En confirmant la participation de onze pays à la monnaie unique lors du week-end du 1er mai, les chefs d'Etat et de gouvernement des Quinze ont ouvert une nouvelle ère dans l'histoire de la construction européenne. La naissance officielle de l'euro, dernière pierre de l'édifice de l'UEM, vient d'être posée au terme d'un travail sans relâche de rapprochement des peuples et des économies. Quelque quarante années nous sépare de la signature des traités de Rome et déjà onze Etats membres se sont unis pour partager une même monnaie.

Deux éléments ont prévalu à la consécration de l'Union économique et monétaire: la volonté politique des chefs d'Etat et de gouvernement et la réalisation des conditions économiques nécessaires à son succès.

L'engagement politique des différents gouvernements a représenté la condition sine qua non de la réussite de l'Union économique et monétaire. Elle n'a jamais fléchi au cours du temps, comme en témoigne les avancées par étapes de l'UEM: du traité de Rome au rapport Werner via le plan Barre; du rapport Werner à la création du SME en passant par le serpent monétaire européen; enfin du SME au traité de Maastricht, la construction européenne a suivi un processus continu.

Le traité de Rome n'aborde guère les questions d'ordre monétaire car, à l'époque, le système de Bretton-Woods garantissait la stabilité monétaire au niveau international. La désagrégation de ce système a changé néanmoins la donne de l'environnement monétaire international et a conduit les européens à afficher de nouvelles ambitions politiques: l'objectif des taux de change stables est envisagé pour la première fois en 1965, puis repris par le plan Barre et le rapport Werner. Il se concrétise par la création du serpent monétaire européen, puis du SME, consacrant des taux de change stables mais ajustables. La mise en place du SME a créé une zone de stabilité, contribuant à la décrue de l'inflation et à la stabilisation des taux de change entre une majorité d'Etats membres.

Par la suite, la mondialisation des économies et les turbulences accrues auxquelles celles-ci furent exposées ont nécessité une réponse à la hauteur de l'enjeu de la construction européenne. En ratifiant le traité de Maastricht en 1992, les peuples européens ont rendu le projet de la création d'une monnaie unique crédible, réalisable et irréversible. Cet engagement politique a conféré à l'Union économique et monétaire les fondements juridiques indispensables à son succès. Cette même volonté politique a permis une convergence durable des économies. Sans elle l'euro n'aurait pu voir le jour.

L'alignement des économies sur les meilleurs niveaux de performance est, en effet, un préalable à la création de la monnaie unique: il garantit l'avènement d'un euro stable, qui repose sur des bases solides et un vaste marché financier. De surcroît, il favorise la stabilité des taux de change et la réduction des taux d'intérêt, préalables à la croissance et à la création d'emplois.

L'expérience le prouve: une inflation maîtrisée, des finances publiques plus saines et des taux d'intérêt à des niveaux historiquement bas expliquent l'actuelle reprise économique créatrice d'emplois, et la stabilité monétaire en Europe en dépit de la crise asiatique. Le taux d'inflation moyen dans la Communauté a atteint le niveau exceptionnellement bas de 2,1% en 1997. Parallèlement, le déficit moyen des administrations publiques dans l'Europe des Quinze, a chuté de 6,1% du PIB en 1993 à 2,4% en 1997, permettant une réduction du ratio de la dette publique par rapport au PIB. Depuis lors, la croissance, seulement de 1,8% du PIB en 1996, s'est élevée à 2,7% en 1997. Elle devrait atteindre 2,8% en 1998 et 3% en 1999. En engageant les Etats membres à réaliser une convergence durable de leurs économies, le pacte de stabilité et de croissance garantit la continuité des efforts poursuivis jusqu'à présent avec succès et la crédibilité de la future politique monétaire menée par une Banque centrale européenne indépendante.

Toutes les conditions sont donc réunies pour la réussite durable de l'UEM: une volonté politique sans faille de la part des gouvernements et un cadre macro-économique assaini, et exempt de fluctuations de changes et de risques inflationnistes. L'euro est, en conséquence, une chance pour l'avenir de l'Europe. Il ne tient qu'à elle de s'en saisir pour assurer la sécurité et la prospérité du continent.


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