.
Wolf Lepeniest est également Recteur du Wissenschaftskolleg
à Berlin.
Lorsqu'il était question du passé, j'ai essayé de mettre en évidence
l'influence du passé français et allemand sur notre avenir européen
commun. Les relations franco-allemandes ne peuvent plus trouver
leur légitimité en elles-mêmes; il faut qu'elles se justifient en
contribuant à l'évolution et au renforcement intérieur de l'Europe.
"Qui parle de l'Europe a tort", déclarait Bismarck, faisant allusion
au fait qu'en règle générale, à l'époque des Etats nationaux puissants
et conscients de leur puissance, seuls se référaient à l'Europe
les pays soumis et désavantagés. Mais, de nos jours, à l'heure où
les Etats nationaux sont de plus en plus affaiblis, il faut justement
que de grands pays comme la France et l'Allemagne se réfèrent à
l'Europe : "qui parle de l'Europe a raison."
A cet égard, on peut se demander, au vu des différences bilatérales
tout à fait " naturelles ", qui ne sont pas près de disparaître,
si, au lieu des efforts excessifs d'harmonisation, ce n'est pas
plutôt la " réunion " pragmatique, voire même cynique de différences
fondamentales qui feront avancer la cohésion du continent, différences
qui peuvent cependant avoir une utilité réciproque. Le travail en
commun, sur la base d'expériences et d'aspirations différentes et
par là-même passionnantes, constitue l'une des tâches de l'Europe
pour l'avenir au même titre que les progrès de l'unification dans
tous les domaines de la vie publique. C'est justement dans le cadre
de coopérations franco-allemandes que j'ai moi-même fait une expérience
véritablement européenne : trouver un dénominateur commun à nos
différences est une chose difficile, mais particulièrement satisfaisante
et riche d'enseignements- avec des conséquences importantes pour
les convictions de chaque pays et pour les administrations nationales.
L'Europe qui se construit surtout économiquement a besoin, pour
ce qui est de la politique culturelle, d'un renforcement approprié
par l'"européanisation" des institutions nationales. Ce qui constitue
depuis longtemps une nécessité dans le domaine de l'économie doit
s'imposer dans le vaste domaine de la culture comme une évidence
partagée par tous. Aux efforts d'unification venus d'"en haut" (Bruxelles)
doivent répondre des initiatives en faveur de l'unification, diversifiées
et flexibles, venues d'"en bas". Seules ces dernières peuvent donner
naissance à de nouvelles structures qui seraient à la mesure des
motivations et des intérêts particuliers de chacun des acteurs.
Si l'unification européenne ne progresse qu'au niveau des institutions
supranationales, on peut craindre que l'ensemble des institutions
de chaque pays ne devienne un creuset de rancunes nationales que
l'on croyait dépassées depuis longtemps. Il faut enfin "rendre l'Europe
quotidienne", en faire plus que jamais un élément de notre vie de
tous les jours.
Dans le cadre spécifique de la politique scientifique et culturelle
que je connais bien, j'ai également observé à quel point le débat
de plus en plus vif en Europe sur l'orientation géographique à donner
à son élargissement entravait les progrès de l'Union Européenne.
Son extension vers l'Est rencontre la méfiance croissante des pays
du sud de l'Europe- d'autant qu'il n'y a plus, du moins en Europe,
de possibilités d'extension vers le sud(1). A ce titre, la France
se trouve dans une situation particulièrement difficile, mais aussi
fort prometteuse, dans la mesure où elle a à sa disposition l'option
Nord comme l'option Sud. Il est intéressant de remarquer précisément
aujourd'hui que Fernand Braudel a conçu son grand livre sur la Méditerranée
alors qu'il était prisonnier des Allemands(2) !
