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Le renforcement du système de sécurité européen
La capacité de l'OTAN à promouvoir la formation d'un système de sécurité réellement européen est devenue la condition du succès de sa réorganisation. La création d'un pilier européen constitue un objectif commun de l'Alliance depuis le sommet de l'OTAN de 1991. Mais contrairement à ce que certains avaient espéré, l'objectif d'une PESC n'est pas réalisé! Néanmoins, la participation des démocraties d'Europe centrale à l'UEO permettrait de satisfaire leurs besoins en terme de sécurité sans se heurter, comme pour l'OTAN, à la résistance de Moscou. ©1997
Karl KAISER* - Directeur de l'Institut de recherche de la Société allemande pour la politique étrangère


* : Karl Kaiser est également Professeur de Sciences politique à l'Université de Bonn.


Dans les débats sur la création d'un " pilier européen " de l'alliance, trois contre-arguments sont le plus souvent avancés : tout système de sécurité sérieux exigerait en premier lieu, pour faire prendre conscience de la nécessité d'agir, l'implication des Etats-Unis - il rendrait donc tout processus strictement européen imparfait dès le départ ; en second lieu, l'UEO, en tant qu'organisation de sécurité purement européenne, serait incapable de répondre à des éventualités militaires ; troisièmement, tout effort pour créer un pilier européen de défense pourrait rejeter les Etats-Unis hors d'Europe et enterrer une situation qui répond à un consensus en matière de sécurité dominant en Europe centrale et occidentale.

Aucun de ces arguments n'est convaincant. Bien au contraire : la capacité de l'OTAN à promouvoir la formation d'un système de sécurité réellement européen est devenue la mesure du succès de sa réorganisation et la condition de sa survie comme une institution effective et importante. L'affirmation selon laquelle l'UEO n'aurait pas la capacité militaire de traiter les problèmes de sécurité peut aisément se transformer en cercle vicieux : elle n'en a pas la capacité, car beaucoup ne le veulent pas. Dans le passé, les Européens déléguaient à l'OTAN la tâche de les défendre mais cette politique a changé depuis le début des années 1990. La création d'un pilier européen est un objectif commun déclaré de l'alliance depuis le sommeil de l'OTAN de 1991 à Rome. En même temps, le traité de Maastricht encourageait un lien renforcé entre l'UEO et l'UE. Ce traité déléguait des fonctions de plus en plus importantes à l'UEO, devenue l'instrument de l'UE pour la réalisation d'une politique extérieure et de sécurité commune. Ce pas devrait conduire à une politique de défense commune voire finalement à une défense commune. C'est avec une série de pas que l'on construit une capacité militaire de l'UEO. Ceux-ci vont des rencontres régulières des chefs d'Etat-major européens, de la création d'une cellule de planification à la mise en place de l'Eurocorps et des commandements des forces armées, qui tous servent des objectifs européens.

Mais bien plus importantes encore sont les conséquences des changements dans la sécurité autour de l'Europe. Comme la menace d'une grande invasion par l'Union soviétique n'existe plus, les crises qui exigent des mesures militaires sont telles que dans la plupart des cas (mais pas dans tous), l'Europe est à même d'assurer une réponse autonome. Les Etats membres de l'UEO disposent en fin de compte d'un potentiel militaire considérable, avec même deux puissances nucléaires. L'affirmation selon laquelle l'UEO est incapable d'agir omet également le fait que l'UEO est tout à fait en mesure d'agir dans les nouveaux domaines de la politique de sécurité tels que la résorption des crises, l'introduction d'embargos, l'ingérence humanitaire ou le maintien de la paix. Cela vaut encore plus maintenant, après le changement de la politique française à l'égard de l'OTAN, ainsi que par l'acceptation croissante que des potentiels précis qui appartiennent à l'OTAN ou aux Etats-Unis, tels que des moyens d'informations, des structures de commandement et des capacités de transports, soient mis à la disposition de l'UEO pour son action propre.

Certes, l'objectif d'une politique extérieure et de sécurité commune, tel qu'il a été formulé dans le traité de Maastricht, n'est pas si facile à concrétiser, comme beaucoup l'espéraient lors de sa ratification. Cependant, les membres de l'UE continueront à aller dans ce sens. Malgré des conceptions différentes, trop de problèmes auxquels beaucoup de membres de l'UE ont à faire face dans le domaine de la sécurité, ne peuvent plus être surmontés par une voie nationale. En outre, il y existe des liens inhérents entre les domaines de l'économie, dans lequel l'UE a eu du succès, et de la sécurité où l'" agenda " international maintient la pression dans le sens d'une plus grande intégration.

