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La politique sociale en Europe
L'Allemagne a repris la présidence de l'UE le 1er janvier 1999. Nous sommes conscients de la responsabilité toute particulière qui nous incombe en ce qui concerne la politique sociale et nous l'assumons.
En Europe, on reconnaît de plus en plus que le débat sur l'Etat-providence ne doit pas se limiter à la gestion de son coût. Il faut toujours prendre en considération l'importance du système social au sein d'une démocratie sociale ainsi que ses effets sur le développement et l'innovation économiques.
©1999
Walter RIESTER - Ministre fédéral de l'emploi et des affaires
sociales


L'ancrage de l'Allemagne dans l'Union Européenne constitue un enjeu primordial de la politique du nouveau gouvernement fédéral. Cela est évidemment vrai pour la politique étrangère de l'Allemagne, mais l'est encore davantage qu'auparavant en ce qui concerne la politique intérieure et plus particulièrement la politique sociale. La politique sociale ne doit pas être soumise à la politique économique mais doit bénéficier des mêmes droits et de la même attention.

En dépit des différences entre les systèmes sociaux, un consensus est apparu en Europe sur l'idée que la justice sociale et l'efficacité économique doivent être envisagées simultanément. En Grande-Bretagne, Tony Blair s'est engagé dans ce que l'on appelle la "troisième voie". Il s'agit de donner un cadre réglementaire à une politique économique libérale. Il s'agit également de compléter ce cadre par une politique sociale basée sur la responsabilité et l'initiative individuelle. C'est une avancée importante pour les sociaux-démocrates européens dans leur marche vers l'avenir.

En Europe, on reconnaît de plus en plus que le débat sur l'Etat-providence ne doit pas se limiter à la gestion de son coût. Il faut toujours prendre en considération l'importance du système social au sein d'une démocratie sociale ainsi que ses effets sur le développement et l'innovation économiques.

La protection sociale révèle son efficacité économique essentiellement dans trois domaines : seule une politique sociale responsable permet de rendre l'économie de marché acceptable ; elle permet également d'élargir la marge de manœuvre dans la perspective d'un changement économique et social dont la mise en œuvre est soutenue par la majorité des citoyens ; enfin, elle permet de multiplier et de mettre en valeur les ressources humaines.

Lorsque de larges couches de la population risquent de voir leur existence menacée, elles ne sont pas en mesure d'accepter des réformes structurelles nécessaires et indispensables. La protection sociale réduit ces inquiétudes. La marge de manœuvre en faveur d'un changement économique et social s'agrandit dans la mesure où les citoyennes et les citoyens ont confiance dans une politique sociale équilibrée. L'Etat-providence est à la base d'une culture de confiance en Europe qui constitue, à son tour, la condition préalable à l'instauration d'une économie flexible et innovatrice.

Même si nous ne pouvons pas parler d'un seul et unique modèle social européen, nous observons néanmoins une nouvelle forme de convergence en Europe. Les pays de l'UE reconnaissent de plus en plus que nous ne pouvons lutter de manière efficace contre le chômage de masse qu'une fois la culture de confiance établie. Les Pays-Bas nous ont montré la forme que pouvait prendre une telle culture de confiance entre les acteurs économiques et l'Etat. En Grande-Bretagne, le gouvernement et le monde économique ont eux aussi conclu un accord permettant à une société innovatrice d'entrer dans le XXIème siècle. La plupart des pays européens dont le niveau de l'emploi s'est amélioré disposent d'accords similaires.

C'est pourquoi le Pacte sur l'emploi, la formation et la compétitivité est essentiel pour le nouveau gouvernement. Nous voulons discuter avec le patronat et les syndicats pour nous mettre d'accord sur l'analyse des problèmes actuels et sur les stratégies appropriées pour les résoudre. La première rencontre entre les différents partenaires du Pacte nourrit l'espoir que nous aboutirons à des engagements concrets destinés à réduire le chômage au cours de cette année.

D'une manière générale, il n'est possible de conserver l'équilibre entre les évolutions économique et sociale que si nous réduisons l'hypothèque la plus lourde pesant sur la protection sociale. Ainsi devons-nous conjuguer tous nos efforts pour augmenter le niveau de l'emploi.

L'Allemagne a repris la présidence de l'UE le 1er janvier 1999. Nous sommes conscients de la responsabilité toute particulière qui nous incombe en ce qui concerne la politique sociale et nous l'assumons. L'importance de la dimension sociale de l'Europe va croître en une seule étape avec le lancement de l'euro qui a également eu lieu au début de l'année. Nous devons trouver des mécanismes sociaux qui compensent l'abolition des possibilités d'ajustement des taux de change.

Ce n'est qu'en changeant l'Union monétaire en une Union politique à dimension sociale que nous parviendrons à rapprocher l'Europe et ses peuples. C'est pourquoi la présidence allemande de l'UE s'est donné pour mot d'ordre: "Pour une Europe économiquement et socialement forte".

Au premier semestre 1999, nous nous attaquerons à trois tâches principales:

1. Nous devons faire en sorte que la lutte contre le chômage soit également prioritaire au niveau européen. Le Pacte de stabilité doit être accompagné par un pacte sur l'emploi efficace.

2. Nous poursuivrons l'objectif tendant à accroître davantage les standards sociaux minimums. L'agenda contient avant tout un projet faisant l'objet de controverses depuis plusieurs décennies : la création d'un statut juridique d'une société européenne par actions dotée d'une garantie de cogestion des salariés. Nous voulons enfin arriver à une solution qui puisse être acceptée par tous.

3. Nous voulons renforcer le rôle du Conseil des ministres de l'emploi et des affaires sociales pour que la dimension sociale de l'Europe soit suffisamment prise en considération dans les futures grandes décisions, notamment en ce qui concerne les problèmes liés à l'élargissement à l'Est, à la réforme des fonds structurels et à la nouvelle structure financière de l'UE.

Grâce au traité d'Amsterdam nous disposons d'institutions et d'instruments appropriés. Nous nous servirons des dispositifs offerts par ces instruments en les développant ; parallèlement, nous assumerons mieux nos responsabilités que par le passé lorsque nous agirons dans le cadre de nos fonctions.

C'est un défi capital pour l'Europe : près de 17 millions d'habitants de l'Union Européenne sont au chômage. Nous nous devons de relever ce défi et de réussir en coopération avec nos partenaires. Nous devons encore mieux coordonner nos politiques économique, budgétaire et sociale en Europe. Le gouvernement fédéral allemand va y contribuer !

Traduction Forum


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