Dans ce contexte qui conduit systématiquement l'Europe dans une
impasse, la France va devenir, bien plus que par le passé, un médiateur
pour l'Allemagne et va ainsi contribuer enfin à la nécessaire formation
de la coalition entre les protagonistes du débat sur l'élargissement
de l'Europe. De même, dans le cadre du dialogue entre l'Europe et
l'Islam, il convient dorénavant d'accorder beaucoup plus d'importance
à la coopération avec la France. Il est bon pour les Allemands que
la France et d'autres pays méditerranéens leur rappellent à quel
point l'Islam a marqué de son empreinte le Moyen-Age et la Méditerranée,
et moi-même, alors que je participais à un groupe de réflexion sur
"l'Islam et la modernité" (Berlin), j'ai perçu l'intérêt que pouvaient
avoir les différences d'approche entre chercheurs français et allemands
sur le plan des objectifs scientifiques, des expériences et des
mentalités. Cela ne signifie pas que nous devions approuver tous
les aspects de l'attitude de la France à l'égard de l'Islam ou des
sociétés musulmanes(3); c'est justement la coexistence de ces différences
au sein de l'Europe qui pourrait contribuer à corriger certaines
positions eurocentriques. Simplement, il ne faudrait plus que cela
devienne un motif de division entre Européens. Je pense aux tentatives
venant d'universitaires musulmans d'opposer aux Lumières "françaises",
trop attachées à la raison, une Aufklärung "allemande" qu'ils privilégient
pour son attitude critique à l'égard de la raison(4). Face à de
telles tentatives de semer la discorde, il convient de faire preuve
d'un minimum de solidarité européenne dans le domaine intellectuel.
Parallèlement, il est plus que jamais nécessaire de réinterpréter
les Lumières, et cette mission doit de toute évidence s'imposer
comme un projet franco-allemand. Il faudra faire d'importants efforts
pour rendre à nouveau les Lumières attrayantes et leur redonner
leur vocation universelle à l'époque de la mondialisation où l'Europe
a très largement perdu son influence sur les grandes civilisations.
Dans leur ensemble, les Lumières européennes ont été rationalistes
et excessivement eurocentriques ; elles ont négligé la politique
sociale, sont restées insensibles aux tensions entre volonté de
liberté et aspiration à l'égalité et ont été, pour l'essentiel,
déterminées par des intérêts masculins - aspects que nous a révélés
la Dialectique de la raison(5). Il faudrait que les intellectuels
français et allemands mettent leur travail en commun pour déterminer
s'il est encore possible de donner à la philosophie des Lumières
un accent plus modeste, plus féminin, plus attentif à la conscience
sociale et pour savoir si l'on peut maintenir leur réceptivité à
l'égard d'autres cultures. Dans ce contexte, il ne s'agit ni de
s'adapter à tout prix à ces cultures par un relativisme inconsidéré
ni de leur imposer la domination d'un universalisme agressif.
L'expression "politique sociale" nous amène directement à la situation
actuelle et dépasse le cadre de la coopération au sein de l'Europe.
Dans le monde entier, le plus grand défi intellectuel et social
consiste, de nos jours, à repolitiser de toute urgence l'économie,
c'est-à-dire à essayer de contrôler par la voie démocratique le
marché mondial et les flux financiers internationaux. C'est également
dans cette mission que se profilent, à mon sens, de grandes chances
pour la coopération franco-allemande. Un tel programme risque cependant
d'entraîner une politisation excessive liée à la situation actuelle
et pourrait alors prendre une tournure anti-américaine prononcée.
Ce danger est d'autant plus présent que l'on tient à se démarquer
nettement à la fois de "Chicago", donc d'un néolibéralisme irresponsable,
et de "Washington", c'est-à-dire d'une idéologie qui aspire à un
monopole mondial.
De nos jours, il ne faudrait pas que, précisément dans le cadre
de la coopération franco-allemande, la tentative de repolitisation
de l'économie soit réactionnaire, comme elle l'a été dans les années
vingt et trente. A cette époque, où l'anti-américanisme ne rassemblait
pas seulement la droite en Allemagne comme en France, on pensait
connaître dans nos deux pays la nationalité de l'homo oeconomicus,
objet de toutes les haines: il était Yankee(6). En d'autres termes:
la référence pour un tel projet franco-allemand doit être 1989 et
non 1968. Aussi faudrait-il se garder -et François Furet a souligné
ce danger- d'affirmer à nouveau qu'on ne peut concilier capitalisme
et démocratie.
