1999 sera une année cruciale pour la politique mondiale du commerce.
Dans le contexte de crise financière en Asie et en Russie, le rôle
et l'importance de l'économie globale n'ont jamais été aussi importants.
A l'approche du prochain siècle, aucune économie ne peut plus rester
en dehors du marché global.
Mais la solution n'est pas de se retourner vers le passé. Un repli
derrière des barrières protectionnistes, comme ce fut le cas dans
les années 30, serait le meilleur moyen pour rendre encore pire
une situation déjà mauvaise.
La crise atteste plus que jamais de la nécessité de regarder vers
l'avant et de s'engager dans une libéralisation accrue du commerce.
Nous devons travailler ensemble pour que les marchés restent ouverts
et faire face collectivement à la turbulence économique mondiale.
L'engagement de l'U.E. dans un système multilatéral d'échanges régulés
est plus fort aujourd'hui que jamais. Nous sommes convaincus que
le multilatéralisme constitue le meilleur modèle pour la coopération
internationale et la stabilité économique. Une politique commerciale
sans barrière conduit à la croissance mondiale, à la prospérité
et à l'emploi. Le meilleur moyen pour faire face aux challenges
du millénaire est l'organisation de négociations globales et multilatérales.
Nous avons célébré cette année les 50 ans du système multilatéral
d'échange. Nous devrions être fiers à juste titre des succès remportés
par le GATT, qui a ouvert une brèche dans les remparts protectionnistes.
Huit " séries " de rencontres majeures sur le commerce mondial ont
permis de démanteler les frontières entravant la libéralisation
des échanges au bénéfice du commerce et des consommateurs.
La dernière rencontre - le colossal Uruguay Round - a conduit à
la création de l'Organisation Mondiale du Commerce, organe permanent
et forum permettant le règlement des différends commerciaux. En
quatre ans seulement, elle à déjà eu un impact significatif à travers
le nouvel Organe de Règlement des Différends, qui a arbitré avec
succès des querelles commerciales dans le monde entier.
Depuis lors, des accords d'ouverture des marchés des technologies
de l'information, des services financiers et des télécommunications
ont été négociés avec succès. L'accord de l'OMC sur les Télécoms,
qui est entré en vigueur au début de l'année 1998, couvre plus de
93% des revenus mondiaux des télécommunications. De même, l'accord
sur les services financiers conclu à Genève en décembre dernier
couvre plus de 97% des primes d'assurance des pays membres de l'OMC.
Ces accords fournissent des règles globales à quelques-unes des
entreprises dont les croissances sont parmi les plus élevées du
monde.
Mais beaucoup reste à faire. C'est pourquoi l'Union Européenne,
déjà soutenue par le Japon, l'Australie, Hong Kong, Singapour, le
Mexique, le Chili et d'autres encore, est persuadée que l'organisation
d'une nouvelle série de rencontres mondiales sur le commerce dès
le 1 janvier 2000 - un " Millenium Round " - constitue le meilleur
moyen pour aller de l'avant.
Seules de nouvelles négociations multilatérales à cette échelle,
rassemblant toutes les industries et tous les pays participant aux
échanges commerciaux, permettront à chaque secteur d'exprimer ce
qu'il souhaite voir réaliser - et offriront aux gouvernements la
possibilité de passer des accords trans-sectoriels. Rien n'est décidé
tant que l'on n'est pas d'accord sur l'ensemble mais chacun y gagnera
en fin de compte.
Procéder par des accords sectoriels ou géographiques peut offrir
une solution satisfaisante par bribes à court terme mais ne peut
offrir des perspectives de croissance mondiale à long terme. Les
effets bénéfiques d'une libéralisation totale se diffuseront largement
à travers l'ensemble de l'économie, et ne se limiteront pas seulement
à quelques secteurs particuliers ou groupes d'intérêt.
Un agenda concernant les nouvelles discussions sur le commerce existe
déjà dans les accords de l'Uruguay Round. En qualité de partie à
ces accords, les membres de l'OMC ont déjà pris l'engagement d'entamer
des négociations sur les subventions et services agricoles avant
la fin de l'année. Les profits potentiels dans ces secteurs sont
énormes.
Cependant, l'Union Européenne estime que ces négociations devraient
être beaucoup plus larges. Les règles gouvernant le commerce et
l'investissement d'une part et le commerce et la concurrence d'autre
part constituent deux secteurs que l'on ne peut se permettre d'ignorer.
Ainsi, l'OMC a déjà mis en place des groupes de travail pour examiner
ces deux domaines.
Par ailleurs, la Négociation du Millénaire devrait également couvrir
de nouvelles questions tels que la poursuite de la libéralisation
des tarifs industriels et du commerce électronique - secteur qui
s'est énormément développé depuis l'Uruguay Round.
Les exportateurs sont également gênés par tout une série de barrières
non-tarifaires qui existent à travers le monde. Il y a un besoin
croissant de simplifier les procédures d'exportations et d'importations,
de mettre au point des standards pour les produits ainsi que des
normes techniques, de renforcer les droits de propriété intellectuelle,
de développer les règles existantes sur l'expropriation publique,
de simplifier le système complexe des appellations d'origine et
de faire en sorte que les règles gouvernant l'investissement et
la concurrence n'aboutissent pas à entraver la libre circulation
des marchandises, des services et des capitaux dans le monde. Ces
questions urgentes ne sauraient attendre.
Néanmoins, même si le nouveau cycle de négociations sur le commerce
doit essentiellement concerner le marché, il doit également dépasser
le niveau des seuls intérêts économiques. Nous devons porter plus
d'attention au rapport entre le commerce et l'environnement, aux
conditions de travail, à la protection alimentaire et à celle des
animaux.
Le renforcement de la compréhension et de la confiance du public
vis à vis du système multilatéral constitue un autre défi. Pour
ce faire, nous devons prendre des mesures pour améliorer la transparence
des procédures de l'OMC et donner plus d'importance au processus
de consultation. Il est vital que nous expliquions aux groupes intéressés
et au public en général les bénéfices économiques et sociaux résultants
d'une expansion du commerce mondial.
Le monde ne peut pas rester en retrait à un moment aussi crucial.
Les crises financières asiatiques et russes rendent encore plus
urgentes la nécessité d'agir rapidement. Nous devons agir encore
plus rapidement en ce qui concerne les nouveaux marchés mondiaux.
Et nous devons résister à toutes tentations de revenir au protectionnisme
d'avant guerre, ce qui serait préjudiciable.
Si nous voulons entrer dans le prochain millénaire sur une base
économique solide, on doit accroître la libéralisation des échanges
débouchant sur un " Millenium Round" véritablement global.
Traduction Forum
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