Concepts design, plans de construction, flux de capitaux: il suffit
de cliquer avec la souris pour que des informations et des services
de toutes sortes fassent le tour du monde. Que ce soient les scientifiques,
les entrepreneurs, les consommateurs, les professionnels du secteur
financier, les institutions publiques, les mouvements de citoyens
ou les associations, tous, par millions, sont en relation, à l'échelle
mondiale, grâce à Internet. Rien qu'au cours des deux dernières
années, le nombre de connexions à Internet a triplé pour atteindre
environ 60 millions. Ces chiffres mettent en évidence l'extrême
rapidité du changement que connaît le monde au seuil du XXIe siècle.
L'intégration en cours des relations économiques internationales
et la diversification croissante de l'activité des entreprises qui
s'y rattache offrent, aux pays industrialisés comme aux pays en
voie de développement, des chances immenses de croissance, de création
d'emplois et de progrès social.
Dans ce contexte, la politique économique nationale se retrouve
face à deux défis principaux. D'une part, en matière de politique
économique, il faut veiller à ce que les conditions d'ensemble permettent
à l'économie nationale de bénéficier de bonnes dispositions pour
s'affirmer face à la concurrence internationale et pour pouvoir
se développer. D'autre part, nous devons faire en sorte que la mondialisation
ne soit pas un facteur d'exclusion, mais qu'elle puisse contribuer
à un développement économique, social et écologique équilibré. A
ce titre, le partenariat au sein de l'Europe joue un rôle important.
Le programme économique du gouvernement allemand a pour but de relever
ce double défi. Le "programme pour l'avenir", destiné à assurer
travail, croissance et stabilité, doit permettre de retrouver une
marge de manœuvre que l'on avait perdue en matière de politique
financière, de sauvegarder le système de protection sociale, d'en
assurer le financement et de réduire les charges fiscales et autres
cotisations. Il représente une étape décisive sur la voie d'une
modernisation générale du droit fiscal et propose des mesures pour
soutenir davantage la croissance et l'emploi. Par ailleurs, il contient
des aspects essentiels pour la réforme de la fiscalité d'entreprise
qui entrera en vigueur le 1er janvier 2001. Pour cela, le gouvernement
allemand suit la voie dans laquelle se sont également engagés avec
succès d'autres pays en réduisant les taux d'imposition pour les
entreprises, trop élevés à l'échelle internationale. Cela permet
aux entreprises installées en Allemagne d'être plus compétitives
et d'attirer davantage les investisseurs étrangers.
Le gouvernement allemand cherche à réduire les dépenses publiques
pour diminuer les charges fiscales en général et donner une plus
grande marge de manœuvre à l'initiative privée et à la prise de
risque individuelle. Nous nous efforçons de supprimer systématiquement
les subventions qui entravent un changement en profondeur. Nous
voulons également parvenir à un budget fédéral équilibré, au plus
tard, en 2006. De plus, en s'engageant dans la voie d'une réforme
écologique du système fiscal, le gouvernement incite à concilier
les intérêts écologiques et économiques dans le but de stimuler
l'innovation au sein de l'économie de marché. Cette loi n'a pas
seulement le mérite de rendre la protection de l'environnement plus
efficace. L'idée d'imposer les ressources naturelles qui risquent
de s'épuiser permet en même temps de réduire les charges que les
coûts sociaux font peser sur les employeurs et les salariés. Cette
réduction de l'écart beaucoup trop important entre coûts salariaux
et salaires nets stimule la création d'emplois.
Aujourd'hui, la marge de manœuvre pour prendre des décisions indépendantes
dans le domaine de la politique globale a pratiquement disparu dans
les pays membres. Outre la discipline factuelle qu'exige l'intégration,
toujours plus poussée, des marchés de capitaux internationaux, ce
sont surtout les règles liées à l'Union économique et monétaire,
décidées d'un commun accord, qui déterminent le champ d'action des
acteurs politiques nationaux. La politique monétaire est complètement
unifiée depuis le 1er janvier 1999 et relève de la compétence de
la BCE. Son but est d'assurer la stabilité des prix au sein de l'Europe
des Onze. Elle sera soutenue par la politique de dépenses publiques
à laquelle le pacte de stabilité et de croissance impose des limites
raisonnables en terme de politique économique.
Les conditions de la mondialisation rendent de plus en plus importante
la constitution de grands marchés efficients. Le processus en cours
qui rassemble en Europe les économies nationales au sein d'un espace
économique uni n'est donc pas seulement une condition indispensable
pour renforcer la compétitivité de nos entreprises, mais aussi un
moteur important de croissance et de développement. L'introduction
de l'euro donne une nouvelle dimension à l'intégration européenne
et accroît le poids de l'Europe sur les marchés de capitaux et sur
les marchés financiers internationaux.