La question qui se pose de manière pressante est celle d'un capitalisme
qui serait à la hauteur de sa responsabilité sociale. C'est là tout
l'enjeu de l'économie sociale de marché. A ce titre, la confrontation
entre les expériences allemandes d'après-guerre liées au "capitalisme
rhénan" et la mobilisation plus grande des intellectuels français
sur des questions de politique sociale pourrait donner lieu à un
débat fécond. Il est très important, à cet égard, de prendre conscience
qu'en règle générale les appels moralisateurs nourris de rancune
ne sauraient suffire à inciter le monde économique à assumer une
plus grande responsabilité en matière de politique sociale. On constate
à l'heure actuelle qu'il est beaucoup plus prometteur de plaider
pour une politique sociale rentable. Il faudrait que l'Europe continue
dans cette voie qui démontre qu'à l'époque de la mondialisation,
l'Etat-Providence n'est pas un handicap pour la compétitivité économique
mais représente au contraire un avantage à long terme(7). L'Etat-Providence
développé est, à l'échelle de l'économie nationale, la condition
pour participer avec succès au marché mondial.
Pour terminer, j'en arrive à un plaidoyer en faveur de la constitution
de communautés qui permettraient aux cultures de mettre en commun
leurs expériences. J'insiste une nouvelle fois sur ce point, car
j'estime que cette idée maîtresse est juste et importante. Nous
vivons à une époque où se posent de grandes questions qui n'ont
pas encore trouvé de réponses. Les problèmes ne concernent pas seulement
la mise en pratique des connaissances mais plutôt la prise de conscience
de ce qui est à connaître. L'activité professionnelle traditionnelle
va-t-elle disparaître du monde du travail? Que faudra-t-il savoir
à l'avenir? Quelle sera notre répartition du temps, s'il s'avère
qu'en plus du temps de travail et du temps libre il devra y avoir
un "temps social", où chacun s'occupera de la communauté? Qu'est-ce
qui permettra, à l'avenir, de maintenir la cohésion de nos sociétés?
La crise de la modernité s'exprime à travers ces questions, qui
concernent tout particulièrement les Européens, parce qu'elles s'attaquent
à des évidences culturelles dont les racines se trouvent dans le
vieux continent.
Au sein de la société mondiale, tout va dépendre de la constitution,
entre les cultures, de ces communautés qui permettraient d'accroître
le potentiel d'innovation commun. L'expérience de l'après-guerre
a appris notamment aux Allemands le rôle décisif joué par une telle
communauté entre les Etats-Unis et l'Europe ou encore, au sein de
l'Europe, entre l'Allemagne et la France. A l'inverse, nous n'avons
pas su saisir les occasions qui se sont présentées à nous après
1989, parce que l'Ouest -le cas de l'Allemagne en est un exemple,
et non des moindres- s'est érigé en donneur de leçons. Il aurait
fallu accepter d'apprendre à s'adapter aux côtés des pays de l'Est
pour affronter les défis historiques qui se présentent dans les
domaines de l'économie et de la politique. Les sociétés industrielles
occidentales qui se sont trop longtemps complues dans le rôle du
donneur de leçons doivent redevenir des cultures disposées à apprendre.
Si la question décisive est de savoir si de telles communautés peuvent
voir le jour entre les pays occidentaux et les autres pays, la communauté
franco-allemande reste tout à fait primordiale pour l'Europe et
pour le contact de cette dernière avec le reste du monde.
Renforcer la coopération entre nos cultures de la connaissance respective
est une des tâches essentielles pour l'avenir. De telles communautés
sont toujours plus fécondes quand elles ne cherchent pas à passer
trop vite sur les différences, quand elles mettent, au contraire,
intelligemment à profit les particularités propres à chacune d'entre
elles. Dans ce contexte, la référence à la dimension linguistique
de la culture paraît indispensable. Dans presque toutes les publications
françaises sur la politique culturelle, la priorité est tout à fait
claire, quand il est question de l'avenir: "premier terrain: la
langue."(8)
J'estime que cette priorité est légitime(9). En même temps, je pense
que la langue la plus menacée aujourd'hui est l'anglais -parce que
toute personne dans le monde considère la maîtriser sans se douter
que son baragouin n'a strictement rien à voir avec la langue d'un
Charles Dickens ou d'un Thomas Hardy. Cela fait longtemps que le
combat contre le "broken english" est condamné à l'échec, notamment
en raison de cet aveuglement généralisé. Le temps où Julien Benda,
chantre de la latinité et ennemi de tout nationalisme, pouvait exiger,
comme une évidence, que le français soit la langue de l'Europe unifiée(10)
est définitivement révolu.