Dans quelques-uns des nouveaux domaines de mission de l'OTAN les intérêts des membres de l'UE sont souvent si entremêlés qu'ils sont à même de progresser ensemble, par exemple pour la non-prolifération et le processus de paix au Proche-Orient.

Une structure de sécurité européenne forte, centrée autour de l'UEO, est désormais une condition préalable sine qua non pour la résolution du dilemme de sécurité des démocraties centre-européennes, qui n'ont pas accès à une participation à l'OTAN dans le premier cercle d'ouverture et dont la situation en matière de sécurité menace d'être réduite de ce fait. Depuis assez longtemps on avait établi sous la pression américaine qu'une participation à l'UEO n'était pas possible sans une pleine participation à l'OTAN. Lorsqu'il fut décrété ensuite que seuls les membres de l'UE pouvaient pleinement être membres de l'UEO, Washington eut pratiquement un droit de veto sur le fait de décider qui pouvait devenir membre de l'UE. Cette position trouve son fondement dans l'analyse par la menace, aujourd'hui dépassée. On ne pouvait contrer le danger d'une agression soviétique que par un engagement de l'OTAN, sous-tendu par le potentiel nucléaire américain. Pourtant dans les circonstances actuelles d'une réduction drastique des menaces et de l'augmentation du potentiel militaire de l'UEO (soutenu par l'OTAN), l'UEO pourrait résoudre seule beaucoup d'éventualités. Ceci se justifiera d'autant plus si la construction (prévue dans le traité de Maastricht) d'une politique de défense et d'une défense commune se réalise.

Une pleine participation à l'UEO pour les démocraties centre-européennes ne servirait pas seulement à satisfaire leurs besoins de sécurité, en outre, elle ne se heurterait pas à la même résistance de Moscou que celle que suscite leur possible participation à l'OTAN. Et même sans une pleine participation, l'UEO et l'UE peuvent aider à inclure ces Etats dans une zone de sécurité européenne plus étroitement intégrée qui accroîtrait considérablement leur sécurité, jusqu'à ce que ces Etats soient finalement couverts par les engagements conformément à l'article V. La proposition du chancelier allemand, Helmut Kohl, d'ajouter au traité UE une clause de solidarité va dans le même sens. Finalement reste la question clé de savoir comment une structure de sécurité européenne agira sur l'engagement américain en Europe. Les Européens en souhaitent la poursuite. La mesure de cet engagement est naturellement décidée par l'évolution politique américaine ; mais l'attitude de l'Europe peut influencer ses décisions, marginalement. Le retour de la France dans l'OTAN a fortement affaibli, sinon supprimé la tonalité anti-américaine des propositions françaises pour une identité européenne de sécurité, impliquant implicitement une totale autonomie de l'Europe. La création d'un plier européen avec une responsabilité accrue de l'Europe est devenu le but avoué de la diplomatie américaine et l'élément principal de la déclaration commune de l'OTAN. Une évolution de cet objectif pourrait renforcer le lien de l'Amérique à une OTAN réformée de cette façon.

Qu'arriverait-il si les Américains décidaient, pour des motifs personnels, et malgré la résistance de l'Europe, de réduire leur engagement dans l'OTAN ? Le poids croissant des problèmes politiques internes et l'augmentation des difficultés de la classe politique a mobiliser un soutien pour un engagement international de l'Amérique, pourrait tout à fait provoquer une telle évolution, aussi nuisible soit-elle à terme pour les intérêts américains. L'Europe doit être préparée à une telle éventualité. C'est pourquoi elle doit développer son propre potentiel pour venir à bout des crises qui touchent aux intérêts européens. S'il apparaît une plus grande menace, les Européens ne peuvent qu'espérer que les Américains seront cependant à leurs côtés./ Aucun être responsable en Europe ne souhaite une diminution de l'engagement américain dans l'OTAN. Cependant, la création d'une structure de sécurité européenne ne créerait pas seulement une position de repli, elle améliorerait la capacité d'action de l'OTAN, de préférence en harmonie avec les Etats-Unis qui restent engagés dans une OTAN réformée.


Bibliographie

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