La concurrence internationale accrue et la suppression de l'effet
de tampon lié aux taux de change exigent une plus grande capacité
d'adaptation des marchés. Aussi faut-il attacher une attention particulière
à la politique structurelle. Nous avons besoin de marchés de biens
et de services efficients, pour que des entrepreneurs ayant l'esprit
d'initiative puissent y développer leurs activités et pour que les
investissements aient un effet positif sur la création d'emplois.
Nous devons encourager la prise de risques, l'envie d'entreprendre
et l'autonomie pour favoriser l'émergence d'une nouvelle culture
d'entreprise en Europe. Par ailleurs, en ce qui concerne les marchés
de capitaux et les marchés financiers, nous avons besoin de mettre
en place un cadre plus favorable pour faciliter l'accès à un capital
destiné à des investissements innovants, notamment pour les petites
et moyennes entreprises dotées d'une technologie importante. La
politique de formation et de recherche constitue la pierre angulaire
garantissant l'accroissement d'innovation et d'esprit d'entreprise.
Le projet de réforme prévoit d'investir, jusqu'en 2003, 8 milliards
de DM supplémentaires pour soutenir la formation, la recherche et
la technologie. En cela, le gouvernement allemand contribue de manière
significative à améliorer les fondements d'une économie innovante,
compétitive et inscrite dans la durée.
La mise en place, en Europe, d'une économie sociale et écologique
de marché est en même temps le moteur essentiel d'un ordre économique
mondial aux caractéristiques modernes. Ces dernières années, la
dynamique de l'économie mondiale a plus que jamais apporté croissance
et prospérité à un nombre de plus en plus important d'individus,
même si les bénéfices du développement sont toujours répartis de
manière très inégale entre les différentes régions du monde. Différents
indicateurs de développement tels que l'espérance de vie, le niveau
d'éducation et la mortalité infantile ont connu une amélioration
assez générale. En particulier les pays en voie de développement
qui ont ouvert leurs économies nationales respectives au marché
mondial ont pu profiter des avantages de la mondialisation.
Après la fin, heureusement rapide, de la crise asiatique, les pronostics
placent, dans un avenir proche, les taux de croissance de la plupart
des pays nouvellement industrialisés bien au-dessus de ceux des
pays industrialisés. Ce développement est le fruit d'un processus
d'industrialisation au rythme très soutenu qui a cependant, dans
de nombreux pays, aggravé de façon dramatique la qualité de l'environnement.
C'est surtout dans les agglomérations dont le rythme de croissance
est soutenu que les taux de pollution de l'air, de l'eau et du sol
dépassent souvent de beaucoup le seuil de tolérance établi par l'Organisation
Mondiale de la Santé. Il est de plus en plus évident que les coûts
directs ou indirects d'une lutte a posteriori contre la pollution
dépassent ceux d'une protection de l'environnement intégrée au processus
d'industrialisation. Par conséquent, un nombre croissant d'Etats
reconnaît la nécessité d'avoir recours à la prévention par une politique
de l'environnement raisonnable, condition indispensable pour un
développement durable de leur économie et de leur société. A l'échelle
nationale et internationale, le marché est un mécanisme efficace
de transmission de technologies nouvelles, de méthodes de management
et de savoir-faire. L'intégration en cours de l'économie mondiale
et l'accès de plus en plus rapide et facile à l'information ne sont,
par conséquent, pas seulement une source importante de croissance,
de prospérité et de création d'emplois, mais sont également les
conditions nécessaires d'une protection durable de l'environnement.
La prise en compte de critères écologiques et sociaux pour continuer
la libéralisation commerciale ainsi qu'une intégration plus importante
des pays en voie de développement au sein du commerce mondial restent
des objectifs essentiels pour l'Allemagne et pour l'Union Européenne
en matière de politique économique. Les efforts effectués pour initier
à Seattle une nouvelle table ronde générale consacrée au commerce
mondial se sont, pour l'instant, soldés par un échec. Néanmoins,
l'OMC demeure le garant absolu de marchés ouverts et de relations
économiques internationales fiables. Par conséquent, l'existence
d'une OMC puissante est dans l'intérêt des petits pays et des pays
en voie de développement. L'Allemagne et l'Union Européenne vont
continuer à s'engager pour compléter le catalogue de règles prescrites
dans le cadre de l'OMC et pour l'adapter aux exigences d'une économie
soumise à la mondialisation. C'est là l'une des conditions importantes,
et non des moindres, pour mener à bien les réformes entreprises
à l'échelle nationale. Les économies nationales doivent à présent
s'adapter à la mondialisation. Cela vaut non seulement pour les
entreprises mais également pour le monde politique. Une économie
soumise à la mondialisation a besoin, elle aussi, d'un cadre normatif
adapté. Les hommes pourront alors tirer profit des avantages de
la mondialisation.
Traduction Forum
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