Dans une autre publication, j'ai proposé de considérer l'anglais
comme une deuxième langue maternelle(11) - et je voudrais aujourd'hui
ne changer que les termes de ma proposition. A l'époque de l'e-mail
et de l'internet, tout enfant dans le monde aura bientôt une langue
maternelle et apprendra ce que j'appelle un "cyber-jargon": un idiome
que l'on appelle "anglais". Aucune langue maternelle au monde, pas
même le français ou l'allemand, ne peuvent rivaliser avec cet idiome.
Mais les Allemands et les Français devraient s'efforcer de faire
en sorte que leur langue maternelle respective soit la première
langue étrangère dans le plus grand nombre de pays possible, se
livrer, dans ce contexte, une concurrence loyale et se réserver
réciproquement une clause qui favoriserait l'autre langue. Quiconque
est convaincu de la nécessité de maintenir les différences culturelles
doit plaider avec force pour un apprentissage plus soutenu des langues
étrangères, ce qui signifie pour l'Allemagne qu'il faut plaider
avec force pour un apprentissage plus soutenu du français. Cela
n'est pas à mettre sur le compte d'un sentimentalisme culturel mais
de la profonde conviction, qu'à l'époque de la mondialisation, la
coalition des cultures, c'est-à-dire aussi la coalition des différentes
langues, est de la plus haute importance pour répondre aux questions
décisives sur l'avenir. Les Allemands et les Français gâchent également
les occasions de former une grande coalition des langues, lorsqu'ils
appliquent la règle du moindre effort au cours de rencontres bilatérales,
et que, par paresse intellectuelle de part et d'autre, ils s'entretiennent
dans un anglais lamentable.
Au sein de l'Europe en construction, nous nous trouvons aujourd'hui
confrontés à la nécessité de créer un espace de discussion européen,
où l'on pourrait discuter ensemble des problèmes urgents du continent,
par-delà les frontières géographiques et linguistiques. Pour ce
faire, il faut avant tout réduire le pouvoir trop important de l'exécutif
dans l'Union Européenne. Il est urgent de démocratiser les commissions
et les instances européennes, en les soumettant au contrôle du Parlement.
D'autre part, il faut également que les intellectuels s'engagent
davantage sur le terrain politique. A ce titre, les Français peuvent
nous servir d'exemples. En France, les philosophes ont toujours
été en même temps des anthropologues du quotidien qui ne rechignaient
pas à travailler sur le terrain. Pour la plupart des intellectuels
allemands, la politique est restée jusqu'à présent un domaine presque
inexploré; peu disposés à agir, pensifs, ils sont fidèles à une
tradition de pédanterie distante. Nous avons beaucoup de grands
esprits arrogants, voués à l'introspection, mais peu d'intellectuels
engagés.
Paul Valéry a écrit non sans ironie: "J'ai besoin d'un Allemand
qui achèverait mes idées." Il est bon pour nous de méditer la situation
pour nous apercevoir à quel point nous avons besoin de notre voisin
français pour achever l'unification de l'Europe.
Traduction Forum
Notes :
(1) "La difficulté présente vient de ce qu'il n'y a plus, aujourd'hui,
de joker, il n'existe plus au Sud, de réserve...". Dominique Bocquet,
La France et l'Allemagne. Un couple en panne d'idées, Paris (Notes
de la Fondation Saint-Simon), février-mars 1996, p. 15.
(2) Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à
l'époque de Philippe II, Paris (Colin) 1949.
