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Etre vigilant en ce qui concerne la liberté de la presse
Dans les "vieilles démocraties", quel rôle joue la liberté de parole et la liberté de la critique, c'est-à-dire le journalisme et son éthique face à l'industrialisation des médias ? Au sein des grands consortiums médiatiques, la place du journaliste devient relativement restreinte. En ce qui concerne les pays ex-communistes, ils n'ont eu qu'une histoire démocratique relativement courte avant la dictature. Une culture démocratique constitue une nécessité quotidienne pour la politique locale.©1998
Freimut DUVE - MdB (SPD)- chargé des relations avec les médias de l'OSCE


Forum : Monsieur Duve, vous avez vous-même reconnu que votre poste n'a aucun pouvoir. Pourquoi alors l'OSCE a-t-elle besoin d'un chargé de relation avec les médias ?


Freimut Duve : Contrairement à l'ONU où certains Etats membres sont des dictatures, l'OSCE veux être une famille rassemblant des Démocraties. L'ensemble des cinquante quatre pays se doit de jouer cartes sur table. Mon devoir est de préserver la liberté de la presse. Un manque formel de pouvoir ne signifie pas forcément un manque d'influence.

Forum : Pourtant, la liberté de la presse et de l'information constituait l'une des conditions pour être partenaire de l'OSCE.

F. D. : Cette liberté ne doit pas seulement exister au cœur des Etats-membres, mais sert également de base à toutes conventions. Lorsqu'on lit l'acte de Budapest, le traité de Copenhague ou la charte d'Helsinki de 1975, c'est toujours clair : les pays signataires sont devenus membres aussi parce qu'ils représentent des démocraties ou cherchent au moins à le devenir. En revanche, au Conseil de Sécurité de l'ONU, une dictature puissante, la Chine, siège encore. Une telle situation ne serait pas possible au sein de l'OSCE.

Forum : L'effondrement du communisme n'a pas systématiquement conduit à la liberté d'opinion ou à la liberté de la presse. Pouvez-vous aider à ce processus ?

F. D. : Je l'espère. Dans les jeunes démocraties, les hommes politiques tentent de se présenter comme les seuls garants de la stabilité et du progrès. La manière dont on traite les journalistes engagés dans certains pays est inacceptable pour moi.

Forum : Le principal danger ne provient-il pas de la puissance financière des consortiums qui achètent les médias les plus importants ?

F. D. : En effet, cela constitue l'une de mes grandes préoccupations. Non seulement les décisions politiques mais également certaines décisions économiques doivent être confrontées à l'opinion public. Il n'y aurait jamais eu la catastrophe de Tchernobyl si une véritable critique de l'énergie atomique avait été possible en U.R.S.S.. A la place, on avait décrété officiellement que l'énergie nucléaire était une énergie favorable et fiable. Cet état d'esprit existe également en Europe occidentale.

Forum : Votre mandat n'est pas seulement valable dans les pays où la presse libre est en train de se développer, mais également dans "les vieilles démocraties". Où peut-il y avoir des problèmes ?

F. D. : Dans ce domaine, il s'agit d'une autre partie de mes attributions : quel rôle jouent la liberté de parole et la liberté de la critique, c'est-à-dire le journalisme et son éthique face à l'industrialisation des médias? Au sein des grands consortiums médiatiques, la place du journaliste devient relativement restreinte. Si à l'avenir les médias prennent la place de l'industrie de l'acier ou de la construction des machines-outils au centre de l'économie, ceux-ci auront la responsabilité de préserver le rôle du journalisme; a l'instar de l'Etat, elles auront l'obligation de lui garantir un espace protégé.

Forum : Le rôle du journalisme a connu, en particulier dans divers pays d'Europe, des histoires différentes. La liberté de la presse tient-elle des positions distinctes dans chaque pays de l'OSCE ?

F. D. : Il y a en effet des différences dramatiques. Les pays ex-communistes n'ont eu qu'une histoire démocratique relativement courte avant la dictature. Que le pays ait subi soixante dix ou seulement douze années de pouvoir totalitaire constitue également une importante différence en ce qui concerne l'expérience démocratique. Une culture démocratique constitue une nécessité quotidienne pour la politique locale où il peut être nécessaire de critiquer la gestion d'une mairie ou le développement d'une mafia qui émerge rapidement là où il n'y a pas de liberté de la presse. Tout gouvernement estimant devoir réduire la critique pour laisser des structures encore fragiles se développer tranquillement, finit inévitablement dans une impasse. La métamorphose d'un esprit novateur en un despote est parfois rapide.

Forum : Pensez-vous que l'adhésion des Etats-candidats d'Europe de l'Est pose des problèmes à la liberté de la presse dans l'Europe entière ?

F. D. : Dans le cadre de l'UE, les campagnes nationalistes ne sont pas acceptables. il s'agit là d'une exigence primordiale à l'égard des médias des futurs Etats-membres.

Forum : Pouvez-vous vous imaginer que le niveau de liberté de la presse et de l'information de la Turquie permettra à ce pays d'intégrer l'OSCE ou l'UE?

F. D. : En tout cas, on est obligé d'établir un dialogue plus proche et plus ouvert avec les publicistes et les intellectuels turques, pour créer un climat plus propice.

Traduction Forum


Bibliographie

- Bibliographie - "Vom Krieg in der Seele" - 1994 " Aufbrüche
- Die Chronik der Republik 1961-1986 - 1986.


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