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SYNTHESES FRANCO-ALLEMANDES
Dossier : le tandem franco-allemand et- la crise en Irak/1_1
Par
Jul 30, 2004, 03:32










S Y N T H E S E

LE TANDEM FRANCO-ALLEMAND FACE AU CONFLIT EN IRAK


- Fondement de la position franco-allemandesur l'Irak
- Evolution du face à face France-Allemagne /Etats-Unis
- Le développement du conflit au mois d'avril 2003
- Carte de l'Irak




Fondement de la position franco-allemande sur le désarmement de l'Irak


Une nouvelle résolution serait nécessaire…

Le 14 janvier 2002, lors d'une conférence de presse, le chancelier allemand, G. Schröder déclarait qu'une éventuelle intervention militaire en Irak requérait l'adoption préalable d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU : "Il est plutôt vraisemblable que les partenaires européens vont œuvrer en faveur d'une deuxième (résolution)... (...) je trouve cela également raisonnable. (...) L'Allemagne veut que la résolution 1441 soit entièrement appliquée", mais l'Allemagne cherche à "obtenir son application sans guerre". Le chancelier allemand réagissait alors à un article publié dans le New York Times par l'ambassadeur d'Allemagne auprès des Nations unies, Guenter Pleuger, dans lequel ce dernier avait déclaré q'une telle résolution était "souhaitable, mais pas nécessaire" si l'Irak viole les obligations auxquelles elle doit se soumettre.

Sur la coopération franco-allemande à propos de la question irakienne, G. Schröder avait également déclaré : "Paris et Berlin vont coopérer très étroitement ensemble, au niveau bilatéral et européen de toutes façons, mais aussi en ce qui concerne notre action au sein du Conseil de sécurité"; en effet, l'Allemagne siégeait déjà depuis le début du mois de janvier au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent et en assume depuis le mois de février la présidence. La France conditionnait également tout recours à la force contre l'Irak à une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.

Cette position reprenait les critiques que G. Schröder avait déjà formulées à l'égard d'un éventuel recours à la force en Irak et contre la position des Etats-Unis, lors de la campagne électorale qui précéda sa réélection le 22 septembre 2002.

Nous verrons par la suite que l'exigence d'une résolution du Conseil de sécurité s'est par la suite renversée: lorsque les américains et les anglais accepterèrent l'idée qu'un recours à la force contre l'Irak se base sur une nouvelle résolution des Nations unies, le couple franco-allemand estima alors qu'elle n'était plus nécessaire.


La position commune du couple franco-allemand exprimée lors du 40ème anniversaire du Traité de l'Elysée (22-23 janvier 2003).

C'est lors du 40ème anniversaire du Traité de l'Elysée - Véritable acte fondateur après-guerre de l'amitié franco-allemande -que le tandem franco-allemand a exprimé une véritable position commune sur la crise irakienne ;
G. Schröder et J. Chirac lors du 40e anniversaire du Traité de l'Elysée - © Ministère des Affaires Etrangères / F. de la Mure
en effet, le Chancelier G. Schröder et le Président J. Chirac ont profité de l'occasion symbolique pour déclarer que la guerre n'était pas inévitable en Irak.

A l'issue d'un conseil des ministres franco-allemand qui s'est tenu dans la matinée du 22 janvier 2003, le Président français et le Chancelier allemand avaient insisté sur leur communauté de vues à propos du dossier irakien. Lors de la réunion à Versailles dans l'après-midi, des députés français et allemands, J. Chirac déclarait à propos du désarmement de l'Irak : "Le seul cadre d'une solution légitime est celui des Nations unies. La France et l'Allemagne, en présidence successive du Conseil de sécurité de l'Onu, mènent une concertation étroite et exemplaire pour donner toutes ses chances à la paix (...) La guerre n'est pas inévitable. (...) Il est urgent que l'Europe s'impose comme un acteur international. Elle est aujourd'hui un exemple pour tous ceux qui refusent la fatalité de la guerre".

De son côté, G. Schröder avait insisté sur le fait que les Etats membres du Conseil de sécurité devaient assumer "leurs responsabilités vis-à-vis de la paix et de la sécurité internationale" (l'Allemagne est membre non-permanent du CS pour deux ans depuis le 1er janvier 2003 et en a pris la présidence au début du mois de février).


Vive réaction américaine : la France et l'Allemagne incarnent la "vieille Europe"…

En réaction à la prise de position franco-allemande sur l'Irak, le Secrétaire d'Etat à la défense américain, Donal Rumsfeld, avait alors déclaré que l'Allemagne et la France représentait "la vieille Europe": "Maintenant, vous vous imaginez que l'Europe, c'est la France et l'Allemagne. Pas moi. Je pense que ça, c'est la vieille Europe", avait-il déclaré à Washington.

"Si l'on considère l'ensemble des pays européens qui sont membres de l'OTAN, le centre de gravité s'est déplacé à l'est. (…) Vous avez raison, l'Allemagne a représenté un problème et la France a représenté un problème, mais (...) si vous regardez bien, très nombreux sont les pays européens qui ne sont pas d'accord avec la France et l'Allemagne sur ce sujet (l'Irak), ils sont avec les Etats-Unis".

Le 8 février 2003, lors d'une conférence sur la sécurité qui se tient chaque année à Munich, Joschka Fischer avait répondu directement répondu à Donald Rumsfeld qui y prenait part en déclarant à son attention (en anglais) :
Le Secrétaire d'Etat américain à la défense, Donald Rumsfeld - © Department of Defense
"Je ne suis pas convaincu. C'est mon problème. Je ne peux pas dire publiquement 'voici les raisons' parce que je n'y crois pas".

Donald Rumsfeld avait préalablement déclaré que les pays européens qui refusaient ouvertement de soutenir la position des Etats-Unis sur l'Irak, mettaient à mal les relations transatlantiques; il avait qualifié qualifié d'"inexcusable" le refus des français, des allemands et des belges d'octroyer une aide militaire de l'OTAN à la Turquie en prévision d'une éventuelle intervention militaire en Irak: "Cela dépasse mon entendement. (...) La Turquie est un allié, le Traité de l'Atlantique Nord prévoit cela. La Turquie est membre de notre alliance. Je pense qu'il est inexcusable de l'empêcher de renforcer ses capacités défensives"; il avait également tenu à rappeler que pour les Etats-Unis, la guerre "n'a jamais été un choix facile".

La France, qui était également représentée lors de cette conférence par son Ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, avait alors tenu à préciser que la France n'avait jamais exclu l'option militaire, mais que celle-ci ne doit intervenir en dernier ressort.












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