(3) Même en France, les études historiques sur l'Islam sont de plus
en plus cantonnées au domaine philologique et leur portée est par
conséquent limitée: un spécialiste de l'Egypte au Moyen-Age par
exemple doit se contenter de donner des cours de latin au département
d'histoire de son université et doit assurer les cours dans sa propre
matière au département des langues arabes. La chaire d'histoire
de l'Orient musulman est transformée en chaire d'études sur le Moyen-Age
en Occident. Je tire ces exemples d'un rapport élaboré pour l'Union
Européenne par Mohammed Arkoun, chercheur sur l'Islam et ancien
enseignant à la Sorbonne: Contribution de la civilisation islamique
à la culture européenne, Paris 1991. Pour une série d'exemples tout
aussi dramatiques en Angleterre cf. Robert Irwin, "Burying the Past.
The decline of Arab history and the perils of occidentosis", The
Times Literary Supplement du 3 février 1995, p. 9-10. Il s'agit
du compte-rendu de l'ouvrage publié par Nancy Elizabeth Gallagher
Approaches to the History of the Middle East, Reading (Garnet) 1994.
(4)Cf. Friedrich Niewöhner, "Gefährliche Begegnung. Eine tunesische
Debatte über Spinoza et Averoes", Frankfurter Allgemeine Zeitung,
n° 81, 5 avril 1995, N5.
(5)T.W. Adorno/ M. Horkheimer, Dialectique de la raison, Paris,
1974.
(6)Le manifeste français de cet anti-américanisme est le pamphlet
de Robert Aron et de Arnaud Dandieu Le cancer américain, Paris (Editions
Riéder) 1931. Au sujet de cette problématique voir aussi Jean-Louis
Loubet del Bayle, Les non-conformistes des années 30. Une initiative
de renouvellement de la pensée politique française, Paris (Editions
du Seuil) 1969.
(7) Cf. Stephan Leibfried et Elmar Rieger, "Die sozialpolitischen
Grenzen der Globalisierung", Politische Vierteljahresschrift 38/4
(1997), p.771-796.
(8) Dominique Bocquet, La France et l'Allemagne. Un couple en panne
d'idées, op. cit., p.49.
(9) Cf. l'intervention de Harald Weinrich lors du colloque des romanistes
à Iéna: "Von der schönen, fremden Freiheit der Sprachen. Die sachliche
Würde der Langsamkeit - ökonomisch-ökologische Betrachtungen zur
Lage der Romanistik", Süddeutsche Zeitung, n° 228, 4/5 octobre 1997.
(10) Cf. Discours à la nation européenne, Paris 1933.
(11) Wolf Lepenies, "Anmerkungen zur auswärtigen Bildungspolitik",
in: Bildungsforum der Berliner Universitäten, 5 novembre 1997, publié
sous le titre "Staat machen mit auswärtiger Bildungspolitik", in:
Michael Rutz (éd.), Aufbruch in der Bildungspolitik. Roman Herzogs
Rede und 25 Antworten, Munich (Goldmann) 1997, p. 148-155.
Bibliographie
- "Melancholie und Gesellschaft" - Suhrkamp, 1998.
- "Benimm und Erkenntnis. Über die Rückkehr der Werte in den Wissenschaften",
Suhrkamp, Frankfurt a.M., 1997.
- "Sainte-Beuve. Auf dem Weg zur Moderne" - Hanser, C, München 1997.
- "Aufstieg und Fall der Intellektuellen in Europa" - Frankfurt
am Main,1992.
- "Folgen einer unerhörten Begebenheit. Die Deutschen nach der Vereinigung"
- Berlin, 1992.
- "Gefährliche Wahlverwandtschaften. Essays zur Wissenschaftsgeschichte"
- Stuttgart 1988.
- "Die drei Kulturen. Soziologie zwischen Literatur und Wissenschaft"
- Hanser, C, 1985.
- "Geschichte der Soziologie" - Hrsg. v. Lepenies, Wolf - Suhrkamp,
1981.
- "Das Ende der Naturgeschichte. Wandel kultureller Selbstverständlichkeiten
in den Wissenschaften des 18. und 19. Jahrhunderts" - Hanser, C,
1976.
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